Certains veulent rendre la montagne plus attractive en y implantant de nouvelles activités de divertissement. Ne cédons pas à cette tentation
Un texte de Laura Rizzerio. Philosophe (UNamur)
Depuis des années je passe mes congés d’été dans les Alpes italiennes près du mont Viso, dans un petit hameau composé d’anciennes maisons de bergers. Les maisons sont privées, mais les terrains sont communaux, ce qui fait qu’entre les bâtis il n’y a aucune clôture et que les jardins sont partagés, gérés comme une ressource commune qui est soignée par chacun pour le bien de tous. Aucun commerce ne s’y trouve et la première épicerie est à 20 minutes à pied. La montagne, silencieuse, surplombe ce lieu paisible où, normalement, seuls les voix humaines, le son des cloches des vaches, le chant des oiseaux et les aboiements des quelques chiens présents rompent le silence qu’elle impose. Cet environnement est un lieu propice pour se reconnecter avec ce qu’on est en profondeur.
Majestueuse, la montagne force le respect et l’humilité. Elle se tient là, résiliente aux intempéries qui la frappent, “humble” et imperturbable même face aux catastrophes qui l’atteignent – causées, en partie, par les changements que l’activité humaine impose à la nature. Pour la gravir, il faut répondre avec humilité à l’humilité qu’elle impose. À celui qui l’aborde avec arrogance, elle rend la monnaie de sa pièce : l’ascension se transforme en peine, voire en échec. À celui qui l’accueille avec respect, elle offre ses trésors : la force et le courage dans l’ascension, la solidarité entre marcheurs dans la progression de la montée, la bienveillance envers les vivants qu’elle abrite, la paix qui naît ...