L'ancien ministre du Logement Pierre-André Périssol se souvient : "Chirac m'a dit simplement, tu es ministre"
Alors qu'un nouveau Gouvernement est en train d'être formé, on a demandé à Pierre-André Périssol d'ouvrir la boîte à souvenirs. Le maire de Moulins raconte ce moment où il a appris qu'il était nommé ministre du Logement, en mai 1995. Par le président Chirac lui-même, par un simple coup de fil.
Nommé ministre du Logement par Jacques Chirac le 18 mai 1995, Pierre-André Périssol, aujourd'hui maire LR de Moulins, se souvient :
Ce n'était pas une surprise. Député de l'Allier depuis 1993, j'avais travaillé sur un projet pour répondre à la crise du logement et de l'accès à la propriété, que connaissait alors la France, conséquence de la guerre du Golfe. Le logement était un sujet chaud du moment. J'avais réuni des acteurs opérationnels, syndicaux, administratifs, politiques et j'avais présenté dans un livre, "En mal de toit", mes idées, le prêt à taux zéro, dont l'objectif était de permettre à des ménages modestes d'accéder à la propriété et l'amortissement immobilier, qui porte désormais mon nom.
Chirac, relate-t-il, a été conquis et s'est approprié ce projet. "Il m'avait dit : "si je suis élu, je compte sur toi". Ces idées lui avaient permis de marquer des points, lors du débat du second tour, face à Lionel Jospin".
"Je n'ai donc pas été pris de court, j'étais là pour mettre en œuvre un programme, ce n'était pas une nomination politique".
Pierre-André Périssol avec Jacques Chirac le 24 mars 1993 pour la campagne des législatives, place d'Allier à Moulins. Archive Philippe Bigard
Un simple coup de fil...Ce n'est pas le Premier ministre, Alain Juppé, qui lui a annoncé son entrée au Gouvernement, mais le président de la République lui-même :
"Lorsque Chirac m'a appelé ce jour de mai 1995, à 16 heures, je travaillais à mon bureau. Il m'a annoncé simplement : "Tu es ministre, tu vas mettre toutes ces réformes en œuvre". J'étais très heureux, mais je l'ai surtout senti comme un immense devoir vis-à-vis de la nation. Il s'agissait d'œuvrer dans le secteur du logement, fondamental pour le secteur social, de donner une chance à tout le monde de devenir propriétaire".
L'annonce au cercle familial n'a pas été des plus simples :
Quand je l'ai annoncé à mes proches, ils étaient contents, mais ils ont réalisé qu'ils allaient encore me voir un peu moins. Ils ne me voyaient déjà pas beaucoup... La vie familiale est très impactée.
... et très vite, des réformes à lancerL'euphorie du moment vite digérée, c'est l'ampleur de la tâche et les difficultés à venir qui ont concentré toute son énergie :
Le travail qui m'attendait n'était pas simple, car l'Administration n'était pas prête à ces réformes! J'avais une équipe à constituer, mon prédécesseur et les directeurs des administrations à contacter, mon premier conseil des ministres dès le lendemain... Et je n'y étais pas préparé.
Néanmoins, Pierre-André Périssol a perçu ce portefeuille "comme une chance. Je voulais donner tout ce que j'avais en moi, montrer que je tenais la route. Et tenir le cahier des charges que je m'étais moi-même fixé. En octobre, le prêt à taux zéro était créé et l'amortissement immobilier était mis en place l'année suivante."
Ariane Bouhours