Pourquoi les agriculteurs de la Corrèze interpellent-ils le président de la région Nouvelle-Aquitaine ?
Deux syndicats corréziens, FDSEA et Jeunes agriculteurs, demandent à rencontrer le président PS de la région Nouvelle-Aquitaine, "avant le Salon de l'agriculture" 2024.
À côté des revendications nationales sur les revenus, la loi Egalim ou les importations alimentaires, les organisations agricoles corréziennes FDSEA et JA ont profité d'une journée d'action, lundi 29 janvier 2024, pour interpeller la région Nouvelle-Aquitaine.
Parti en début d'après-midi du barrage installé sur la chaussée de l'A20, à Ussac, un convoi d'une quinzaine de tracteurs a traversé l'agglomération briviste pour se rendre à l'entrée est de Malemort (route de Tulle), au giratoire de la zone du Moulin.
"Plus compliqué d'être agriculteur en Nouvelle-Aquitaine"C'est là que, symboliquement, a été enterré un panneau de la région Nouvelle-Aquitaine, avec du béton à prise rapide, le tout surmonté d'une croix en bois. "C'est plus compliqué d'être agriculteur ici qu'en Occitanie ou en Auvergne Rhône-Alpes", a fustigé Emmanuel Lissajoux, secrétaire adjoint de la FDSEA de la Corrèze.
Le syndicat demande une rencontre avec le président PS de la collectivité, Alain Rousset, et fixe même une sorte d'ultimatum : "Il faut que ce soit avant le Salon de l'agriculture", qui doit ouvrir ses portes à Paris, fin février 2024. Photo Stéphanie Para.
Déjà en 2023, les deux organisations avaient interpellé la région, avec un voyage en tracteur jusqu'à Bordeaux, une mobilisation qui n'avait débouché sur rien.
Des centaines d'agriculteurs (et de tracteurs) manifesteront à Bordeaux "contre le manque d'ambition de la Région" (Février 2023)
Depuis 2019, la collectivité a mis en place une planification écologique, une feuille de route baptisé Néo Terra, dédiée à plusieurs secteurs, dont l'agriculture.
En novembre 2023, la région a affiné ce programme avec, par exemple, l'objectrif de diminuer de 30 % la consommation d’eau pour l’agriculture en période d’étiage, ou de viser le zéro pesticide de synthèse et la réduction de l’usage des engrais azotés", d'ici à 2030.
Début 2024, la Région Nouvelle-Aquitaine a annoncé une aide "exceptionnelle de 14 millions d'euros pour continuer, une année de plus, l’aide au maintien à l’agriculture biologique".
Occitanie et Auvergne Rhône Alpes seraient "plus dynamiques"En parallèle, la région gère des fonds européens qui influent sur le quotidien des agriculteurs : aides à l'installation, plan de modernisation des bâtiments agricoles, aides aux coopératives de matériels (Cuma), à l'irrigation...
Selon Emmanuel Lisajoux, la politique régionale ne va pas dans le bon sens et introduirait même une "concurrence déloyale" avec d'autres régions voisines qui seraient plus dynamiques sur l'installation de jeunes agriculteurs, par exemple.
"La Nouvelle-Aquitaine était la première région agricole de France. Aujourd'hui, elle n'est plus souveraine, à cause d'un plan de décroissance. Ce qu'on souhaite, c'est que son président vienne nous rencontrer. On a l'impression que l'agriculture n'intéresse pas Alain Rousset".
Eric Porte