"Il vivait en rue pour boire et trouver une paix intérieure. Et aussi pour se punir…": les proches de Vincent, SDF décédé dans la rue, témoignent
La vie de Vincent s'est arrêtée ce 11 janvier, dans la rue. Son corps a été retrouvé à Namur, en face de la gare.
Une petite assemblée est rassemblée au crématorium. Plusieurs pasteurs, un représentant des travailleurs sociaux, quelques connaissances et bien sûr, la famille. Tous sont présents pour faire un dernier adieu à Vincent, mort dans la rue. Son corps a été retrouvé en face de la gare de Namur ce 11 janvier, après huit ans de galère. Pour le magazine Moustique, ses proches se confient sur le parcours de vie compliqué de l'homme de 55 ans.
"Il était très aidant", se souvient un ancien SDF qui a vécu dans la rue un an et demi avec lui. Pour lui, la mort de Vincent relève presque d'un "suicide camouflé". "Je le voyais encore de temps en temps. Je le poussais à aller à l'abri de nuit. Il voulait vraiment en finir. Il n'avait plus de sac à dos, plus de papiers, plus rien", se rappelle-t-il.
La vie de Vincent avait pourtant bien commencé, se souvient le pasteur auprès nos confrères : il décrit un jeune "agréable et serviable", footballeur et menuisier. Vincent s'est ensuite marié et a eu des enfants, un parcours traditionnel. "Puis, il y a eu un dérapage. Malgré l'amour de ses parents, de ses filles, malgré les assistants sociaux qui ont dépensé tant d'énergie pour lui apporter un réconfort et le secours dont il aurait pu bénéficier, il a fait le choix d'être et de rester un SDF", explique-t-il.
Pour Olivier Hissette, coordinateur adjoint du Relais social de la Ville de Namur, Vincent a été victime d'un "ultime découragement" après des années à subir harcèlement, agression ou vol. Les travailleurs sociaux essayaient de le sortir de la rue en lui faisant accepter un logement. Mais la crise du coronavirus a perturbé l'agenda et l'hiver est arrivé. "Vincent en est mort".
Lydia, l'une de ses filles, tente d'expliquer le parcours de son père. "Chez nous, dans notre famille, il y a l'alcool, les médicaments et des blessures profondes", précise-t-elle. "Il vivait en rue pour boire et trouver une paix intérieure. Et aussi pour se punir… On a essayé de le prendre chez nous, mais il volait et il était violent… On doit se protéger, aussi. Il a fallu le faire: on a eu des enfants".
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