Patrick Bénézit (vice-président de la FNSEA) : "Si le gouvernement nous a vendu du toc, nous reviendrons"
Vice-président de la FNSEA et président de la Fédération nationale bovine (FNB), Patrick Bénézit se refuse à parler de "levée" du mouvement, préférant le terme de "suspension" avec la fin des barrages routiers.
"C’est une suspension et non une levée. Le mot est important. Chat échaudé craint l’eau froide. Mais autant les propos du Premier ministre vendredi ne collaient avec l’urgence de la situation. Autant aujourd’hui, il y a eu des engagements fermes et des mesures immédiates qui vont dans le bon sens. Je pense au volet fiscal en faveur de l’élevage, qui doit faire l’objet d’une loi fiscale mais aussi la question de la transmission. Nous serons extrêmement vigilants en veillant à ce que le processus législatif aille bien à son terme", insiste l’éleveur bio de charolaises dans le Cantal.
"Prendre les sujets les uns après les autres""Concernant Egalim, poursuit Patrick Bénézit, nous espérons que la loi Descrozaille, dont l’entrée en vigueur est fixée au 1er mars, mettra un terme au contournement de la loi, en particulier par les centrales d’achat basées hors de France et que nous serons enfin rémunérés en fonction de nos coûts de production."
Au-delà des premières annonces, le syndicat majoritaire entend ne rien lâcher sur sa liste de 124 revendications. "Nous avons obtenu l‘engagement de prendre tous les sujets les uns après les autres. C’est ce à quoi nous allons nous atteler à partir de maintenant. Nous en avons bien conscience. Ce n’est pas en 48 heures que nous allons régler plusieurs mois d’incompréhension totale et des années d’incohérence politique sur l’agriculture. Partant de ce constat, nous avons décidé de faire preuve de bon sens en suspendant le mouvement", complète le président de la FNB.
"De vraies clauses miroirs"En matière de cohérence, la réaffirmation par la France de son opposition à la signature d’un traité de libre-échange avec les pays du Mercosur est vécue comme un premier pas dans la bonne direction. Mais un premier pas seulement. "Nous ne pouvons plus importer des produits que nous n’avons pas le droit de produire en France et en Europe. Pour protéger nos pays face à cette concurrence déloyale, de vraies clauses miroirs, de réciprocité des normes, doivent être mises en place", tranche Patrick Bénézit.
Le Cantalien prévient déjà. "Si le gouvernement nous a vendu du toc, nous reviendrons. Des engagements ont été pris. Ils doivent être tenus", conclut-il.
Dominique Diogon