Les sapeurs-pompiers du Puy-de-Dôme bâtissent leur avenir

Sdacr : derrière cet acronyme à la prononciation un peu rugueuse – signifiant "schéma départemental d’analyse et de couverture des risques"– se cache un texte qui validera, d’ici quelques mois, ce que sera le service départemental d’incendie et de secours du Puy-de-Dôme (Sdis 63) pour les cinq prochaines années.

Le président du conseil d’administration du Sdis 63, Jean-Paul Cuzin, et son directeur départemental, le contrôleur général Christophe Glasian (*), décryptent les enjeux de ce schéma initié en 2011 et actuellement en pleine phase de révision.

Qu’est-ce qu’un Sdacr et à quoi sert-il concrètement ? Ce schéma, obligatoire dans tout service d’incendie et de secours, dresse l’inventaire des risques de toute nature sur un territoire. Son objectif est de garantir une réponse opérationnelle optimisée sur le territoire puydômois.

Quels sont ses enjeux ? Globalement, il vise à tenir les mêmes délais d’intervention, à poursuivre le travail sur le maillage territorial, à développer les synergies de fonctionnement entre casernes, à optimiser l’armement des centres d’incendie et de secours (CIS), à développer les compétences des pompiers et à renforcer la polyvalence des engins.

Cela signifie-t-il que des regroupements de CIS sont envisagés ? Mais c’est déjà le cas ! Des regroupements et des mutualisations fonctionnent déjà dans notre département, avec des bassins de couverture à vocation strictement opérationnelle, réunissant plusieurs CIS sur le territoire d’une compagnie. On le sait depuis longtemps : l’avenir passe par là. À terme, on ne parlera plus de centres de secours principaux, de centres de secours, voire de centres de première intervention, mais de « centres pivots » et de « centres satellites ». Nous sommes parfaitement conscients que, localement, les communes, les élus, les habitants tiennent à leurs casernes et l’objectif n’a jamais été de passer en force.

En parallèle, vous travaillez aussi à développer les compétences des pompiers, notamment des volontaires, et à améliorer les dotations en matériels, équipements et véhicules. Concernant les volontaires, qui sont un maillon essentiel dans l’organisation des secours, le Sdis travaille à améliorer constamment leur formation et leur efficacité. Pour ce qui est du matériel roulant (le Sdis 63 dispose au total d’un parc de 886 véhicules), nous travaillons de plus en plus à doter les CIS en matériels toujours plus polyvalents, où plusieurs véhicules sont désormais regroupés en un seul, à l’image du camion-citerne rural moyen-secours routier, le CCRM-SR, apte, comme son nom l’indique, à effectuer plusieurs types de missions.

Il est aussi question de mutualiser les moyens du Département et du Sdis dans certains domaines. Ce sera effectivement le cas avec le service d’entretien des véhicules du Sdis, actuellement effectué à Turgot. Il va rejoindre, au Brézet, celui du Département, afin de mutualiser les moyens des deux entités, mais chacun gardera son statut actuel.

Y a-t-il des sujets d’inquiétude ? On pourrait en effet évoquer les interrogations sur la participation de l’État dans le financement des Sdis, le statut du volontariat ou encore l’explosion des missions sanitaires dévolues aux pompiers, due à l’essoufflement du système de santé et d’accès aux soins.

Christian Lefèvre

(*) Le Sdis est placé sous la double autorité du préfet, pour la direction de l’activité opérationnelle, et du président du conseil d’administration, pour l’administration et le financement.

En chiffres

82,4. En millions d’euros, le budget primitif 2024 du Sdis (dont 62 millions en fonctionnement et 19,4 en investissement). Le Département y participe à hauteur de 44,7 millions et les communes et établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), à hauteur de 21,1 millions. Le budget réalisé en 2023 s’établissait à 72,2 millions d’euros.3.933. Le nombre de pompiers dans le Puy-de-Dôme : 3.445 volontaires (27,8 % de femmes) et 488 professionnels (6 % de femmes). Auxquels s’ajoutent 249 jeunes sapeurs-pompiers.136. Le nombre de centres d’incendie et de secours, chapeautés par neuf compagnies : Clermont-Ferrand, Cournon, Aubière, Issoire, Riom, Thiers, Ambert, La Bourboule et Saint-Eloy-les-Mines.47.763. Les interventions en 2023 (une toutes les onze minutes, 131 par jour en moyenne). 79 % concernent du secours d’urgence à personne, 9 % des interventions diverses, 6 % des incendies, 5 % des accidents de la circulation et 1 % des accidents technologiques.Du côté des unités spécialisées, les interventions se sont décomposées ainsi en 2023 : 339 pour le secours en milieux périlleux et montagne, 71 pour les équipes cynotechniques, 128 pour l’unité mobile d’intervention chimique, 103 pour l’unité de sauvetage, d’appui et de recherche, 24 pour le secours nautique, sept pour l’unité mobile d’intervention radiologique et 85 pour l’unité drone.178.663. Les appels reçus en 2023 au CTA-Codis (18/112), soit un appel toutes les 2’ 57”.354. Le nombre d’employeurs ayant contracté une convention de disponibilité des pompiers volontaires (1.099 d’entre eux sont concernés). À noter que la durée moyenne d’engagement des pompiers volontaires dans le Puy-de-Dôme est de douze ans.