En 1882, créer un lycée de filles fut une évidence pour les élus guéretois mais pas pour l'Etat
Pas facile de créer un lycée pour les filles au XIXe siècle ! Les élus de Guéret se lancèrent dans le projet en 1882 mais furent retoqués par l'Etat. Second épisode de notre rubrique historique Faits d'hier consacré à ce projet de lycée
En 1882, le conseil municipal de Guéret décidait de créer un lycée de filles (voir le premier épisode avec le lien ci-dessous).
Après avis favorable donné par le ministère de l’Instruction publique, le maire, Paul Laroche, signait une première convention avec l’Etat, en décembre 1882, puis une seconde, des modifications étant intervenues, en mai 1883.
Par ce document, on apprend que les frais d’installation du lycée, comprenant l’achat des terrains, la construction du bâtiment, l’achat de mobilier pour l’internat et l’externat, de collections scientifiques et matériel d’enseignement, les logements des fonctionnaires, s’élèvent à 600.000 francs, répartis entre l’Etat (350.000 francs) et la ville (250.000 francs).
On y trouve aussi les frais annuels d’externat, simple ou surveillé, de demi-pension et de pension, réclamés aux familles. Pour les classes primaires, ils s’élèvent, dans cet ordre, à 70 francs, 130 francs, 300 francs, 550 francs ; pour l’enseignement secondaire (1re période), à 100 francs, 160 francs, 325 francs, 575 francs ; pour l’enseignement secondaire (2e période), à 120 francs, 180 francs, 350 francs, 600 francs.
On apprend que le traitement annuel de la sous-directrice de l’internat, nourrie et logée, sera de 1.200 francs minimum ; celui des maîtresses d’études, nourries et logées, de 800 francs minimum et que les maîtresses surveillantes du lycée, logées dans l’externat, pourraient prendre leurs repas à l’internat moyennant 45 francs par mois.
Le problème de la tourbeOù construire le lycée des filles ? Le choix du conseil municipal, réuni le 8 décembre 1882, se porta sur des terrains, situés en retrait de la route de Guéret à Limoges (aujourd’hui avenue de la Sénatorerie).
La ville possédait déjà à cet endroit un pré d’un peu plus de deux hectares. L’acquisition de propriétés voisines, appartenant à Mme Bidon et à M. Chirat, également d’environ deux hectares, moyennant la somme de 18.000 francs, lui offrit une superficie suffisante pour y élever le nouvel établissement avec ses dépendances, ses cours et ses jardins.
De plus, il y avait des sources permettant de l’alimenter en eau. Par la suite, la ville acheta une parcelle de terrain à la fabrique de bijoux Savard, afin d’y bâtir le pavillon du concierge. Le 17 juin 1883, le conseil municipal désignait deux architectes du gouvernement, MM. Laisné et Deménieux, pour établir les plans et devis du lycée, ce travail devant être terminé au 1er septembre 1883.
Malheureusement, le coût total de la construction dépassant de 90.000 francs la somme prévue à l’origine, il fallut faire des économies, notamment en abandonnant les ardoises pour la couverture du toit, remplacées par des tuiles du pays. Le 20 février 1884, le conseil municipal adoptait le troisième projet des architectes.
Lors du creusement des fondations, on découvrit que la présence de tourbe sur une épaisseur de 12 mètres de profondeur, compromettait la construction d’une partie des bâtiments et que pour la maintenir à cet endroit, il faudrait établir des puits remplis de béton.
Enfin, les filles ont leur lycéeLes architectes choisirent donc de modifier la disposition des bâtiments, entraînant une dépense supplémentaire de 34.448 francs. Le 8 février 1885, l’assemblée municipale adoptait ce devis supplémentaire, demandant à l’Etat de prendre en charge une partie du surcoût, la ville ne pouvant le supporter seule.
En 1887, alors que l’aménagement du lycée de filles s’achevait, le conseil municipal décidait le 16 novembre de nouvelles économies, notamment en supprimant un système de chasse d’eau dans les cabinets jugé trop gourmand en eau ; en réduisant des 3/5 le coût des bourrelets à poser aux portes et fenêtres des lieux habités ; en faisant exécuter le revêtement macadamisé de la cour par les cantonniers de la ville.
La construction et l’aménagement du lycée de filles revint à 670.000 francs au lieu des 600.000 prévus, malgré les efforts de la ville de Guéret et de l’Etat pour limiter les dépenses inutiles, mais au final, l’établissement guéretois n’avait rien à envier à ceux de villes plus importantes, tant au niveau des équipements comme de l’éducation, de plus situé dans un écrin de verdure.