En juin, l'Allier a battu des records nationaux en matière d'orages et de pluie
Alors que le département panse encore ses plaies après le passage de plusieurs orages de grêle d’une intensité inouïe, un bilan météorologique de ce mois de juin 2022 vient mettre en lumière l’ampleur des phénomènes subis. L’Allier se distingue à l’échelle nationale en matière de cumuls de pluie, mais aussi d’impacts de foudre. Explications.
Il y a ces bruits que les sinistrés n’oublieront pas, ces impacts fulgurants et assourdissants venant briser pare-brises et fenêtres, ces détonations de balles surpuissantes venant ravager toits et jardins. Il y a aussi ces images désolantes de maisons bâchées à chaque coin de rue, dans des villes et villages qui, longtemps encore, porteront les stigmates de ces orages de grêle ayant marqué l’Allier au fer rouge. Et désormais, pour illustrer l’ampleur et la violence du phénomène, il y a aussi les chiffres. Qui sont éloquents, faisant même du département un cas bien à part dans les relevés météorologiques nationaux de ce mois de juin 2022.
La pluieIl y a d’abord eu ces précipitations nourries, donc. Avec cette pluviométrie de 247,5 mm observée à la station Météo France de Charmeil, qui vaut référence pour le département. Cette donnée équivaut à 24,7 cm d’eau tombés sur une surface plane d’un mètre carré. Soit 247 litres par m2. À ce classement des départements où il a le plus plu, le deuxième est… le Puy-de-Dôme, avec une pluviométrie de 179,5 mm sur la période. À titre de comparaison, la moyenne nationale sur ce mois de juin est de 91 mm. C’est dire si le Bourbonnais a été particulièrement arrosé. Mieux (ou pis) : ces 247 mm mensuels enregistrés dans l’Allier représentent tout simplement un record départemental, le relevé le plus haut enregistré jusqu’alors remontant à juin 1970, avec 208 mm.
— Guillaume Séchet (@Meteovilles) June 5, 2022
Yves Marchaud, climatologue à Météo France, précise que ces relevés de pluie « représentent près de trois fois la normale en moyenne sur le département ». Parmi les jours où il est tombé le plus de pluie, figurent notamment le 4 juin, jour où la grêle a dévasté le bassin de Vichy ; le 21 juin, quand les orages ont durement touché le centre du département ; ou encore le 26 juin. Quant au nombre total de jours de pluie sur la période, « il est aussi excédentaire un peu partout dans l’Allier, et souvent largement », appuie Yves Marchaud. Il y a notamment eu seize jours de pluie à Durdat-Larequille, pour une moyenne de neuf en cette période. À Isle-et-Bardais, au nord du département, le nombre de jours fortement arrosés (plus de 10 mm cumulés) s’est élevé à onze contre deux en temps normal. C’est dire si les cumuls ont été importants sur le territoire, même si les effets pour l’hydratation des sols n’ont pas forcément été positifs.
Les oragesNourris par l’air chaud, et même souvent caniculaire, les orages ont été d’une intensité et d’une fréquence sans doute jamais observée dans l’Allier, en tout cas depuis que les relevés existent. D’après le site Keraunos, le Bourbonnais est tout simplement, avec 14.189 éclairs, le département le plus touché par la foudre en ce mois de juin. L’Allier compte même parmi les départements qui ont le plus subi d’orages présentés comme « forts », avec la Loire, la Saône-et-Loire ou encore le Gers. Avec 206.257 éclairs détectés dans tout le pays (d’après Météorage), le dernier record national (172.608 éclairs en juin 1993) a été largement dépassé.En Bourbonnais, la dévastatrice soirée du 4 juin a été celle où l’activité électrique a été la plus importante, avec plusieurs cellules venues, depuis la péninsule ibérique, traverser le centre de la France en générant des grêlons de près de 8 cm de diamètre, portés par des vents dépassant souvent les 100 km/h.
L'activité électrique a été intense sur Vichy.
En tout cas, « le département a vécu deux fois plus de journées d’orages qu’en un mois normal », note Mathieu Simon, gérant du site Météo Allier. « Et ces orages ont été marqués par une intense activité électrique. » En attestent notamment ces orages de début juin qui, à Vichy, étaient caractérisés par des éclairs permanents. Un phénomène souvent associé à des éclairs de chaleur. Or, ajoute Mathieu Simon, « il s’agissait surtout d’orages lointains et cumulés, dont on ne pouvait entendre les détonations ». Des détonations que l’Allier a bel et bien fini par entendre, payant au prix fort les conséquences de ces orages ayant causé des dégâts qu’il faudra sans doute plusieurs années pour réparer. D’ici là, juin 2022 n’aura certainement pas été oublié.
Pierre Geraudie