La Commission européenne fait un usage trop peu réfléchi des consultants externes, constate la Cour des comptes : "Elle devrait veiller à rentabiliser au mieux l’argent qu’elle dépense”
La Commission européenne dépense à peu près un milliard d’euros par an (971 millions, en 2021) pour financer des activités de conseil, d’étude, d’évaluation et de recherche menées par des consultants extérieurs. Sur une période courant de 2017 à 2020, le coût de l’usage par la Commission de services de ce type représentait environ 3,7 milliards d’euros, a calculé la Cour des comptes européenne, qui publie un rapport sur ce sujet.
Les résultats sont-ils à la hauteur de l'investissement ? "Il peut s'avérer utile, voire nécessaire, d'externaliser certaines tâches", souligne François-Roger Cazala, le membre de la Cour qui a mené l'audit. "Mais la Commission européenne devrait veiller à rentabiliser au mieux l'argent qu'elle dépense"(celui des contribuables européens, NdlR) complète le Français. Or, constate la Cour, la façon dont la Commission, ses directions générales et les agences de l'Union engagent et utilisent des consultants extérieurs ne permet pas de le garantir.
Il est d'autant plus nécessaire de corriger le tir, que le phénomène prend de l'ampleur. Même si, précise M. Cazala, il n'est pas démesuré par rapport à ce qu'on voit dans les États membres. "La Commission dépense 0,61 % en services de consultance pour plus de 1 % du budget, en France", souligne l'auditeur, admettant qu'il est "difficile de comparer une institution avec un État membre". Le rapport ne porte d'ailleurs pas sur le fait que la Commission ferait un usage immodéré des consultants, insiste-t-il, mais s'intéresse aux procédures "qui doivent permettre d'assurer qu'elle n'exagère pas. Or, nous constatons des manquements dans la procédure".