Coupe du monde : la légende pour l’Argentine et Lionel Messi
Au terme d’une finale au scénario incroyable, l’Argentine a remporté sa troisième Coupe du monde, dimanche soir, après la séance des tirs au but. Longtemps hors du coup, l’équipe de France a été portée par un Kylian Mbappé, auteur d’un doublé en moins de deux minutes puis d’un troisième but en prolongation, pour revenir dans le match. Insuffisant pour empêcher Lionel Messi de décrocher le titre suprême.
Un petit bisou, au passage. Lionel Messi allait bientôt la soulever, la Coupe du monde, mais il n’a pas pu résister. Après avoir récupéré son trophée de meilleur joueur du tournoi, le capitaine argentin a donc fait un détour, pour cajoler le trophée, le vrai. Celui de champion du monde qu’il n’avait jusque-là jamais touché.
Kylian Mbappé, lui, ne l’a même pas regardée, la Coupe. Il a juste ajusté sa médaille autour de son cou, sans conviction, avant de passer à côté, pour rejoindre ses partenaires, contraints d’attendre sur un podium qu’ils avaient envie de vite déserter. Dans sa main droite, il avait quand même un trophée, lui aussi. Celui de meilleur buteur du Mondial, après ses huit réalisations. Dont trois, rien que pour hier. Trois buts pour rien, oui, ou presque.
On aurait aimé ne pas limiter cette finale au duel pourtant si attendu entre les deux Parisiens. Mais au terme de plus de 120 minutes ébouriffantes, au terme d’un match au scénario si difficile à résumer, la façon dont les deux stars auront porté leur équipe justifie quand même ce choix.
Pour son 26e et dernier match de Coupe du Monde, Léo Messi a inscrit deux buts, en plus du premier tir au but de l’Albiceleste. Et que dire du match de Kylian Mbappé, longtemps transparent avant de marquer un triplé que seul l’Anglais Geoff Hurst avait réalisé en finale de Coupe du monde, en 1966. Il aura 24 ans demain, mais il est déjà le joueur qui a inscrit le plus de buts lors d’une finale mondiale, après sa réalisation face à la Croatie, il y a quatre ans.
1’37" pour revenir à 2-2Sur le podium, son visage est resté fermé. Car on peut donc marquer trois fois en finale sans être capable de l’emporter. C’est un peu froid comme constat, surtout après l’ascenseur émotionnel qu’ont emprunté les supporters français, eux qui ont longtemps pensé que l’affaire était réglée depuis la 36e minute, quand l’Argentine comptait déjà deux buts d’avance. Et quand la France, surtout, n’arrivait à rien dans cette finale. À rien de digne d’un tenant du titre.
C’est froid, mais ça aidera peut-être quand il s’agira de tout remettre dans l’ordre, dans quelques jours. À ce moment-là, il ne faudra pas oublier qu’avant la tête (ratée) de Kolo Muani à la 68e, les Bleus n’avaient pas touché un seul ballon dans la surface des Argentins. Qu’ils n’avaient pas tenté le moindre tir non plus. Que Giroud et Dembélé ont quitté la pelouse dès la 41e, hors du coup. Que même Griezmann, étincelant jusqu’à hier, avait subi le coaching, à la 71e, d’un Deschamps qui aura tout tenté.
Tout ça a failli être pourtant emporté par les dix dernières minutes du temps réglementaire. Quand le match a basculé dans l’irréel. Quand il n’a fallu qu’une minute et trente-sept secondes pour que la France, bonne à rien jusqu’à la 79e et une faute d’Otamendi dans la surface, revienne à 2-2.
Il fallait se pincer fort pour y croire, mais Mbappé, après avoir marqué le penalty (80e), a exécuté une magnifique reprise pour égaliser (81e). En Argentine, les machines à coudre ont arrêté de broder la troisième étoile sur le maillot bleu ciel et blanc. Un peu comme quand les Italiens, en 2000, avaient appris à reboucher une bouteille de champagne.
La balle de match de Kolo MuaniMais Léo Messi n’en avait pas terminé avec sa conclusion mondiale. Il a d’abord obligé Lloris à sortir un arrêt monstrueux, à la 90e +7. Puis il a poussé le ballon d’abord renvoyé par le portier français, pour relancer la couture, lors de la prolongation (3-2, 109e).
Sans le mauvais gag de Montiel, coupable d’une main dans la surface, l’Albiceleste aurait pu s’en contenter, elle qui avait repris les commandes du jeu depuis le début de la prolongation. Mais après le troisième but de Mbappé (3-3, 118e), l’Argentine a surtout vu toute sa Coupe du monde défiler devant ses yeux rougis, quand Randal Kolo Muani s’est présenté seul devant Martinez, trois minutes après la 120e.
Sans le forfait de Christopher Nkunku, l’attaquant de Francfort n’aurait même pas dû être au Qatar, mais le destin en avait assez de tergiverser, à Lusail. Assez de jouer avec les nerfs des Sud-Américains. La parade exceptionnelle du portier l’a mis dans les meilleures conditions pour des tirs au but où l’Argentine a plus de certitudes que la France.
Les Bleus ont finalement rendu les armes de la façon la plus cruelle, aux penalties, comme en 2006. Ils n’ont donc toujours pas été battus en finale de Coupe du monde, malgré deux échecs. Inconsolables…
Argentine 3 - France 3 (4 tab à 2)
LUSAIL (Stade de Lusail). Mi-temps : 2-0. Fin du temps réglementaire : 2-2. Arbitre : S. Marciniak (Pol.). 88.966 spectateurs.
Buts. Argentine : Messi (23e s.p., 109e), Di Maria (36e). France : Mbappé (80e s.p., 81e, 118e s.p.)
Tirs au but. Argentine : Messi, Dybala, Paredes, Montiel. France : Mbappé, Coman (arrêté), Tchouameni (raté), Kolo Muani.
Avertissements. Argentine : Fernandez (40e +7), Acuna (90e +8), Paredes (114e), Montiel (117e). France : Rabiot (55e), Thuram (87e), Giroud (sur le banc, 90e +8).
Argentine. E. Martinez - Molina (Montiel, 91e), Romero, Otamendi, Tagliafico (Dybala, 120e +1) - Di Maria (Acuna, 64e), De Paul (Paredes, 102e), Fernandez, Mac Allister (Pezzella, 116e) - Messi (c.), J. Alvarez (La. Martinez, 102e). Entr. : L. Scaloni.
France. Lloris (c.) - Koundé (Disasi, 120e +1), Varane (Konaté, 113e), Upamecano, T. Hernandez (Camavinga, 71e) - Griezmann (Coman, 71e), Tchouaméni, Rabiot (Fofana, 96e) - Dembélé (Kolo Muani, 41e), Giroud (Thuram, 41e), Mbappé. Entr. : D. Deschamps.
Laurent Calmut