Le Clermont Foot relégué en Ligue 2 : pourquoi ça n'a pas fonctionné cette saison pour le club auvergnat
Une 8e place en trompe-l'œil
"Il faut retenir qu'on a tenu la dragée haute à une équipe de Monaco qui va sûrement finir dans le top 5". Après la première défaite de la saison (4-2), Johan Gastien a résumé un sentiment qui a duré un peu trop longtemps dans les rangs clermontois. Le mode "défaite encourageante" a ainsi donné trop d'illusions à l'équipe du Clermont Foot, convaincue que la dynamique de la saison précédente allait forcément l'aider à dépasser les premières difficultés. "On était dans la même dynamique que la saison précédente, confirmait Gastien père, ce jeudi. Sauf qu'on n'a pas gagné".
Ce qu'il faut retenir de la défaite de Clermont à Monaco
Une différence notable pour un groupe incapable de repartir de zéro après son exceptionnelle 8e place. Battu cinq fois lors des six premières journées, celui-ci a aussi perdu trop de temps (en plus des points) à comprendre pourquoi sa réussite du printemps 2023 avait disparu.
Deux mercatos ratés
Clermont a mis la main au porte-monnaie comme jamais, mais son échec prend quand même sa source dans son mercato. Celui-ci a pourtant paru engageant, avec notamment les signatures de Pelmard et Caufriez, mais la suite a renvoyé le club et ses moyens limités à ses difficultés à exister dans un environnement ultra-concurrentiel. L'impact de certains joueurs, comme Khaoui (non prolongé) et Wieteska (transféré en fin de mercato estival) a également été sous-estimé, alors que la marche, pour des recrues comme Boutobba, Armougom ou Keïta, a longtemps été trop haute. Devant, le profil de Shamar Nicholson a également limité les possibilités.
Le mercato hivernal n'a rien arrangé, si ce n'est la balance commerciale, améliorée par le départ de Seidu pour Rennes. En se cantonnant à des prêts, Clermont n'a pas pu (ou voulu) se mouiller, et ni Matsima, ni Virginius et encore moins Jacquet, au temps de jeu trop limité, ne laisseront une trace de leur passage en Auvergne.
L'incapacité à faire une série
Le Havre a eu les siennes il y a longtemps, Metz a su en enclencher deux en mars et en avril grâce à Mikautadze, et Lorient a connu son moment en début d'année grâce à Bamba. Clermont, en revanche, n'a jamais été fichu de gagner deux fois de suite cette saison, et donc de faire cette série qui aurait pu lui donner l'élan dont ont su profiter ses concurrents directs. Au mieux, les Clermontois ont cumulé quatre points en deux journées, ce qui n'a pas aidé à les faire décoller : en 32 journées, le CF63 n'est jamais sorti de la zone rouge (une fois 16e, 14 fois 17e et donc 17 fois dernier de L1).
L'absence d'un vrai buteur
Avec ses quatre buts inscrits contre Reims, Clermont n'a plus la pire attaque du Big 5, les cinq grands championnats européens. Mais les 25 buts inscrits par les Auvergnats en Ligue 1 illustrent toujours leurs difficultés devant le but, alors que le CF63 n'a pas pu s'appuyer sur un buteur digne de ce nom et de la tradition locale entretenue par les Bayo, Grbic, Ajorque, Diedhiou et consorts.
La force collective du groupe, l'an passé, n'avait tout de même pas empêché Grejohn Kyei de marquer 10 buts l'an passé (dont 4 penalties). Cette saison, son meilleur buteur (Cham) est un milieu offensif et il doit 4 de ses 7 buts à des penalties, tandis que les avant-centres du groupe plafonnent à 6 buts, dont 4 pour un Nicholson muet depuis janvier.
La faillite des cadres
Il y a 1.000 façons de parler de leur performance, mais il y a quand même des joueurs qu'on n'a pas toujours reconnus, cette saison. Neto Borges, Maximiliano Caufriez, Elbasan Rashani, Johan Gastien, Maxime Gonalons, voire Mory Diaw par moments : plusieurs leaders de l'équipe ont été en dessous du niveau qui avait tant aidé l'équipe l'an passé. Boulettes, méformes, blessures, suspensions... La faillite des cadres a pris plusieurs formes et cela a toujours desservi un groupe à qui il a manqué de la ressource pour compenser.
Le tâtonnement tactique
Le passage à trois défenseurs axiaux avait solidifié le onze clermontois l'an passé, alors que l'immuable 4-2-3-1 avait déjà subi quelques infidélités lors de la première saison de Ligue 1. Cette fois, les multiples tentatives tactiques n'ont pas eu l'apport escompté. Contraint par les absences ou les performances, le retour à quatre derrière, comme le passage à trois milieux ou la tentative du très défensif 5-3-1-1, n'a pas permis au Clermont Foot de se refaire une identité de jeu. L'arrivée de Sébastien Bichard dans le staff a fait multiplier les choix tactiques, au détriment parfois de leur lisibilité.
Un stade en transition
Il a manqué 3.000 spectateurs le long de la pelouse, côté Limagne et ça n'a pas dû aider les partenaires de Florent Ogier. Construite pour la montée en Ligue 1, la tribune a quitté le décor du Montpied pour laisser place aux travaux de la deuxième paupière. Un changement qui a entraîné une perte de repères, désorientant une formation qui n'a remporté que trois rencontres à domicile cette saison, dans un stade où l'engouement populaire des deux dernières années est également retombé.
Un budget trop limité
Dans un championnat à 18 clubs, Clermont a logiquement hérité du plus petit budget avec ses 28 millions d'euros. Le club est donc à sa place au dernier rang de la Ligue 1, mais en dépit de dépenses sans précédent pour enrôler Caufriez, Pelmard et Keïta (plus de 7 millions), l'impression de frilosité prédomine. Le Clermont Foot avait pourtant les moyens financiers de faire plus, de se permettre plus, mais il a misé sur une stabilité qui ne lui a finalement pas donné plus de garanties.
Pascal Gastien
On ne saura jamais si l'entraîneur aurait dû repousser l'annonce de son départ à la retraite, mais le choix du technicien - et du club - a forcément jalonné sa saison, celle de trop ou du pas assez, selon l'angle choisi. Son implication n'est surtout pas un sujet, au contraire de la portée de son discours sur un groupe qui a pu prendre le parti de regarder plus loin, et donc sans lui, à un certain moment.
L'arrivée de Sébastien Bichard, son successeur, à ses côtés, l'a aussi affaibli, malgré les apparences. Et même si la moyenne de points pris par le duo (8 points en 8 matchs) n'est pas très différente de celle de Gastien "solo", lors des 24 journées précédentes (0,7).
Laurent Calmut