Sébastien Lecornu est-il libéral ?
A chaque fois qu’un Premier ministre est nommé, et Dieu sait si cela est fréquent depuis quelques temps, les médias et les hommes politiques de gauche s’empressent de le présenter comme plus ou moins libéral afin de le déconsidérer. Sébastien Lecornu semble échapper à cette fatalité. Si vous tapez sur votre moteur de recherche le nom du nouveau Premier ministre et que vous l’associez à « libéral », « libéralisme », voire « ultralibéral », vous ne trouverez à peu près rien. Comment l’expliquer ?
On peut y voir tout d’abord un trait de caractère du locataire de Matignon. Comme le rappelle L’Opinion (11 septembre 2025), Sébastien Lecornu a refusé de commenter la vie politique lorsqu’il était titulaire du poste de ministre des Armées, soit pendant plus de trois années. Mais la discrétion est depuis toujours son image de marque (L’Opinion, 10 septembre 2025).
Les deux articles précités de L’Opinion nous donnent néanmoins quelques indications : homme politique professionnel depuis son plus jeune âge, marqué à droite, gaulliste social qui n’a jamais exprimé de position de principe sur la fiscalité. Nous sommes très éloignés des canons du libéralisme.
Le nouveau Premier ministre est assez mystérieux sur ses accointances, mais ses rapports avec le libéralisme sont plus qu’évanescents.
Par exception, La Tribune (11 septembre 2025) a consacré un article au sujet : « Libéralisme, justice sociale… La vision économique de Lecornu » et il permet de conforter notre conclusion provisoire. Son chapô cite l’un de ses proches qui parle d’une vision « assez libérale » de l’économie, une phrase… assez vague, mais le doute est rapidement dissipé.
En effet, ce proche, à savoir son successeur à la présidence du conseil départemental de l’Eure, parle de lui comme d’un « très grand pragmatique » qui n’a « pas vraiment de dogme », ce qui n’apparaît guère rassurant. Il ajoute que Sébastien Lecornu vient du « gaullisme social », un « équilibre entre une vision assez libérale sur la nécessité et la volonté de laisser l’entreprise travailler, de lui laisser la possibilité d’investir », d’une part, et « une sensibilité quand même assez forte à la question de la justice sociale », d’autre part, avec une insistance sur les discussions avec les partenaires sociaux.
Le nouveau Premier ministre vient de le démontrer en recevant par priorité lesdits partenaires sociaux (ceux que Bastiat appelait les enrayeurs… ) et, paraît-il, en confirmant que la surtaxation des plus riches n’était pas taboue ! Effectivement, nous nageons en plein ultralibéralime !
Illustration de couverture © Patrice Normand via Wikimedia Commons
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