"Déménager reviendrait à fermer" : la gérante d'une scierie en Corrèze répond aux griefs de riverains
D’un côté, une plainte pour nuisances sonores déposée par des riverains ; de l’autre, une mobilisation en faveur de la scierie de Saillac, une PME familiale centenaire, érigée en symbole d’une ruralité en danger par celles et ceux qui la soutiennent. Entre les deux, services de l’État et élus locaux tentent de trouver une solution par le haut.
Jusque-là silencieuse, la gérante de l’entreprise nous a fait parvenir un document pour répondre aux arguments des riverains "parsemés d’inepties, de mensonges et [d’une] méconnaissance totale de mon établissement".
Si elle reconnaît la "puissance industrielle" de son parc de machines (sciage des grumes de bois et de charpente traditionnelle), "avec une capacité à scier de grosses sections et grandes longueurs", la gérante estime que la société reste artisanale.
"Pas d'augmentation considérable de la mécanisation""Il n’y a pas eu d’augmentation considérable de la mécanisation", comme le reprochent les riverains : "Le couple scie de tête et scie de reprise est en place depuis le milieu des années 1990 et l’atelier de rabotage depuis le début des années 2010".
Quant au passage des poids lourds, " la cadence moyenne est d’un camion grumier par semaine. Nous sommes donc bien loin des scieries véritablement industrielles".
La gérante répond aussi sur les autres nuisances pointées par les riverains : "Les poussières de bois sont lourdes et retombent directement sur place" ; "aucun dispositif de traitement de bois (ni bac de trempage, ni cabine d’aspersion ou cellule sous vide) n’est présent sur notre site".
« Pas les moyens d’investir » ailleursCelle qui est aussi élue locale à Saillac évoque enfin la dévalorisation des biens immobiliers qu’engendrerait la proximité de la scierie :
A ce jour, une seule maison, appartenant à certains membres supposés de ce collectif (de riverains, NDLR), n’arrive pas à être cédée […] Même celles situées dans le pourtour immédiat de la scierie se sont vendues aisément dans la dernière décennie
Les plaignants demandent "une réimplantation géographique" de l’entreprise, "dans un lieu adapté et conforme à l’activité".
"Demander la délocalisation de mon outil de production, revient à demander la fermeture", répond la gérante.
Étant, je le rappelle une nouvelle fois, une structure artisanale, je n’aurai pas les moyens d’investir pour remonter de telles chaînes de sciage et rabotage que mon père a mis une vie professionnelle à monter ! Je ne déplace pas un bureau d’études avec 3 ou 4 ordinateurs ; je déplace des machines de production qui demandent de l’espace et un aménagement spécifique coûteux.
Et en cas de déménagement, "pourra-t-on me certifier que mon activité par essence bruyante ne va pas déranger quelconques habitants ?".
Estimant que la scierie est remise en cause "par un petit nombre de personnes mues par des motivations purement vénales", la gérante trouve "fort dommageable que la législation et les normes en vigueur drastiques défavorisent les petites structures. Autrefois, le bruit des activités était perçu comme étant la vie des villages ; aujourd’hui, il est devenu une nuisance."
Eric Porte