Le FMI nous glisse un message libéral sous le sapin
Dans un article publié récemment par le Fonds Monétaire International, « Why Civilizations Flourish—and Fail » (Pourquoi les civilisations prospèrent — et échouent) un message clairement libéral se dessine : les civilisations prospèrent quand elles s’ouvrent, et déclinent quand elles se ferment.
Le texte est signé Johan Norberg, intellectuel libéral suédois, historien des idées, membre du Cato Institute et auteur reconnu sur le thème du progrès. Son propos s’appuie sur son livre « Peak Human : What we can learn from the rise and fall of golden ages », consacré à l’essor et au déclin des grands âges d’or de l’histoire.
Norberg part de Bagdad au IXe siècle. Une capitale conçue comme un cercle parfait, symbole d’ordre, au cœur d’un califat abbasside enrichi par le commerce. L’empire finançait un vaste mouvement de traduction pour absorber le savoir des cultures avec lesquelles l’empire commerçait. Message limpide : « le progrès émerge lorsque les gens expérimentent, empruntent et combinent des idées ». Le déclin, lui, arrive « lorsque la peur l’emporte sur la curiosité ».
Athènes, Rome, la Chine des Song, la Renaissance italienne, la République néerlandaise, l’anglosphère moderne, toutes ces civilisations avaient des défauts majeurs, dont l’esclavage et l’oppression (des femmes notamment). Norberg ne l’oublie pas dans sa démonstration. Mais il rappelle une évidence souvent oubliée. Selon ses propos « Ils ont tous favorisé des périodes d’innovation intense, excellant dans la créativité culturelle, la découverte scientifique, le progrès technologique et la croissance économique. », malgré une pauvreté certaine.
Leur secret n’était ni la géographie ni l’ethnie. Elles importaient. Elles adaptaient. Elles innovaient. « La grandeur émerge lorsque l’imitation mène à l’innovation. » Athènes apprend de l’Égypte et de la Mésopotamie. Rome absorbe technologies et talents. Les marchands italiens ramènent les chiffres arabes. Les Néerlandais attirent les artisans. Le commerce international, et donc le libre-échange, permettent l’innovation mais aussi le maintien de chaque civilisation.
Mais rien n’est automatique. Norberg cite l’économiste et Prix Nobel Joel Mokyr : chaque avancée majeure est « un acte de rébellion contre la sagesse conventionnelle et les intérêts particuliers ». Quand les élites reprennent le contrôle, tout se fige. Liberté d’expression étouffée. Pouvoir concentré. Économie administrée. De nombreuses civilisations connaissent leur déclin lorsque « à la suite de pandémies, de catastrophes naturelles ou de conflits militaires, les sociétés se sont détournées des échanges intellectuels, réprimant les penseurs excentriques et les minorités. Les gens ont commencé à se rallier derrière des hommes forts qui ont imposé des contrôles à leurs économies et abandonné l’ouverture internationale. ».
En conclusion, le FMI précise prudemment que « les opinions exprimées dans les articles et autres documents sont celles des auteurs ; ils ne reflètent pas nécessairement la politique du FMI ». Certes. Mais le texte a été publié sur le site. Difficile d’y voir autre chose qu’au FMI, l’idée d’un retour à un véritable libre-échange serait appréciée.
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