Paul Marcon rêve de décrocher en janvier le Bocuse d'or trente ans après son père Régis
Si certains doivent se faire un prénom, Paul Marcon devra aller encore plus loin. Le fils du chef triplement étoilé Régis Marcon, installé à Saint-Bonnet-le-Froid (Haute-Loire), porte son prénom en hommage à Paul Bocuse, le plus fameux chef français de tous les temps. Car il est né… neuf mois après le couronnement de son père, en 1995, au concours culinaire des Bocuse d’or. Ce mercredi 28 mars, à Lyon, celui qui défendra les couleurs de la France aux Bocuse d’or 2025, trente ans après son père, a été gentiment invité à rappeler cette anecdote. Il a saisi l’occasion de bien préciser ses intentions. « Si j’avais postulé pour cette simple raison, je serais sûr d’exploser en vol, car l’investissement est trop important. Je suis candidat parce que je suis un compétiteur. Je ne suis pas assez bon au football pour pouvoir participer à une coupe du monde, mais j’ai l’occasion d’en disputer une dans mon domaine », a déclaré le jeune homme de 28 ans, faisant déjà preuve d’assurance et de maturité face à micros et caméras.
Paul Marcon fera équipe avec Camille Pigot. Ils seront coachés par Christophe Quantin.Chaque candidat devant être assisté pendant le concours, Paul Marcon a choisi comme commis Camille Pigot (21 ans), originaire des Yvelines. « J’avais besoin d’un commis efficace, on m’a tout de suite conseillé Camille. On a travaillé un mois ensemble et cela a été vite évident qu’il s’agissait de la bonne personne », raconte le jeune cuisinier. Au concours national des Bocuse d’or dont la finale s’est tenue à Paris en septembre, le duo a effacé une vingtaine de concurrents, gagnant le droit de défendre les couleurs de la France pour la finale mondiale, les 26 et 27 janvier, à Lyon. Leur coach sera Christophe Quantin, Meilleur ouvrier de France en 1994 et aujourd’hui vice-président du concours des MOF (le président est Alain Ducasse).Avant la grande finale où seront en lice 24 pays, se sont tenus les Bocuse européens, organisés en Norvège ce mois-ci. Paul Marcon et Camille Pigot ont terminé cinquièmes sur dix. Un classement que le candidat juge satisfaisant. D’autant que le dernier vainqueur français des Bocuse d’or, Davy Tissot, lauréat en 2021, était pour sa part arrivé sixième.
C’est en septembre que le sujet du concours sera connu. Paul Marcon et sa commis arrêteront alors toute activité professionnelle pour travailler leurs créations et s’entraîner à blanc. D’ici là Paul Marcon aura repris son activité aux cotés de son père Régis et de son frère Jacques, mais le jeune homme sera aussi allé se confronter à d’autres méthodes de travail, d’autres cultures. « Pour remporter le Bocuse il faut plaire à 24 palais différents, tout en cultivant notre identité française », sait le jeune chef. Les mois de bénévolat qu’il va s’imposer ont relancé le débat sur les moyens alloués à la Team France. La présentation de la Team France s’étant tenue dans les locaux de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, premier financeur de l’équipe, avec 130.000 € (sur 500.000 €), son président, Laurent Wauquiez (LR), a déclaré :
Nos chefs, c’est l’image de marque de notre pays. Et je regrette que le soutien de l’État ne soit pas au niveau d’autres pays, comme la Norvège, le Danemark, le Japon, la Corée-du-Sud. C’est une vraie erreur, car nous sommes engagés dans une compétition internationale, au même titre que les Jeux Olympiques.
Sa collectivité porte le projet de Centre national d’excellence Auvergne-Rhône-Alpes de la gastronomie et ses filières, plus souvent appelé Clairefontaine de la gastronomie, en référence au centre d’entraînement de l’équipe de France de football. Un Groupement d’intérêt public (GIP) associant les collectivités et les fédérations nationales des métiers de bouche est en cours de constitution.A noter que cette promotion de l’équipe de France pour les Bocuse d’or 2025 porte le nom de Serge Vieira. Le chef auvergnat, sacré Bocuse d’Or en 2005, s’est éteint en 2023. En 2021, il était le président de la Team France quand Davy Tissot a remporté le concours mondial.
Laurent Bernard