Avant Clermont Foot - Metz, le club lorrain savoure la sauce Bölöni, avec l'entraîneur le plus âgé de Ligue 1
Laszlo Bölöni a fait taire les sceptiques à Metz pour ramener le club lorrain en Ligue 1. À 70 ans, l’ancien milieu international de la Roumanie, qui n’envisage toujours pas d’arrêter de s'asseoir sur un banc de touche, défie le Clermont Foot ce dimanche (15 heures, à suivre en direct sur notre site).
Quarante ans en une poignée de main. Une semaine après avoir serré la pince du plus jeune entraîneur de Ligue 1, Pascal Gastien empoignera celle du plus vieux, aujourd’hui. Après le Rémois Will Still, 30 ans et biberonné au jeu vidéo Football Manager, l’entraîneur clermontois va retrouver Laszlo Bölöni, 70 printemps, connu entre autres pour avoir lancé Cristiano Ronaldo, au Sporting Portugal.
Mais l’âge, c’est aussi dans la tête, et alors que le technicien du Clermont Foot, 60 ans en décembre, pense à la sienne, il ne faut pas parler de retraite à son homologue messin. 22 ans après avoir quitté un autre club lorrain, Nancy, l’ancien milieu de terrain, 108 sélections avec l’équipe de Roumanie, n’entend pas forcément boucler la boucle chez les Grenats, même s’il a prolongé son bail jusqu’en 2025 sur les bords de la Moselle.
"Je me sens encore infecté par ce virus du football""Je ne veux pas trop répondre à cette question", expliquait-il, il y a moins d’un an, à nos confrères de L’Est Républicain, à l’évocation de l’après-carrière. Et pour cause : "Je me sens encore infecté par ce virus du football", réfutant l’idée que Metz sera forcément son quinzième et dernier club.
Comment pourrait-il en être autrement, pour celui qui a réussi à faire remonter le club lorrain en Ligue 1, seulement un an après la relégation des Lorrains ? Comment cet homme qui a découvert la liberté à 34 ans, quand il a pu s’extirper de ce qu’il appelle "l’esclavagisme du communisme", pourrait se lasser de sa passion ?
Issu d’une minorité hongroise en Roumanie, il a été dentiste avant de pouvoir vivre du football. Et sa réussite au FC Metz lui a permis de fermer quelques bouches, nombreuses parmi les sceptiques à son arrivée. Son âge, autant que son passé de Nancéien, n’a pas aidé dans un club traumatisé par son retour en Ligue 2, et où de nombreux éléments ne voulaient pas faire de vieux os.
Dans un vestiaire qu’il a fallu apaiser, Laszlo Bölöni a aussi tranché avec son image d’entraîneur “à l’ancienne”, parfois strict dans ses choix. Alors que l’équipe végétait dans le ventre mou, il a volontiers laissé les clefs du vestiaire à quelques cadres, pour tirer le meilleur de ses éléments les plus prometteurs. À commencer par Georges Mikautadze, qu’il a si bien relancé que le Géorgien est devenu le meilleur buteur (et le meilleur joueur) de Ligue 2 l’an passé.
25 matchs de suite sans défaite plus tard, Bölöni a ramené le FC Metz dans l’élite et emmené tous les supporters du club dans son sillage. Ceux-là savent bien que leur équipe n’est pas la plus talentueuse du championnat, mais aussi qu’elle pourra s’appuyer sur d’autres qualités. Comme celles qui lui ont permis d’accrocher Marseille, à dix contre onze (2-2). "On a passé un examen d’agressivité", a-t-il retenu, une semaine après la correction de Rennes (5-1). "L’agressivité, le culot, l’audace de tenter, si tu les as, ça donne une
autre tenue, les pourcentages s’ajoutent. La prochaine fois, on doit être plus vigilant, encore un peu plus efficace et garder ces valeurs."
"Il mérite un grand respect"La prochaine fois, c’est justement à Clermont, où Pascal Gastien sera le premier à se méfier des qualités de son confrère. "À tous les niveaux, il mérite un grand respect, témoigne le technicien clermontois. C’était un très grand joueur et c’est aussi un grand entraîneur. Il fait toujours beaucoup travailler ses équipes, elles sont toujours très bien organisées."
Parmi les cinq grands championnats européens, la Ligue 1 compte le plus jeune entraîneur et l’un des plus vieux. Pour une moyenne d’âge proche des 50 ans.
À 30 ans, Will Still est le plus jeune coach du “Big Five”, les cinq principaux championnats européens (Allemagne, Angleterre, Espagne, Italie et France). Mais le deuxième plus jeune évolue aussi en Ligue 1 cette saison, depuis que Nice a jeté son dévolu sur l’Italien Francesco Farioli, 34 ans.
En dépit des 70 ans de Laszlo Bölöni, et alors que l’ancienne limite d’âge à 65 ans ne figure plus dans la charte du football professionnel de la LFP, le championnat français affiche une moyenne d’âge d’un peu plus de 50 ans. Mais il n’est pas celui qui mise le plus sur la jeunesse.À 30 ans, Will Still est le plus jeune coach du “Big Five”, les cinq principaux championnats européens.
Cette saison, l’Allemagne ne recense aucun sexagénaire sur les bancs de Bundesliga, et compte huit entraîneurs (sur 18) de moins de 45 ans. Moyenne d’âge : 46,4 ans pour une tendance qui ne date pas d’hier, puisque c’est là-bas que s’est développée, en Europe, la mode des entraîneurs “laptop” (*), donnant des responsabilités à des techniciens sans vécu au plus haut niveau comme joueur, mais qui ont percé notamment grâce à leur maîtrise dans le traitement et l’analyse des fameuses datas.
Pas sûr que cela parle beaucoup à Roy Hodgson, mais ça n’empêche pas l’entraîneur de Crystal Palace, de mener fièrement la bande des papys coachs, du haut de ses 76 ans. À lui seul, il accroît la moyenne d’âge (49 ans) d’une Premier League qui n’affiche qu’un seul coach de moins de 40 ans (Vincent Kompany, à Burnley).
Six coachs de plus de 60 ans en EspagneL’Italie affiche un contingent de cinq entraîneurs de moins de 45 ans, mais aussi, de l’autre côté, trois sexagénaires en plus du “promu” avec Cagliari, Claudio Ranieri, 71 ans. Âge moyen : quasi 52 ans.
Finalement, c’est en Espagne que l’on compte le plus d’"anciens", avec six coachs de plus de 60 ans. Dans un pays où la moyenne d’âge sur le banc culmine à plus de 54 ans, le plus jeune, Xavi, a “déjà” 43 ans.
(*) ordinateur portable.
Laurent Calmut