Retrouvez les vins préférés de la rédaction et pourquoi les journalistes vous les conseillent
Qui ne s'est pas trouvé devant un dilemme au moment de choisir une bouteille de vin ? Les journalistes de la rédaction se sont dévoués pour vous aider à faire le bon choix. On vous dit tout sur leur sélection qui, ils l'espèrent, vous enchantera.
Les journalistes les ont testés et approuvés. Voici quatre crus choisis avec soin parmi les vins préférés de la rédaction :
Melon de la Soeur CadetteDans son berceau. Il est le cépage utilisé pour la production de muscadet, en Loire Atlantique. Mais le melon, c’est bel et bien d’abord en Bourgogne qu’il a existé quand bien même a-t-il, aujourd’hui, presque disparu. Quelques vignes subsistent à quelques kilomètres de celle qu’on appelle la colline éternelle, dans le sud de l’Yonne. Le domaine de la Sœur Cadette, fier défenseur de l’appellation vézelay, conserve ce petit bout d’histoire planté au début des années quatre-vingt-dix par les parents de Valentin Montanet.À l’improviste. Toc toc toc, qui voilà ? Le facteur, une cousine ou des copains. Un melon 2022 patiente au frais et voilà venu le moment d’ouvrir cette "bouteille de la visite spontanée". Vinifiée et mise en bouteille dans le petit village de Saint-Père, la cuvée - complétée avec du raisin de négoce - a cette simplicité des vins d’apéro. Qu’on partage pour la seule et bonne raison d’en avoir envie.L’appel du ventre. Frais, fruité. Le melon - bio - de la Sœur Cadette est "bon tout seul". Mais quand les ventres sont un peu vides et que vient l’heure de sustenter ses convives, Valentin Montanet conseille là encore de jouer la carte de la simplicité. On file en cuisine pour dégoter un bocal de jambon persillé. Et plus gourmand encore, des gougères riches en comté tout droit sorties du four. Avec le seul risque de voir, le lendemain, revenir le facteur, la cousine ou les copains.Caroline Girard
Lapierre, LA référenceMarcel, pionnier nature. Quand certains grands noms du vignoble misaient sur la grosse cavalerie pour écouler des centaines d’hectolitres, en se lançant notamment dans la funeste aventure marketing du beaujolais nouveau, Marcel Lapierre a choisi d’emblée de creuser son propre sillon. Celui du vin nature et de la biodynamie. Dès 1973. On peut parler de pionnier. Mais l’homme a de la suite dans les idées et une grande technicité. Au point d’être élevé au statut (envié) de pape du beaujolais et de modèle pour les générations montantes de vignerons aux portes de Lyon mais aussi partout en France.Le morgon dans toute son expression. Les vins du domaine Marcel Lapierre sont à l’image de leurs étiquettes, tout en élégance et en sobriété. Sur les dix-hectares de la propriété, seize sont situés dans l’appellation Morgon. Ce n’est pas un hasard si pour beaucoup d’amateurs de gamay et de beaujolais, Morgon rime avec Lapierre. Depuis la mort de Marcel, emporté par un mélanome en 2010, ses enfants Camille et Mathieu ont repris la barre, tout en respectant la philosophie et l’héritage du paternel avec la même quête de l’authenticité. Le vin est droit, les tanins chatoyants et les fruits (rouges) explosent en bouche dans une origami de saveurs tout en conservant une belle fraîcheur. Avec un joli goût de reviens-y. Un vin de partage. Dans plus pure tradition du mâchon lyonnais, Le morgon made in Lapierre accompagnera agréablement de la charcuterie, une andouillette à la fraise de veau ou même un gibier en sauce. Un véritable caméléon que ce vin de partage. Prix : à partir de 23 €.Dominique Diogon
Romorantin, l’uniqueA l'ombre des châteaux. On vous fait la fleur de vous convier dans le club des amateurs de cour-cheverny. Entre Loire et Sologne, à proximité du château de Cheverny et et pas très loin de celui de Chambord, l’AOC cour-cheverny est la jumelle de l’AOC cheverny (qui existe aussi en en rouge) : sauvignon assemblé au chardonnay pour le cheverny ; le cépage romorantin, que l’on ne rencontre nulle part ailleurs, pour le cour-cheverny. Un hérirage des plantations décidées par François Ier, dit-on. Et, vous en conviendrez, c’est là que le breuvage devient intéressant.Jeune ou de garde. Le cour-cheverny a plusieurs vies : il est vif et long en bouche dans sa jeunesse, robe dorée, il prend des arômes de miel d’été quand il prend de l’âge. La cuvée Des Lys (12 euros), de Philippe Sauger fait partie de ces bouteilles que l’on peut oublier quelques années à la cave. Le millésime 2021 est étonnement vif et complexe à la fois, avec déjà des notes légères de miel. On sent qu’il en a encore sous le pied. Ce domaine situé à Fresnes, l’un des onze villages de l’appelation, dans le Loir-et-Cher, est l’une des valeurs sûres. Chez les cavistes (et sur les bonnes tables), vous trouverez souvent un autre vigneron emblématique : le domaine Philippe Tessier, à Cheverny, avec La Porte Dorée (18 euros). Frais et complexe. Avec des saint-jacques ou des asperges – locales – c’est l’accord qui va bien. Avec un comté de douze ou dix-huit mois, le romorantin joue là aussi une belle partition, qui pourrait même se faire plus aboutie avec un peu d’âge. C’est frais à l’attaque, ça s’étire langoureusement dans la bouche ensuite. Royal.Philippe Cros
Un jurançon à en oublier de manger...D’abord une erreur... Cela commence par un vertige. Quel est cet ovni à la robe jaune paille volée au soleil ? On jurerait un chenin venu de Saumur ou d’Anjou. Tout faux. Nous sommes ici à Jurançon. Et oui, dans le coin, on sait aussi faire de grands vins secs et minéraux qui durent tout un soir. Voire plus. Illustration avec l’un des maîtres des lieux, Jean-Marc Grussaute. Sur son CV, une ligne de vie dans le rugby à la Section Paloise et un rêve de vigne qui se transforme en premier millésime en 1988. Cette année, la Revue des Vins de France en fait le vigneron de l’année. Il est des titres mérités.Puis une histoire de nez... Le domaine Camin Laredya est une pépite identifiable à une astuce toute simple : tous les vins sont grands, même les petits. Testez La Part Davant (20 euros) en version 2020. Ce flacon a une densité apte à traverser la décennie mais il est bon d’attraper l’instant sans se soucier de savoir s’il s’affaissera avec le temps. Le nez est une corbeille de fruits blancs et d’agrumes élevés dans un champ pierreux. Et une intuition. On s’égare souvent dans des circonvolutions vineuses qui veulent tout dire, tout mesurer. Et s’il était possible d’aimer follement un vin pour un trait de caractère, un seul, qui nous fait y revenir sans cesse ? La Part Davant, c’est d’abord une part d’intuition. D’autres liront mille choses chez Grussaute. Nous avons adoré ses amers dessinant un souvenir qu’on garde tout contre soi. Dans l’idéal, il faudrait accompagner ce flacon d’une jolie bricole pour dîner. En l’occurrence, on a oublié. C’est bon signe.Stéphane Vergeade