Un médecin du SAMU prône la création d'un véritable pôle hospitalier public à Montluçon
Lors d'une réunion publique organisée lundi à Désertines par le Comité de défense de l'hôpital public de Montluçon, Christophe Prudhomme, médecin du SAMU 93 a estimé qu’il n’y avait pas de place pour deux établissements hospitaliers dans la cité des bords du Cher.
Invité par le Comité de défense de l’hôpital public de Montluçon, Christophe Prudhomme, présent aux côtés de Pierrette Guichon, présidente du CDHP et d’Hiba Trraf, ancienne cheffe du service pédiatrie du Centre hospitalier, a dressé un sombre tableau du secteur de la santé en France lors d’une réunion publique lundi dernier à Désertines.
S’emparant du micro, le porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France a, d’entrée, mis les pieds dans le plat .
La santé n'est pas une marchandise. En France, dans les hôpitaux, on est en situation de sous-effectif. On n'arrive pas à répondre aux besoins. C'est la spirale infernale.
Médecin au SAMU 93, Christophe Prudhomme tire à boulets rouges sur la politique gouvernementale en matière de santé.
A l'heure actuelle, les patients qui rentrent le matin et qui sortent le soir, ce que l'on appelle l'ambulatoire, ceux-là vont aller à la clinique. En revanche, les patients, souvent plus âgés, qui nécessitent davantage de soins et de surveillance, eux, iront à l'hôpital. Et après, les responsables de la santé vont reprocher à l'hôpital public d'avoir trop dépensé.
Un jeu de dupes qui, selon le médecin, favorise le privé au détriment du secteur public. Christophe Prudhomme demande des moyens supplémentaires pour aider l’hôpital public à remplir ses missions car « les applaudissements ne suffisent pas pour embaucher des aides-soignants » faisant référence à la période douloureuse du covid.
Devant les urgences du centre hospitalier de MontluçonUne situation problématique qui fait dire au porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France que, dans l’hexagone, 150 hôpitaux sont menacés dans les mois qui viennent. Celui de Montluçon est dans la liste ?
Dans le département de l'Allier, aucun des trois hôpitaux n'est en capacité de remplir ses missions. Je pense qu'ils ne sont pas menacés mais ils vont fonctionner dans de mauvaises conditions.
Et le médecin de proposer une solution qui ne manque pas de tranchant : « A Montluçon, il n’y a pas de place pour un hôpital et une clinique d’autant que la clinique (l’hôpital privé Saint-François de Désertines) est la propriété d’un groupe financier qui a comme objectif le meilleur retour sur investissement et qui se débarrasse des activités non rentables comme la pédiatrie. Il faut créer un véritable pôle hospitalier à Montluçon et il doit être public ».
Les urgences de l'hôpital Saint-FrançoisUne prise de position que ne comprend pas Philippe Carbonel, directeur de l’hôpital privé Saint-François : « Nous ne souhaitons pas alimenter de polémiques inutiles d’autant plus que notre domaine de la santé a autant besoin du secteur public que du secteur privé pour relever les nombreux défis qui s’ouvrent à nous dans l’intérêt des patients qui chaque jour ont besoin d’un accès aux soins ».
Nous ne souhaitons pas alimenter de polémiques inutiles d'autant plus que notre domaine de la santé a autant besoin du secteur public que privé pour relever les nombreux défis qui s'ouvrent à nous dans l'intérêt des patients qui chaque jour ont besoin d'un accès aux soins.
Président du conseil de surveillance du centre hospitalier de Montluçon et maire de la ville, Frédéric Laporte porte un jugement sans concession sur les propos de Christophe Prudhomme : « C’est une vision très politique du dossier. L’hôpital privé Saint-François répond à certains besoins des patients et ce n’est pas en fermant la clinique que l’on réglera le problème de la santé dans ce pays ».
Martial Delecluse