Ces fontaines de la forêt de Tronçais bientôt restaurées

Les fontaines disséminées dans la forêt de Tronçais font partie intégrante du petit patrimoine forestier. Un projet de revalorisation vient d’être lancé.

On peut les apercevoir en se promenant au milieu des arbres. La forêt de Tronçais abrite 80 fontaines, dont une quarantaine facilement repérable. Certaines sont entourées de mythes et de légendes, d’autres rappellent tout simplement l’histoire des lieux.

Dès l’époque gallo-romaine, le site de Tronçais était habité par plusieurs corporations (sabotiers, charbonniers, etc.) qui interagissaient entre elles. Ces fontaines servaient alors d’abreuvoir pour les bêtes et aux hommes à puiser de l’eau. D’autres témoignent d’un certain folklore religieux.

La plus remarquable et connue de toutes, c’est la fontaine Viljot. Cette fontaine de forme circulaire fait l’objet de plusieurs légendes. L’une d’elles raconte qu’elle était dédiée au culte de Velléda, déesse de la forêt.

« Les jeunes femmes vierges y jetaient une épingle pour savoir si elles seraient demandées en mariage », raconte Christelle Blanchard, guide à l’office de tourisme de la Vallée du cœur de France. Si l’épingle se plantait au fond, c’est qu’elles avaient « piqué un cœur » et allaient se marier dans l’année.

Avec son fond d’argile blanche, la Fond de lait était prisée des futures mères. Elles venaient avec un bâton pour agiter l’argile, ce qui donnait à l’eau une couleur blanchâtre. Si l’eau blanchissait jusqu’à l’étang voisin, l’enfant à naître serait bien nourri. L’ancien étang voisin était une des 20 pêcheries où l’on attrapait le poisson pour se nourrir.

Et puis, il y a les fontaines sans légendes. La Fond des porchers est de celles-là. Cette fontaine en forme de tertre servait aux éleveurs de porcs. Ces derniers venaient leur faire manger les glands de la forêt de Tronçais et trouvaient là l’abreuvoir parfait.

La sablière avait, elle aussi, un but exclusivement pratique. Cette fontaine en forme d’igloo a été aménagée par la corporation des bûcherons. « L’anecdote raconte qu’ils y plaçaient des bouteilles pour les garder au frais », poursuit Christelle Blanchard.

Autant d’histoires qui montrent l’intérêt de préserver ce petit patrimoine forestier de notre célèbre futaie.

Thomas Loret

Un projet de réhabilitation des fontainesCinq fontaines vont en bénéficier. Les fontaines Saloup, Porchers et Sablière auront droit à des travaux d’entretien et rejointage. Tandis que les fontaines Cros-chaud et la Goutte d’argent feront l’objet d’une reconstruction partielle. Il y a un objectif de sauvegarde, car ces fontaines s’abîment avec le temps. Un projet à 10.000 euros, financé par la Fondation du patrimoine, la Région, le Département de l'Allier, le club des mécènes et des particuliers.