Comment l'école de Chaudes-Aigues agit pour la santé de ses élèves
Depuis plus de cinq ans maintenant, l’école primaire de Chaudes-Aigues se penche sur la santé de ses élèves, et tout ce qui pourrait l’améliorer. Ce qui lui a valu d’être la seule du département labellisée Edusanté.
C’est un petit diplôme, en A4, encadré vers l’entrée de la salle des professeurs. Et, faute d’apporter directement des moyens supplémentaires, c’est un label qui permettra à l’établissement de sortir du lot à l’heure de demander des financements. Mais surtout, être certifié Edusanté par l’Éducation Nationale, pour l’école de Chaudes-Aigues, c’est la reconnaissance d’un vrai travail de fond au service des élèves. Car, comme le résume sa directive, Valérie Chassany, « cela fait des années maintenant que tous les enseignants qui se sont succédé ont veillé à la santé des élèves et mené des actions en ce sens. »
Une étude et un constat alarmantEt ce, avant la crise Covid. « Nous avions participé au projet Alliance, mené par le rectorat de la grande région, rembobine cette dernière. À ce titre, nous avions participé à une étude sur la santé et l’activité physique des jeunes. Des élèves avaient répondu à un questionnaire trois années de suite, du CE2 au CM2. Et les résultats ont permis de mesurer que même dans un milieu rural comme le nôtre, leur santé s’effrite. L’obésité progresse, ils font moins d’activités, jouent beaucoup aux jeux vidéo. Et même s’ils habitent dans la nature, puisque 70 % de nos élèves viennent des communes alentour, ils ne sortent pas tant que ça les week-ends. » Un constat devenu plus alarmant encore depuis.
Au retour du Covid, cela a été flagrant : leur sédentarité s’est encore aggravée, et les problèmes qui vont avec, de poids, de manque de mobilité. J’ai vu des élèves de CM souffler pour passer d’une position assise à debout…
Des aménagementsAlors, l’école a réagi. « Le dispositif Alliance nous a permis, nous enseignants, de recevoir des formations. Dans la foulée, on a instauré des récréations actives, avec du matériel à disposition des enfants, qui pouvaient par exemple créer leurs parcours. La mairie et le conseil départemental ont déplacé deux classes au premier étage, ce qui a permis de créer une salle de motricité au rez-de-chaussée.
De la sensibilisationEt d’autres actions ont été menées en partenariat avec l’infirmière scolaire de bassin, avec des interventions sur le sommeil, les écrans, quand la PMI est venue parler aux enfants de l’hygiène corporelle, du brossage des dents, des poux… Partant du principe que si on ne peut interpeller directement les parents, les petits passeront le message. » Des efforts qui ont payé. « On a vu des enfants devenir plus mobiles, on a moins de conflits dans la cour aussi, même si on a jamais eu rien de grave avant. Par contre, pour les écrans, on n’y arrive pas… »
Un travail sur l'environnementEt, au-delà de la santé, l’équipe a aussi voulu influer sur l’environnement, au sens large, « le climat scolaire pour prendre un mot à la mode. » En multipliant les initiatives, de la chasse au gaspillage alimentaire à la cantine, en lien avec le collège, au programme « phare » contre le harcèlement, en passant par des actions communes avec le Sytec en matière de déchets, ou le PNR Aubrac sur la pollution lumineuse ou sur les arbres.
Le chantier de la courMais le gros projet à venir concerne la cour. « Elle est toute en bitume, elle manque d’ombre hormis sous le préau, à tel point que la pause méridienne se fait souvent en classe aux beaux jours. Grâce aux labels Edusanté, et E3D qu’on a aussi obtenu, on a été retenus pour travailler à sa rénovation, avec le CAUE et le CPIE. Huit ateliers ont été organisés, auxquels ont été associés les enfants, deux par niveau, pour les impliquer au maximum. On a pris des mesures, ils ont été associés à des questionnaires, et ils ont eux-mêmes créé la maquette de la future cour. » Ils l’ont même présenté aux parents, et au conseil municipal.
La future cour, imaginée par les élèves, avec un potager qui servira de basse à une grainothèque.? Une cour qui devrait donc changer du tout au tout, avec de la végétation, un potager… « et, par souci d’économie comme pour impliquer le plus de monde, on la rénovera via un chantier participatif, avec les parents. » Car, pour cette action comme pour les précédentes, « si ça représente des efforts, ça fédère aussi l’école » apprécie la directrice.