Pourquoi les avocats de Corrèze ont décidé de boycotter les rentrées solennelles de Tulle et Brive
Pour cette journée de rentrée solennelle dans les tribunaux de Brive et de Tulle, où tous les acteurs de la justice se réunissent, les avocats des deux barreaux se sont fait remarquer par leur absence. Explications.
Ils brillent d’ordinaire par leur éloquence. Cette année, ils se sont fait remarquer par leur absence. À l’occasion de la rentrée solennelle des deux juridictions de Brive et de Tulle, les avocats des deux barreaux ont décidé de pratiquer la politique de la chaise vide, ce lundi 30 janvier 2023.
Un boycott qui répond à la décision des chefs de Cour, qui ont décidé de supprimer l’intervention du bâtonnier lors cette cérémonie, au motif que celle-ci n’est pas prescrite par les dispositions du Code de l’organisation judiciaire, et que cette pratique n’est pas répandue dans tous les tribunaux du ressort. Une position légaliste qui a suscité la colère des auxiliaires de justice.
« Une décision brutale, violente, qui fait taire l’avocat »« C’est un usage qui se pratique dans les juridictions de Tulle, Brive et Guéret qui permettait au représentant des avocats de présenter leurs vœux, de faire des remarques sur le fonctionnement de la justice. C’était une prise de parole, à l’instar de celle du président du tribunal et du procureur de la République. C’est une décision brutale, violente, qui fait taire l’avocat », dénonce Laurence Boucherat, bâtonnière du barreau de Brive, où cette prise de parole était pratiquée depuis une quinzaine d’années.
À Tulle, l’usage était vieux de plusieurs décennies. « C’est une décision incompréhensible, car elle intervient en plus après deux ans de pandémie. On était heureux de tous se retrouver d’autant qu’il n’y a pas de contentieux entre le barreau et la juridiction. Cette décision de ne pas être présent, n’est pas dirigée contre notre juridiction », a rappelé Éric Dias, le vice-bâtonnier de Brive.
Un acte symbolique fortPour les robes noires, cette décision s’inscrit dans un contexte de réduction de leur intervention lors des audiences, que ce soit dans leur prise de parole, ou dans leur conclusion. Elle s’inscrit aussi dans celui de la crise sociale liée à la réforme des retraites.
En 2020, lors d’une précédente tentative de réforme, les avocats opposés au projet avaient mené une opération coup de poing en déposant leur robe lors de la rentrée solennelle. « C’est un mouvement qui avait été fait en accord avec les présidents de tribunaux. Ce n'était pas les mêmes chefs de cour, se souvient la bâtonnière. J’espère que ce n’est pas en lien avec cela. »
Pierre Vignaud