À Vals-près-le-Puy, Carrefour remplacera Intermarché à l’automne

Quand on lui demande s’il est amer, Rémy Valette assure que non. « Pour nous, cela a été une expérience humaine avec toutes les équipes de Vals. Nous avons fait de belles rencontres. Tout n’est pas à jeter dans cette histoire ». Le couple de gérants qui avait repris l’hypermarché Casino de Vals-près-le-Puy sous l’enseigne Intermarché l’an passé s’apprête à tourner la page d’ici quelques semaines. « Nous n’avons pas de date précise, mais ce sera après l’été », indique Rémy Valette. Du côté des salariés (ils sont une centaine d’équivalents temps plein), pas de date ou d’informations précises non plus. « Peut-être après la rentrée. Enfin normalement, mais c’est compliqué », concède Christophe Romeuf pour l’intersyndicale.  

Selon nos informations, le magasin pourrait fermer ses portes exactement comme l’an passé : les quinze premiers jours d’octobre. Le temps nécessaire pour réaliser les travaux, réaménager la surface de vente, les rayons, changer toutes les étiquettes, les logos, les panneaux à l’intérieur comme à l’extérieur... Vers la mi-octobre, Intermarché de Vals-près-le-Puy deviendrait alors Carrefour. Le groupe Carrefour n’a pas été en mesure de nous répondre, pas plus que sur la date envisagée que sur la durée de fermeture.

Ce nouveau changement fait suite à la décision de l’Autorité de la concurrence (ADLC). Cette dernière a estimé que « le Groupement Intermarché aurait une part de marché supérieure à 50 % dans une zone de 30 minutes en voiture à partir du point de vente cible, dans laquelle on ne retient que les formats hypermarchés ». Une décision qui avait fait beaucoup de remous en décembre dernier, à peine plus de deux mois après une première reprise... Un coup rude surtout pour tous les salariés du magasin. Au final, si Carrefour arrive à l’automne, l’enseigne Intermarché n’aura trôné même pas un an à Vals-près-le-Puy. 

« On repart de zéro, on va refaire des travaux, réapprendre de nouvelles méthodes de travail »

Pour les salariés, cette nouvelle période de transition qui a débuté est tout aussi difficile à vivre. « On paye l’addition, une fois de plus. C’est le milieu de la grande distribution, il n’y a pas de pitié », déplore Christophe Romeuf. Les salariés continuent de faire leur travail en attendant l’échéance, mais cette période transitoire est complexe, entre craintes et incertitudes. « Ils se préparent à ce nouveau changement, les choses se sont apaisées », estime Rémy Valette, désormais moins présent sur le site. Le gérant d’Intermarché Retournac assure la liaison en attendant la bascule cet automne. Les salariés ont obtenu ces derniers mois les augmentations de salaire prévues pour les salariés de Casino, à hauteur de 1,8 %. Pas de quoi se réjouir pour les syndicats... « 1,8 % sachant que le groupe Casino était moribond… Il va falloir repartir de zéro, refaire des travaux, apprendre de nouvelles méthodes de travail… », se résigne Christophe Romeuf.

Rémy Valette avoue de son côté : « j’en ai fait le deuil… Nous avions un très beau projet. On avait mis beaucoup d’énergie et de motivation. Nous subissons un choix qui n’est pas le nôtre ». 

Après les remous du printemps, l’intersyndicale avait ouvertement dénoncé qu’un recours ne soit pas tenté suite à la décision de l’ADLC. « Nous avons été trahis. On n’a même pas laissé la chance à un possible recours », regrette avec vigueur Christophe Romeuf. Quand on lui demande l’état d’esprit de la majorité des salariés du supermarché désormais, il résume : « résignation, amertume et dégoût… »

De leur côté, les gérants ont commencé à tourner la page. Ils vont se consacrer à leur supermarché du Chambon-sur-Lignon, que le couple avait repris à la suite des parents de Rémy Valette et qui était déjà sous l’enseigne des Mousquetaires. « Nous allons nous recentrer totalement sur le Chambon-sur-Lignon et nos équipes. »

Pour les salariés de Vals, la période d’incertitude a débuté il y a un an, le 12 juin 2023 précisemment, avec l’annonce de la vente des 119 magasins Casino au groupe Intermarché. Tous attendent désormais d’en savoir plus sur leur avenir avec Carrefour. Avec bien des interrogations, à commencer par le maintien ou pas de l’intégralité des emplois...

Lionel Ciochetto