"Depuis 1973, c'est le grand déclassement"... Union sacrée autour du Polt à la gare de Brive

Pour protester contre la dégradation continue du service, l'une des six manifestations simultanées dans les gares de la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse a eu lieu ce samedi 27 janvier à la gare de Brive, en Corrèze.

C'est l'un des rares sujets sur lequel tout le monde est unanime en Corrèze ! Pour protester contre la dégradation continue du service, l'association Urgence Polt a réuni, ce samedi 27 janvier à la gare de Brive, là, où elle a été officiellement créée le 30 janvier 2010, le président du département, le maire de Brive, les syndicalistes de la CGT cheminots et le président du Medef départemental, comme le maire PCF d'Uzerche, Jean-Paul Grador et le conseiller régional RN, Valéry Elophe...

Avec un constat partagé : Sur la ligne, les retards et les pannes de locomotives, comme des suppressions de trains (130 depuis le 20 novembre) et la réduction de leurs capacités, deviennent une triste habitude pour les voyageurs. S'y ajoute une circulation erratique des trains de nuit. 

De plus, pour ne rien arranger, des suppressions supplémentaires de trains aller-retour sont programmées de fin janvier à début avril, en lien avec des travaux de régénération de l'infrastructure. L'association Urgence Polt demande une baisse des tarifs pendant le chantier. 

On a du mal à se dire que durant un temps, la ligne Polt fut l'avant-garde même de la modernité en France. Par son électrification, jusqu'à Brive qui date de 1935, puis par la vitesse de 200 km/heure atteinte commercialement dès 1967. Aujourd'hui, l'infrastructure a vieilli et le renouvellement du matériel n'a pas été fait à la hauteur des besoins. 

"Depuis de nombreuses années, l'État a abandonné clairement cette ligne et celle de Clermont-Paris, a insisté le président du Département, Pascal Coste. On a eu la chance de connaître la première ligne express en Europe, puis la deuxième, avant le grand déclassement depuis 1973. Il faut faire attention. Ce qui se passe aujourd'hui sur les lignes structurantes, comme le Polt, pourrait demain arriver aussi à certaines lignes de TGV." 

Alors qu'en 2025 devraient être livrées de nouvelles rames Oxygène sur cette ligne, leur mise en service pourrait prendre plus de temps que prévu. Et le plan du financement de la modernisation du Polt n'a pas encore été bouclé. "Sur les 385 millions, 257 millions d'euros ont été sanctuarisés par l'État. Pour les 128 millions d'euros restants, l'État et les Régions se renvoient la balle. Alors que pour trouver 14 milliards pour la LGV, il n'y a pas eu autant de problème," constate Jacques Farges, cadre retraité de la SNCF et représentant de l'Urgence Polt en Corrèze. 

Cécile Collot, une usagère régulière du Polt, manifestait ce matin à la gare de Brive.  "Depuis deux ans, nous nous sommes installés à proximité de Brive. J’ai gardé mon travail de conseil à Paris. Je télétravaille beaucoup, mais je remonte aussi régulièrement à Paris en train, au moins tous les quinze jours. J’ai donc eu pas mal d’expériences de pannes et de retards. Une demi-heure de retard, c’est habituel. Mais, une fois, j’étais censée arriver à Paris vers 23 heures 30 et le train a eu deux heures et demie de retard. Une autre fois, ma nièce est venue me voir à Paris. Au retour, son train devait arriver vers 17 h 30 à Souillac et elle est arrivée à deux heures du matin à Brive. Effectivement, une demi-heure de retard, c’est assez traditionnel, alors que les trains sont toujours pleins."

 En France, on finance les LGV et c’est très bien, mais, les lignes comme le Polt sont importantes et elles ne devraient pas être oubliées non plus. Elles sont essentielles pour l’activité économique, pour le tourisme. Si on s’est installé ici, c’était aussi parce qu’il y avait la possibilité de relier Paris en train.

Tous les manifestants attendent avec impatience, la prochaine réunion trimestrielle du groupe de travail sur le Polt, mis en place par l'ancien ministre des Transports Clément Beaune, qui aura lieu le 19 février à Cahors. "On s'est quand même rendu compte qu'en trois réunions de ce groupe de travail, on a eu beaucoup de promesses, et trop de choses sont restées en retrait."

En attendant, l'association Urgence Polt adressera une motion au Préfet de la Région Nouvelle Aquitaine. 

Dragan Perovic