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"Vous les politiques, inutiles, vous devenez toxiques" : en 2025, la Ve République à l’envers

A cette heure tardive, il fait froid, moins cinq degrés. Décembre 2024 : au milieu d’un cortège une voiture pile boulevard du Montparnasse, à Paris, à deux pas de la brasserie "La Rotonde". Un homme descend, il est en bras de chemise. Le président a reconnu un marcheur sur le trottoir. "Ça me fait plaisir de te voir, que deviens-tu ?" : Emmanuel Macron embrasse l’ancien dirigeant socialiste Jean-Christophe Cambadélis. La discussion devient vite politique. "Tout le monde veut que tu barres !", lance le piéton. Voilà qui jette, si cela est possible, un froid supplémentaire dans la nuit parisienne. "Je t’appelle, on prend un café !", conclut Emmanuel Macron. Il est des choses qu’on n’a pas forcément envie d’entendre, ou de voir. Un an passe, le café attend toujours, le coup de fil n’a jamais eu lieu.

Décembre 2025 : dehors, la température est moins basse, sauf en politique. En douze mois sont passés par l’hôtel Matignon, le tourniquet de la rue de Varenne plutôt, les quatrième, cinquième et sixième Premiers ministres du quinquennat. En 2025, quelque 60 personnes – on croit rêver - se sont retrouvées membres du gouvernement ; deux, Bruno Le Maire et Eric Woerth, l’ont été pour 14 heures, ce qui limite, on en conviendra, la possibilité d’agir. Impuissance publique. La Constitution, il y a ce qu’on en dit. Et il y a ce qu’on en fait. Le 4 octobre 2023, Emmanuel Macron célèbre le 65e anniversaire de la constitution de la Ve République. "Le secret de cette stabilité se trouve dans l’esprit même du texte de 1958. Et veiller au respect de la Constitution, comme c’est la charge du chef de l’Etat aux termes de son article 5, c’est aussi être scrupuleusement fidèle à son esprit." Diantre ! Voici de quoi rassurer. D’ailleurs, le garant de nos institutions passe une seconde couche : "Puisant aux sources premières des Républiques passées, la Constitution de 1958 réussit à allier les principes d’un régime parlementaire avec la force de gouverner d’un exécutif enfin assuré de pouvoir agir."

Le président de la République : ce qu’il dit, ce qu’il fait. Ou qu’il ne fait pas. Le 31 décembre 2024, Emmanuel Macron, après avoir, là encore, fait l’éloge de la "stabilité", annonce : "En 2025 nous continuerons de décider et je vous demanderai aussi de trancher certains de ces sujets déterminants." Impuissance politique : quels sujets ont été tranchés au cours de l’année ? Il parle, le pays regarde ailleurs.

Soyons honnêtes : un sujet a été tranché – pas par les Français, par l’exécutif, pas dans le sens de l’intérêt général, juste dans le souci de passer un deal. L’année 2025 pourrait être résumée par l’évolution du dossier des retraites. A Matignon pendant l’automne 2024, Michel Barnier n’a pas rouvert le débat. "Je ne l’ai pas voulu car je ne savais pas où il allait aboutir", expliquera-t-il ensuite. Bien vu. François Bayrou croit déceler une voie de passage. Il a de la situation de la démocratie française une idée assez précise : "Les politiques peuvent proposer, donner une grille de lecture, ils ne peuvent décider, observe-t-il en privé. Le Parlement ne peut plus décider, et même s’il le faisait, le pays peut dire non. Il n’est plus possible de brutaliser l’opinion." Alors il invente le conclave. Près de vingt réunions de travail entre partenaires sociaux, mais à l’arrivée, un échec. Arrive Sébastien Lecornu et ce sera la suspension du texte de 2023. "La réforme Borne", comme il l’appelle pour s’en débarrasser et épargner Emmanuel Macron, en froissant, et pas qu’un peu la Première ministre de l’époque. "Il crée le concept sans m’en parler", maugrée-t-elle. Bruno Retailleau décèle dans cette suspension l’inoculation du "virus de l’instablité". "La rue saura qu’on peut avoir la peau d’une réforme votée", se désole-t-il. Pas très Ve République. La France avance en reculant. Comme l’avait déclaré le chef de l’Etat le 31 décembre 2024, "impossible n’est pas français".

L’incroyable contradiction

La France avance en reculant, la France avance en trébuchant, cela arrive quand on ne marche pas droit. C’est un représentant de la gauche de gouvernement qui l’a le mieux pointé. Bernard Cazeneuve souligne l’incroyable contradiction de la période récente : "En deux mois, nous sommes passés d’une situation où le Premier ministre nous disait : 'Il faut un budget pour faire des économies' à un contexte où on nous explique qu’il faut des dépenses pour avoir un budget !"

C’est un fait : pendant des mois, les Français ont entendu le pouvoir leur seriner que la France était dans un état critique. On se souvient des efforts fournis par François Bayrou pour faire œuvre de pédagogie sur ce point. "Les Français ne se rendent pas compte à quel point on grève l’avenir, soulignait le Béarnais à Matignon. J’ai besoin que se perçoive la gravité de la situation. Mon attente est que les gens prennent conscience des incroyables menaces que nous avons devant nous : il est temps de monter en gravité."

Et voici que trois mois plus tard, le Parlement vote un texte sur le financement de la Sécurité sociale sans aucune économie. Comment les citoyens s’y retrouveraient-ils ? Comment le Parlement y gagnerait-il ses galons de gestionnaire sérieux ? Il faut être présidente de l’Assemblée nationale pour saluer, comme l’a fait Yaël Braun-Pivet, "une victoire pour l’Assemblée nationale et pour la démocratie".

Si le président ne prend pas froid, les institutions, elles, toussotent, voire s’étranglent. Exécutif et parlementaires donnent la désagréable impression de se renvoyer la patate chaude : le responsable, ce doit être l’autre. "Il n’y a pas dans la Constitution d’articles qui traitent de la responsabilité des parlementaires mais plusieurs articles qui permettent au gouvernement de prendre les siennes", a averti dans Le Parisien Elisabeth Borne. En petit comité, elle se montre plus mordante encore : "On avait vraiment l’impression que le gouvernement ne pensait rien de l’élaboration du budget. Le Parlement laissé en pilotage automatique est une aberration. Faire preuve d’humilité, c’est une chose. Dire 'Je retire les mains du volant', c’en est une autre. A quoi sert d’être chef du gouvernement si on n’est pas chef ?"

Le "chef" ne veut pas l’être. Ou du moins le paraître. "Le moindre écart lui serait reproché, comme un excès de confiance ou de l’arrogance", note une ministre. Le voilà libre de justifier - en toute modestie bien sûr - son refus du 49.3 au nom du respect du Parlement et du compromis. Et si cela peut responsabiliser les députés, tant mieux ! "Il faut mesurer le niveau de déresponsabilisation et d’antiparlementarisme qu’entraînerait le 49.3", note un membre de l’exécutif.

Le compromis est un mot qui commence mal

Un ancien locataire de Matignon ne pense pas très différemment. Le Premier ministre "n’est pas l’animateur de la vie parlementaire", a lancé Edouard Philippe à la télévision. Certains députés avouent ne jamais avoir vu cela : la construction d’un budget au fil des discussions amendement par amendement, sans jamais qu’un cap ne soit fixé, qu’une cohérence ne soit affirmée. Abandon du 49.3 et de la réforme des retraites sans solde de tout compte : le compromis est un mot qui commence mal, comme disait l’autre.

Il est rarissime que, sur un texte budgétaire (comme le PLFSS), une partie de la majorité et une partie de l’opposition se mettent d’accord. Est-ce antinomique à nos institutions ? "On sous-estime l’ampleur de la mutation, Papa et Maman ne sont plus là pour commander la vie politique, on a basculé vers un parlementarisme auquel on n’est pas habitué", remarque Laurent Wauquiez. Mais la confusion des rôles guette – toujours cette patate chaude. "Les députés sont là pour consentir à l’impôt, rappelle un élu socialiste. Parler du budget de l’Assemblée n’a pas de sens : c’est le budget du gouvernement qui exécute les crédits."

"Au service du Parlement" - la formule est d’Amélie de Montchalin -, le gouvernement joue les bons élèves, puisqu’il n’est plus en situation de faire la leçon. "On a fait ce que ni la majorité absolue ni le 49.3 ne permettent de faire, un vrai débat parlementaire, se défend la ministre des Comptes publics. Le sujet, ce ne sont pas les institutions, c’est la culture politique. Si on considère simplement qu’il y a une majorité et une opposition, les choses sont figées." Elle renvoie aux députés la possibilité de déposer une motion de censure s’ils le souhaitent et regrette seulement qu’il ne faille pas en France, comme c’est le cas dans de nombreux pays européens, une majorité alternative si l’on veut renverser le gouvernement. A la fin novembre, Roland Lescure s’entretient avec son homologue allemand, qui lui raconte : "Je me suis couché à 5 heures du matin, mais j’ai un budget !" "Ici, nous avons mis un an et demi pour aboutir à un processus inédit qui est loin d’être parfait", constate le ministre français de l’Economie. Le 19 décembre, à Paris, c’est l’échec.

Sébastien Lecornu laisse à d’autres les grandes considérations sur la Ve, son esprit et sa lettre. On lui reproche de ne pas avoir uniquement renoncé au 49.3 mais d’avoir aussi scié une autre branche majeure de notre Constitution - "Le gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation", dit l’article 20 ? Il a montré depuis sa nomination sa très grande souplesse. Si Pierre Messmer, son modèle, vaut bien un culte au gaullisme, durer vaut bien une messe. Se maintenir, voici son seul credo. Le cabotage, voici sa seule stratégie : jusqu’à Noël 2025, jusqu’aux municipales de mars 2026, jusqu’au bout… Il savait en arrivant qu’il déléguerait une partie de son pouvoir au Parlement, il essaie juste de ne pas se prendre les pieds dans le tapis en constatant, comme il le dit drôlement, qu’ "il y a un problème de fuseau horaire entre l’Assemblée nationale et le Sénat".

Lecornu peut se consoler

Quand il regardait ses prédécesseurs, Sébastien Lecornu s’inquiétait. Au début de l’année, il confie : "2024 est une année triste, on a fait de l’exécution, on n’a rien lancé. Il faut qu’on arrête de jacasser." A la fin de l’année 2025, il peut se consoler. Il a réussi à faire voter un projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Bien sûr, lui "le Premier ministre le plus faible de la Ve" ne cherche pas à tirer la couverture à lui (contrairement à François Bayrou) et ne se prend pas pour un roi, à moins que… Un sondeur lui a parlé du malicieux Louis XI, qui se promenait déguisé dans les rues pour savoir ce que l’on pensait de lui : "Votre équation est bonne. Ce qui fonctionne, c’est votre côté prêt à se déguiser pour aller sur les marchés". Des poireaux, et l’affaire est dans le sac.

D’autant qu’il a acheté des roses en guise d’assurance-vie – et de trace dans l’histoire. "Il fallait le psychodrame de sa démission qui a été le déclencheur de sa liberté, relève un dirigeant du PS. Lecornu adore l’engineering politique, il veut que cela fonctionne mais il ne sait pas trop où il va." Pour la première fois depuis 2017, les socialistes pèsent sur les événements du pays. Et plus encore qu’ils n’espéraient : tout à sa volonté de rester en fonction, le Premier ministre est amené à faire des concessions qu’Olivier Faure n’imaginait même pas. "Les négociateurs du PS entrent comme dans du lard car en face, il y a plus de bloc en face", admet un socialiste. "Si nous étions au gouvernement, nous aurions obtenu moins de choses !", ajoute un autre.

L’ambiance est à la fin de règne, déjà. En temps normal, l’année 2025 n’aurait pas dû lancer la campagne présidentielle. C’était d’ailleurs l’obsession d’Emmanuel Macron, lui qui était hanté, avant même d’être réélu en 2022, par la perspective de mal finir son second quinquennat. "Il a peur d’être démonétisé par les candidats de son propre camp, il est obnubilé par une chose : que la présidentielle, avec ses droits d’inventaire obligés, ne commence pas trop tôt", rappelle un membre de sa garde rapprochée. Il est deux heures du matin – c’est tôt tout de même – quand le président, le 7 octobre, reçoit sur WhatsApp des messages l’informant qu’Edouard Philippe va sortir du bois. Pire qu’il va demander qu’on le sorte, lui le président, de l’Elysée. Les relations ne sont guère plus amènes avec un autre ex, Gabriel Attal. "Il fait un blocage, estime le secrétaire général de Renaissance. Je le vois dans des schémas collectifs avec Marine Tondelier, je n’imagine pas que c’est un traitement privilégié…" Comme toujours en pareille situation, les difficultés viennent du camp du président finissant. Vachard, un pilier de la Macronie lâche : "S’il avait la hantise d’un second quinquennat raté, alors il a regardé le sapin droit devant lui et a choisi de foncer dedans."

Le chef de l’Etat avait commencé l’année par un mea-culpa sur la dissolution, dont la sincérité interroge. Aujourd’hui, il incrimine les partis : "Ils sont lamentables", remarque-t-il cet automne devant un ancien ministre. Le mal est profond, il se répand. L’ancienne ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet rapporte ces propos qu’elle entend de plus en plus souvent : "Vous les politiques, vous étiez déjà inutiles, là vous commencez à devenir toxiques."

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