Dépenses de santé : des experts s'inquiètent d'un "risque sérieux" de dérapage
1,3 milliard d’euros. C’est le montant que pourrait atteindre le dépassement des dépenses de santé en 2025, en l’absence d’économies, selon un comité d’experts chargé d’alerter sur ces dépenses. "Il existe un risque sérieux que les dépenses d’assurance maladie dépassent l’objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam)", met en garde ce comité.
La vigie de la santé appelle donc l’exécutif à identifier autour de 1 milliard d’économies d’ici la fin de l’année, afin de rester dans les clous du budget de la sécurité sociale pour 2025 - lequel prévoit une hausse de 3,4 % des dépenses d’assurance maladie, à 265,9 milliards d’euros.
Une telle requête est assez inhabituelle de la part de ce comité, qui ne tire la sonnette d’alarme que si la trajectoire va vers un dépassement de plus de 0,5 % de l’Ondam.
Les soins de ville en première ligne
Un dérapage causé notamment par des recettes plus faibles et des charges plus élevées que prévu, en particulier dans le domaine des soins de ville. A commencer par une hausse des indemnités journalières versées en cas d’arrêt de travail (avec davantage d’arrêts maladie de longue durée enregistrés au premier trimestre 2025), ainsi que des économies non réalisées sur le remboursement des médicaments.
Selon le comité d’alerte, ces indemnités journalières ont augmenté de 6,7 % entre janvier et avril 2025, alors que l’Ondam tablait sur une hausse de seulement 4 %. Concernant le remboursement des médicaments, le gouvernement avait prévu de réaliser 700 millions d’euros d’économies grâce à un accord avec l’industrie pharmaceutique, qui n’a à ce jour pas encore été signé.
Autre poste de dépenses plus important que prévu : l’activité constatée à l’hôpital au premier trimestre 2025 a été plus élevée que ce qui était anticipé, notamment en médecine chirurgie et obstétrique.
Mesures de correction à venir
En avril, les experts avaient déjà mis en garde contre un "déficit croissant" des hôpitaux publics, qui ne cesse de se creuser, et contre des "aléas de nature à entraîner un dépassement" du budget prévu. "Une partie de ces aléas sont en train de se concrétiser, avec des effets très significatifs sur le montant des dépenses", écrivent-ils dans ce nouvel avis.
Les ministères de la Santé et de l’Economie ont dit avoir pris note de la situation dans la soirée de mercredi. Ils indiquent qu’ils proposeront "rapidement des mesures de correction" après examen des "propositions faites par les caisses nationales d’Assurance maladie". La dernière fois que le comité d’alerte avait tiré la sonnette d’alarme remonte à 2007. Des mesures impopulaires avaient ensuite été prises pour pallier au dérapage, avec notamment un abaissement des niveaux de remboursement par l’assurance-maladie.