Tentatives d'assassinats à Dore-l'Église : le tireur présumé est parti sans un mot en détention provisoire
L’auteur présumé de l’agression par arme à feu d’un couple de retraités, le mercredi 27 décembre, dans un hameau de Dore-l’Église (Puy-de-Dôme), a été placé en détention provisoire, ce jeudi 4 janvier, à l’issue du débat devant le juge des libertés et de la détention, au tribunal judiciaire de Clermont-Ferrand.
L’incompréhension. Depuis maintenant une semaine et la violente agression par arme à feu d’un couple de retraités, dans le hameau du « Béal », à Dore-l’Église, ce mot est dans toutes les têtes.
Personne ne parvient à comprendre ce qui aurait poussé Michaël G., 44 ans, à se saisir d’un revolver 8 mm chargé de six balles (et détenu illégalement), le mercredi 27 décembre, vers 18 h 30, à frapper à la porte de ses plus proches voisins (un homme de 67 ans et une femme de 70 ans) et à faire immédiatement feu, à quatre reprises, sans sommation.
Quatre balles tirées dans l'abdomenTandis que le septuagénaire, atteint par quatre projectiles à l’abdomen, s’écroulait, sa compagne était violemment frappée à une arcade à coups de crosse (1).
L’agresseur présumé était ensuite rentré chez lui, quelques dizaines de mètres plus loin, avait posé son arme de poing dans son atelier et attendu que les gendarmes viennent l’interpeller.
Face au juge d’instruction qui l’a mis en examen pour tentative d’assassinat (2), vendredi dernier, le quadragénaire avait choisi de garder le silence, ne donnant aucune explication sur ce qui l’aurait amené à commettre ce geste insensé.
Il garde le silence devant le juge des libertés et de la détentionEt son attitude est restée la même, ce jeudi après-midi, devant le juge des libertés et de la détention (JLD), qui devait statuer, dans le cadre d’un débat différé, sur son éventuel placement en détention provisoire, requis par le parquet : il a indiqué dès le début de l’audience qu’il ne s’exprimerait pas.
Face à ce mutisme, le représentant du ministère public, Thibault Fouris, a une nouvelle fois évoqué "l’incompréhension autour de cette affaire d’une extrême gravité", mais aussi "un sentiment de gâchis".
"Outre le sort réservé aux victimes, le mis en cause est un homme inséré, marié et père de deux enfants. Les expertises psychiatriques et psychologiques dont il va faire l’objet seront sans doute essentielles pour comprendre son cheminement, jusqu’aux faits du 27 décembre".
Le très peu crédible "tir accidentel"L’avocat de Michaël G., Me Jérémy Beranger, suppléant Me Lucie Buisson, a reconnu "partager ce même sentiment de gâchis et d’incompréhension".
Il a plaidé pour le placement du tireur présumé "sous le contrôle judiciaire le plus strict, avec obligation de soins". Écartant ainsi "les risques de pression sur les victimes ou de renouvellement de l’infraction avancés par le parquet pour demander son placement en détention provisoire".
Après une demi-heure de délibéré, le JLD, Jean-Christophe Riboulet, a décidé – sans surprise – du placement du quadragénaire en détention provisoire. "Évoquer un tir accidentel, comme vous avez pu le faire (vraisemblablement en garde à vue, NDLR), tout en logeant quatre balles dans l’abdomen de la victime, je ne vois pas trop comment c’est possible", lui a indiqué le magistrat au moment de détailler les motivations de son ordonnance.
"Éviter que vous attentiez à votre vie""De nombreuses investigations doivent encore être menées, notamment pour comprendre le déroulé de cette soirée, dont la femme que vous avez blessée à la tête et vous n’avez pas la même version". "Enfin, ce placement en détention doit aussi permettre, en vous surveillant et dans la mesure où nous ne savons quasiment rien de vous, de vous éviter d’attenter à votre vie".
Michaël G. a écouté ces explications sans broncher, se contentant de hocher la tête. Il est ensuite reparti comme il était venu, entouré de son escorte pénitentiaire. Sans réaction et sans un mot.
Christian Lefèvre
(1) Le parquet clermontois a indiqué, ce jeudi, que l’homme "est désormais sorti du coma, mais que son pronostic vital est toujours engagé". Quant à sa conjointe, le ou les coups reçus "pourraient entraîner une perte partielle et irréversible de la vision au niveau de l’un de ses yeux".
(2) Cette qualification criminelle lui fait encourir la réclusion criminelle à perpétuité.