Comment une balade du dimanche en famille a permis de sauver une magnifique villa du début du XXe siècle à Brive
Inoccupée depuis une quinzaine d’années, une des villas remarquables de Brive (Corrèze) s’apprête à reprendre vie, à l’angle du boulevard Grivel et de l’avenue Alsace-Lorraine.
Lorsqu’elle est sortie de terre en 1906-1907, juste à côté de la caserne Brune à Brive (Corrèze), l’architecte François Macary n’imaginait sûrement pas que la villa cossue dont il avait minutieusement dessiné les plans se retrouverait à l’abandon, un siècle plus tard. Ni qu’elle devrait sa renaissance à une promenade dominicale en famille…
Un accord trouvé après deux mois de négociations« Ça faisait déjà plusieurs années que je cherchais à acheter un bâtiment et on parlait justement de ça avec ma femme, ce jour-là, en se baladant avec nos deux enfants, explique Grégory Rabès, son nouveau propriétaire. Quand on est arrivé au feu rouge de l’avenue Alsace-Lorraine, un peu sur le ton de la blague, je lui ai dit : “Tu vois, une maison comme celle-là, ce serait le top”. Et elle m’a pris au mot en me disant de me renseigner… »
Le lendemain, Grégory Rabès file aux impôts pour identifier le propriétaire de la maison. « Je l’ai contacté sans certitude vu qu’elle n’était pas à vendre, mais il m’a dit “pourquoi pas”. » Après deux mois de négociations, un accord est trouvé. « J’ai fait l’offre en janvier, on a signé en mai et les travaux ont commencé en juin… »Lorsqu'il a racheté la villa Grivel en mai dernier, elle était inoccupée depuis une bonne quinzaine d'années.
Huit mois de travaux pour rénover la bâtissePour le coup, un sacré chantier. Car au cours de la décennie où elle est restée “vide”, cette belle bâtisse de 250 mètres carrés a aussi été squattée. « Il n’y avait plus de WC, des canalisations avaient été détruites, etc. Et le terrain était en friche… », glisse Grégory Rabès. Un décor à des années-lumière de la demeure originelle qui avait valu à son architecte, un long article, en novembre 1909, dans la revue L’Habitation Pratique.
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Une agence immobilière et des appartements à la locationS’il n’a pas eu à toucher aux façades en pierre de brasier et aux beaux décors en faïence dont elle est ornée, Grégory Rabès a en revanche totalement redéfini les espaces. D’une part pour installer les nouveaux locaux de son agence immobilière Stéphane Plaza, jusqu’alors située avenue Thiers?; d’autre part, pour créer dans les deux étages supérieurs, deux T3 de 60 mètres carrés, qu’il va mettre à la location.
Le quadragénaire a également fait rénover entièrement la dépendance située à l’arrière de la villa pour la transformer en une maisonnette de 50 mètres carrés, elle aussi à louer.L'agence immobilière de Grégory Rabès occupera le rez-de-chaussée et le demi sous-sol de la villa.
Les extérieurs ont par ailleurs été nettoyés et réaménagés, notamment pour créer des places de parking. « On a mis de la pelouse et replanté des tilleuls car, malheureusement, les beaux arbres qu’il y avait avant étaient morts », souligne Grégory Rabès.
En tout, huit mois de travaux auront été nécessaires pour redonner au lieu son cachet. « On a notamment repris tous les parquets, retravaillé les moulures des plafonds, mis des vrais carreaux de ciment dans l’entrée », détaille encore l’agent immobilier, sans préciser le coût du chantier.
Qui était François Macary ? Né à Brive en 1875, François Macary s’installe comme architecte en 1905. En plus d’avoir signé les plans de plusieurs villas dont celle du boulevard Grivel et de l’esplanade Thiers, il a aussi mis son savoir-faire au service de la ville en tant qu’architecte municipal. Il a, entre autres, dessiné l’école Firmin-Marbeau et le second étage du théâtre, achevé en 1912. En 1932, avec son fils Louis, devenu à son tour architecte, il a aussi réalisé la cité des Roses, le premier ensemble d’habitat collectif construit à Brive. Ces cinq bâtiments comptent aujourd’hui parmi les 1.392 immeubles, ouvrages d’art et aménagements labellisés « architecture contemporaine remarquable » par le Ministère de la Culture. Dans un tout autre registre, les deux hommes ont également imaginé, en 1935, l’agrandissement du restaurant La Truffe noire dans son style néobasque très en vogue à l’époque.
Michaël Nicolas