"Les décisions sont très attendues et doivent être au niveau" pour le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, présent dans l'Yonne
Les présidents de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs (JA) sont allés à la rencontre des agriculteurs mobilisés sur l'A6, à Nitry, dans l'Yonne, ce jeudi 25 janvier 2024. L'occasion pour eux de remettre la pression sur le Premier ministre Gabriel Attal, qui doit faire des annonces ce vendredi. "La balle est dans le camp du gouvernement", ont lancé conjointement Arnaud Rousseau et Arnaud Gaillot.
Une conférence de presse sous un pont d'autoroute. Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, et Arnaud Gaillot, son homologue des Jeunes Agriculteurs, se sont rendus, ce jeudi 25 janvier 2024, sur un point de blocage de l'autoroute A6, à Nitry, dans l'Yonne. Toute la matinée, une bonne centaine d'agriculteurs locaux, au volant de leurs tracteurs, ont organisé une opération escargot depuis plusieurs péages, jusqu'à ce point de ralliement.
"Afficher la détermination totale des agriculteurs"C'est donc ce lieu qu'ont choisi les deux présidents pour s'exprimer face à la presse alors que la mobilisation est encore montée d'un cran. "Dans l’Yonne comme partout en France, l’objectif est d’afficher la détermination totale des agriculteurs", lançait en préambule Arnaud Rousseau. Le président de la FNSEA estime que "le niveau d’attente est très fort et que les agriculteurs n'en peuvent plus d'attendre".L'A6 était paralysée par des dizaines de tracteurs, dans l'Yonne, à hauteur du péage de Nitry.
Les décisions qui devraient être annoncées demain (vendredi) par le Premier ministre sont très attendues. Elles doivent être très au niveau.
De son côté, le président des Jeunes Agriculteurs rappelait que, la veille, les deux syndicats avaient transmis "une synthèse de 140 demandes" formulées conjointement. "Il y a un paquet de demandes sur lesquelles nous ne transigerons pas, affirmait Arnaud Gaillot. Il faut s’attaquer aux plus urgentes qui touchent le sanitaire, les accords internationaux, la négociation des prix ou encore les moyens de production."
Accords de libre-échange, rémunération : la FNSEA et les JA adressent une liste de revendications au gouvernement
Sans connaître pour le moment la teneur des mesures que pourrait dévoiler le Premier ministre Gabriel Attal ce vendredi, les deux hommes se sont refusés à se projeter sur la suite du mouvement.
"Pour l’heure, rien n’est négociable, la balle est dans le camp du gouvernement. Demandez à Gabriel Attal quand les blocages seront levés, c'est lui qui a les clés, qui a les demandes pour les lever."
Ils se sont tout de même satisfaits que "le mouvement monte en puissance", avant d'ajouter que "toutes les possibilités d’action sont sur la table en poursuivant un même but, sans faire de dégradations inutiles".
"La capitale doit être un dernier recours"Interrogé sur l'action coup-de-poing menée à Agen (Lot-et-Garonne), notamment devant la préfecture, lors d'une manifestation de la Coordination rurale, Arnaud Gaillot a fait savoir que "ce ne sont pas [ses] modes d’action, mais les gens sont parfois dans une détresse telle qu’elle les amène à faire des choses qui ne sont pas acceptables". Le président des JA renvoie, là encore, la responsabilité sur le gouvernement, qui "doit prendre conscience que plus, il laissera se durcir le mouvement, plus il y aura des risques de débordement. La capitale doit être un dernier recours. C’est au gouvernement de faire en sorte que l’on n’en arrive pas à paralyser un pays qui a bien d’autres problèmes".Les deux hommes ont échangé longuement avec les agriculteurs de l'Yonne.
Le président de la FNSEA a, lui, martelé "les racines profondes de la colère" : "Si on en est arrivé là, c'est parce que depuis vingt ans, on a perdu la liberté d’entreprendre. Pour Arnaud Rousseau, cela s'explique par l'accumulation des normes : "Le bon sens paysan qui a toujours prévalu, aujourd’hui, il est complètement remis en cause. Et cela, les agriculteurs ne le tolèrent pas. Ce n’est pas seulement une question d’argent qui est posée. La question est surtout de savoir comment on redonne du sens, une vision, un cap à l’agriculture."
Les deux chefs de file ont prévu d'écouter avec attention les annonces du Premier ministre ce vendredi. Ils les soumettront à leurs adhérents qui devront décider s'il faut poursuivre ou non la mobilisation.
Antoine Compigne Follow @an_compigne