Dans la coiffure et l'esthétique, priorité à l'équilibre personnel côté professionnels, et au bien-être, côté clients

Salons de coiffure privés, instituts de beauté ambulants ou hyperspécialisés, nouveaux horaires, espaces privatisables et prestations sur mesure, l’univers de la coiffure et de l’esthétique est en plein renouvellement pour répondre aux nouveaux besoins et contraintes.

Problèmes de recrutement, inflation des coûts, évolution des attentes, les secteurs de la coiffure et de l’esthétique doivent s’adapter, voire se réinventer.

Paulo Do Couto exerce la coiffure depuis 30 ans, dont 14 ans à son compte, au salon Paul Création à Gerzat. C’est aussi le président départemental de l’Unec (Union nationale des entreprises de coiffure). 

On observe que les jeunes s’installent à leur compte beaucoup plus vite qu’auparavant, une fois diplômés ; qu’ils ouvrent plus de barbers que de salons de coiffure d’ailleurs et que beaucoup de salons ont aussi fermé ces derniers temps 

En moyenne, 50 à 60 % des salons font travailler une personne et demi (le patron et un employé à mi-temps), 15 à 20 %, deux personnes et 5 à 10 %, plus de cinq salariés. 60 % des chefs d’entreprise perçoivent 900 euros de revenu par mois seulement. La rentabilité n’est donc pas énorme. Avant le Covid, la fréquentation moyenne pour un(e) client(e) était de cinq à six passages par an chez le coiffeur. 

Paulo Do Couto de Paul Création Coiffeur et président de UNEC 63  

"Nous sommes un métier artisanal et artistique qui n’a pas su, je crois, monter en gamme et dégager de la rentabilité pour relever les rémunérations. On est toujours sur un modèle petit salon, petit prix, petit salaire”, remarque Paulo Do Couto. 

Trop de salons ne coupent que les cheveux. À mon sens, il faut développer le conseil et les services, trouver des formules pour fidéliser sa clientèle et s’assurer ainsi une trésorerie régulière. Il faut aussi réfléchir à la fréquentation de son salon en fonction de sa géolocalisation pour adapter ses horaires avec des nocturnes par exemple. 

On n’ouvre pas à Clermont-Ferrand comme à la campagne "même si l’on voit partout que les gens viennent beaucoup moins le samedi qui est de plus en plus une journée de loisirs dédiée à la famille. Les temps changent, les priorités et les besoins des gens aussi, il faut s’adapter et se renouveler".

Lui a mis en place, avec sa femme, une offre de soins esthétiques. Il propose aussi une nocturne le jeudi jusqu’à 20 heures, une carte à 7 € qui offre 15 % de réduction du mardi au jeudi et une autre à 128 € pour quatre mois de coupes illimitées pour les hommes.

"La première incite tous ceux qui le peuvent à prendre rendez-vous en début de semaine pour libérer les vendredi et samedi pour les actifs qui ont moins de liberté. Je n’ai quasiment plus de retraités en fin de semaine et une fréquentation plus régulière tout au long de la semaine pour occuper mes salariés. La seconde m’apporte une trésorerie régulière. C’est à chacun de trouver la bonne formule".Paulo Do Couto note encore que :

 Trop de patrons sont esclaves de leur salon et ne connaissent pas leur marge brute. Patron à 900 € ou salarié au SMIC à 35 heures, il faut se poser la question ».

Audrey Vieira, co-présidente départementale de la CNAIB (Confédération nationale artisanale des instituts de beauté) est à son compte depuis 14 ans et a ouvert son institut-spa Cocon Nature, à Sayat.

Audrey Vieira estheticienne Cocon Nature à Sayat co présidete CNAIB 63"Après le COVID, les clients (car il y a de plus en plus d’hommes qui viennent pour des épilations, des modelages), ont mis du temps à revenir chez nous, mais ils ont aussi pris conscience de l’importance de prendre soin d’eux."

Aujourd’hui, les clients viennent moins souvent, mais s’offrent des vrais moments pour eux et dépensent plus. Il y a eu une bascule de l’esthétique pure vers le bien-être.

La profession se bat d’ailleurs pour une définition claire de ce qu’est un soin esthétique et de qui peut l’exercer alors que les instituts utilisent des appareils de plus en plus sophistiqués, pour l’épilation définitive au laser par exemple."Aujourd’hui, vous n’avez pas besoin d’un CAP pour poser des ongles, des cils, ou faire des massages (les esthéticiennes peuvent de nouveau utiliser ce terme), pourquoi s’embêter à passer des diplômes, un CAP ou un brevet professionnel ?" Si de plus en plus d’instituts se spécialisent, d’autres ont basculé en salon privé ne recevant que sur rendez-vous pour limiter les coûts et tous cherchent à mieux répondre aux attentes.Audrey Vieira, elle, s’est adaptée avec une large amplitude horaire du lundi au samedi, des soins pour les hommes, des soins duos pour les couples, particulièrement appréciés des jeunes parents, ou encore la possibilité de privatiser le spa (jacuzzi, hammam et sauna) pendant deux heures pour un enterrement de vie de jeunes filles par exemple.On le sait : saisir l’air du temps et s’adapter a toujours été la loi de la survie ! 

Celine Rollin, en reconversion professionnelle et Mélanie Pister, esthéticienne à Issoire , se forment à différents types de massage avec Alexandra Gaillot fondatrice de Source de beauté formation à Saint-Bonnet-près-Riom.

Au centre de formation "Source de Beauté Formation", qu’elle a créé en 2018 à Saint-Bonnet-près-Riom, Alexandra Gaillot note, tout au contraire, un regain d’intérêt pour la profession que ce soit chez les jeunes qui s’inscrivent pour un CAP, un brevet professionnel, un bac pro ou un BTS, que des femmes en reconversion ou des professionnelles  établies ( 500 par an)  venues suivre des formations complémentaires pour proposer de nouvelles prestations à leur clientèle :

"Il y a un réel recentrage sur le bien-être. Il y a un réel recentrage sur le bien-être. Les massages notamment sont en vogue  et il en existe beaucoup".

Justement, lorsqu'on la rencontre, c'est à Céline Rollin venue de l'Allier et à Mélanie Pister, esthéticienne à Issoire, qu'elle enseigne une technique de massage plantaire avec un bol indien et du beurre clarifié. 

Céline Rollin , ancienne assistante RH a un projet de chambres d'hôte du côté de Vichy et souhaite proposer des massages en complément à sa future clientèle en quête de bien-être. "Je profite de mon congé de reclassement pour me former à une dizaine de massages (californien, hawaïen, balinais...)", explique-t-elle. Quant à Mélanie Pister, elle souhaite  "élargir le panel de prestations" qu'elle propose dans son institut ouvert en octobre dernier.

Géraldine Messina