Le cœur serré, cette pharmacienne d'Aurillac ferme son officine : "Les jeunes diplômés n'en ont pas voulu"
Brigitte Lacoste fermera sa pharmacie, la seule du haut de l'avenue de la République à Aurillac, faute de repreneur. Une situation qu'elle regrette, alors que les comptes sont sains et l'officine stable depuis son ouverture, en 1946. "J'aurai préféré transmettre."
« Vous savez, quand je l’annonce aux clients… ah, il y a des larmes au comptoir, ces jours-ci. » Le 30 juin, Brigitte Lacoste, au 104, avenue de la République, à Aurillac, baissera le rideau de fer de sa pharmacie. Et personne ne le soulèvera. « C’est une fermeture sèche, c’est dramatique, soupire-t-elle. J’aurais préféré transmettre mon officine, c’est un grand regret pour mes clients. »
Unique pharmacie dans le quartier de la gare, elle était ouverte de 9 heures à 19 heures du lundi au samedi, et comptait quelque 90 passages par jour. Le livret de compte est sain, pourtant aucun jeune pharmacien ne s’est manifesté pour reprendre l’officine. Isabelle Lassus, son assistante, est partie en retraite le 31 mars. Depuis, la pharmacienne de bientôt 67 ans doit assurer sa présence tous les jours, y compris les jours de garde.
"Là depuis quarante-cinq ans"« Je suis là depuis quarante-cinq ans », raconte celle qui a été l’assistante de Jean-Pierre Bros, son prédécesseur, pendant dix-neuf ans. Elle en devient titulaire en 1999, et agrandit cette pharmacie de quartier, initialement fondée par Anne-Marie Lafont, en 1946. « J’aime mon quartier, j’aime mes clients. On a pris soin de nos patients, mon assistante et moi. Nous connaissions leur pathologie, leur traitement par cœur. Nous les avons vus évoluer. Le mot, c’est confiance. On m’appelle Brigitte, c’est de l’affectif, de la générosité réciproque. »
Située juste en face de l’école, la petite pharmacie assurait un service de soin « de proximité », qui disparaîtra. Une réalité qui fend le cœur de la pharmacienne. « Je suis triste d’assister à la fin de cette petite pharmacie de quartier. Les jeunes ont peur de l’engagement. Avant, on les vendait au prix du chiffre d’affaires. Maintenant, ce n’est plus le cas, sauf dans les grandes villes. C’est une perte sur tous les plans. »
Anna Modolo