Avec la disparition d'André Bizac, la Corrèze perd l'un de ses capitaines d'industrie
![Avec la disparition d'André Bizac, la Corrèze perd l'un de ses capitaines d'industrie](http://www.lamontagne.fr/photoSRC/VVZTJ19dUTgIDAVOBQwd/andre-bizac-a-vecu-la-liberation-de-brive_6373079.jpeg)
André Bizac, roi du foie gras et longtemps président de la chambre de commerce et d'industrie de Brive, en Corrèze, est décédé à 93 ans le 30 décembre 2022. Dans les années quatre-vingt, son entreprise de foie gras était leader sur le marché français. Ce Briviste entier, grand orateur et fin gastronome, s’est longtemps battu pour l’avènement de l’A89.
Après le décès de Lucien Faurie (92 ans) au début du mois, c’est un autre capitaine d’industrie briviste qui vient de tirer sa révérence. André Bizac est décédé vendredi, à 93 ans.
Président de la CCI pendant vingt ansPendant presque vingt ans, de 1983 à 2001, cet entrepreneur à la tête de la conserverie de luxe du même nom avait présidé la chambre de commerce et d’industrie de Brive. « Le développement des communications routières, ferroviaires et aériennes était au centre de ses préoccupations », souligne Bénédict Mossolin, qui travailla sous ses ordres (*).
Quatrième génération d’entrepreneursNé le 11 avril 1929 à Brive (Corrèze), élève à Bossuet puis au collège de Sorèze (Tarn), où « on lui a appris à s’exprimer d’une manière imagée sans être pédant », résume Bénédict Mossolin, il représentait la quatrième génération de la maison Bizac, entreprise de conserves gastronomiques créée en Dordogne, à la frontière du Lot et de la Corrèze, en 1825.
Il pouvait se prévaloir d’avoir multiplié par dix, entre 1970 et 1980, le chiffre d’affaires de l’entreprise. En 1982, Bizac exportait 18 % de sa production à travers la planète : son foie gras était envoyé jusqu’à Tokyo !
La saga Bizac1825 Guillaume Bizac, fils de paysans, ouvre à Nadaillac (Dordogne) puis à Souillac (Lot) un atelier de conservation de truffes et de foies gras.1890 L’entreprise Bizac ouvre une première usine à Brive. Tous les locaux de l’entreprise y seront regroupés en 1956, en centre-ville, puis dans la zone du Teinchurier en 1974.1988 La famille Bizac cède la majorité de ses actions au groupe Cointreau. En 1998, Bizac tombe dans l’escarcelle de Rougié. « Le nouvel ensemble revendique la place de numéro un mondial du foie gras », explique à l’époque le quotidien Le Monde.2019 Le site briviste de transformation de canard, devenu Euralis, ferme ses portes en laissant une cinquantaine de personnes sur le carreau.
Décoré par Roland Dumas en 1991Chevalier de l’ordre national du Mérite, commandeur du Mérite agricole, médaille de vermeil de la Jeunesse et sport (il présida pendant vingt ans la ligue limousine de la fédération équestre française), c’est Roland Dumas qui lui avait remis ses insignes d’officier dans l’ordre de la Légion d’honneur, en 1991.
Bénédict Mossolin se souvient d’un homme « suprêmement élégant » et « très partisan de l’innovation ». André Bizac était également très attaché aux secrets de fabrication de l’entreprise familiale.
En 2014, André Bizac racontait à La Montagne ses souvenirs du jour de la Libération de Brive, alors qu'il avait 15 ans
Féru de cuisineD’ailleurs, il était lui-même féru de cuisine, avait écrit un « petit livre de cuisine régionale » et réussissait à merveille la brouillade de truffes, se souvient Philippe Jean, qui a eu « la lourde tâche de lui succéder » à la tête de la CCI du pays de Brive.André Bizac dédicace son livre en 2006.
« Il avait beaucoup de caractère, il intervenait quand quelque chose ne lui plaisait pas et les politiques en prenaient pour leur grade, se souvient-il en riant. André Bizac a donné une autre dimension à la chambre, il avait fait de l’A 89 son grand combat et c’est à son époque que l’on a mis en réseau les entreprises du bassin de Brive. »
Ses obsèques seront célébrées jeudi 5 janvier à 9 h 30 à la collégiale.
(*) Bénédict Mossolin a réalisé une plaquette historique sur l’aventure Bizac pour la famille, où nous avons puisé de nombreuses informations.
Pomme Labrousse