Pourquoi des agriculteurs de l'Allier participent à l'action "Plantons des haies bourbonnaises" avec l'association Symbiose Allier ?
Alors que les soixante chèvres et les trois vaches d’Antoine Lesay, éleveur et transformateur à la ferme le Ch’ti cabri à Louroux-de-Beaune (Allier), sont à l’étable pour mettre bas au calme, on s’agite en bordure de l’un de ses champs, jeudi 3 février.
Douze élèves de 3e prépa métier du lycée agricole de Montluçon-Larequille s’attellent à planter des haies, sous le regard attentif de trois professeurs et de Julien Forestier, chargé de missions de l’association Symbiose Allier.
Aider naturellement les prairies et les animauxExploitant agricole bio depuis qu’il s’est installé en novembre 2018, Antoine Lesay a été séduit quand Julien Forestier lui a parlé de l’action Plantons des haies bourbonnaises. Ce projet correspond en effet à sa vision de l’agriculture afin d’améliorer la vie de sa ferme par des moyens naturels préservant l’environnement.
« Quand je me suis installé tout avait été arraché par mon prédécesseur. Je veux replanter des haies pour le bien-être animal. J’ai choisi des haies qui monteront à six ou sept mètres de haut. L’exploitation est sur une butte. Les chèvres n’aiment pas quand il y a du vent qui amène le froid. Elles seront naturellement protégées. Les haies protégeront aussi la prairie des vents dominants ce qui permettra à l’herbe de bien pousser. Un autre intérêt pour moi qui suis installé en bio est que, quand les fermes autour de chez moi, qui sont en conventionnel, utiliseront des pesticides, ces derniers seront arrêtés par les haies »
Antoine Lesay est éleveur de chèvres bio à Louroux-de-Beaune depuis fin 2018.Une opération qui plaît aux agriculteursAntoine Lesay s’est engagé pour trois ans dans l’opération Plantons des haies bourbonnaises, mais il est loin d’être seul. Dans l’Allier, l’action bénéficie d’un investissement de 268.000 euros issus du Plan de relance. Trente kilomètres de haies vont être plantés dans quarante-sept exploitations durant cette période de trois ans. Sur le plan national, l’opération de la plantation des haies représente cinquante millions d’euros pour 7.000 kilomètres de haies.
« Ce plan de relance a été bien accueilli par le monde agricole. Nous avons signé des conventions avec des éleveurs comme des céréaliers, des gens en bio comme en conventionnel. Cela prouve que les mentalités changent sinon les agriculteurs ne se seraient pas emparés de cette action. On a d’ailleurs encore des agriculteurs qui nous appellent pour savoir s’ils peuvent rentrer dans l’opération mais malheureusement nous avions une enveloppe fixe. »
Un suivi avec les trois structures associéesTout au long des trois années, un suivi sera effectué par le consortium qui porte l’action dans le département, c’est-à-dire Symbiose Allier, la Mission haies Auvergne et la Fédération des chasseurs de l’Allier.
Ils vérifieront si les haies poussent correctement, si elles sont bien entretenues par leur propriétaire. En cas de problème, ils chercheront des solutions.
Des essences adaptées à l'environnement local et aux changements climatiquesSur son exploitation de 13 hectares, Antoine Lesay a choisi des haies à strates composées d’arbustes champêtres, de houx, de charme, de tilleul, de saule, de noisetier…
« On a choisi des essences locales adaptées au sol, résistantes aux maladies et au réchauffement climatique. On se rend compte qu’avec la hausse des températures, des insectes et des maladies remontent du sud et se propagent à présent chez nous »
« Il y a bien sûr un contrôle. Je vais installer une clôture pour protéger les haies des chèvres. La Mission haies va venir en juin. Elle regardera ce qui a pris, ce qui n’a pas pris et pourquoi. Ils vérifieront également l’entretien des haies. C’est important car il ne faut pas que les haies envahissent les champs mais il ne faut pas non plus les tailler n’importe comment pour ne pas les blesser et que les maladies puissent s’y introduire », renchérit-il.
La plantation de haies n’a pas que des vertus pour l’environnement et les fermes. Elle a aussi un intérêt pédagogique. C’est pour cela que douze élèves de 3e prépa métier du lycée agricole Christophe-Thivrier à Durdat-Larequille ont participé à l’action Plantons des haies bourbonnaises chez Antoine Lesay.« Les élèves ont dans leur cursus sept heures d’enseignement de pratiques interdisciplinaires sur les thèmes de l’animal, du végétal et de l’aménagement paysager. Nous sommes toujours à la recherche de partenariat pour faire ces EPI. L’intérêt de cette action de plantation de haies est qu’elle fédère les trois thématiques », souligne Thierry Chagnon, professeur en agroéquipement.Autre bon point pour les enseignants, les élèves sont dans un contexte d’apprentissage concret. « Ils apprennent à maîtriser le geste professionnel. Ils découvrent les métiers. Nous avons un réel besoin de travailler avec les structures professionnelles pour aider les élèves dans leur orientation. »
Florence Farina