L'abattoir de Saint-Viance s'apprête à lancer un plan de modernisation de ses installations
Plus de trois ans après sa reprise par le groupe toulonnais Carnivor, l’abattoir de Saint-Viance (Corrèze) va lancer un important programme pour moderniser ses installations, aménagées en 2007 grâce aux collectivités, au cœur du bassin d’élevage de Brive.
Confrontés à bien des problèmes, comme l’a montré la récente mobilisation des agriculteurs, les éleveurs corréziens peuvent accueillir cette information comme une bonne nouvelle.
À partir du printemps 2024, un plan de modernisation de 5 millions d’euros va être lancé sur l’abattoir de Saint-Viance, à côté de Brive. Il va s’étaler sur deux ans et permettre d’augmenter la capacité de production jusqu’à 12.000 tonnes par an.
"L’an passé, nous étions à 10.700", indique Pascal Hermand, le directeur du site qui emploie environ 90 salariés, une centaine, si l’on englobe les services vétérinaires.
Une viande issue de l'élevage traditionnelLa viande de bœuf, distribuée sous l’étiquette Blason Prestige, qui garantit un produit issu de la race limousine, en élevage traditionnel, reste sa spécialité. Le veau a cédé du terrain, notamment à cause de la baisse de la production de veau sous la mère.
Ce plan de modernisation va permettre à T’Rhéa, filiale qui dirige le pôle viande du groupe Carnivor, d’aller plus loin dans la réglementation sur le respect animal et dans le circuit frigorifique. "Nous aurons un système bien plus performant que celui dont nous disposons aujourd’hui", estime Pascal Hermand.
Presque trois ans et demi après sa reprise, l’abattoir de Saint-Viance, tout comme celui de Thiviers, en Dordogne, a tourné un gros chapitre de son histoire. D’abord celui de son ancien exploitant, le groupe Arcadie Sud-Ouest, placé en redressement judiciaire en juillet 2020 ; le plan de reprise a été partagé entre Bigard et Carnivor.
Ensuite, il est devenu totalement privé. L’abattoir du bassin de Brive était la propriété d’un syndicat départemental d’abattage, détenu à 70 % par le Conseil départemental et à 30 % par la Ville de Brive. "Depuis 2021, nous avons racheté le bail emphytéotique. Nous sommes propriétaires de l’outil et des terrains", confirme le directeur.
L’équipement abrite deux entités : la Société d’abattage briviste qui exploite la partie industrielle, et Viandes de Corrèze, qui se concentre sur la commercialisation (grossistes, boucheries traditionnelles et grandes et moyennes surfaces).
Chacune a son compte d’exploitation et son autonomie, précise Pascal Hermand. Le développement commercial reste important. On exporte peu hors France. Ce secteur n’est pas assez lucratif pour nous.
Originaires de la Corrèze, du Lot, de la Haute-Vienne ou de la Dordogne, les produits de Saint-Viance s’écoulent principalement vers la région de Lyon, le Sud-est en général ou Marseille, en particulier, pour le veau.
Un groupe qui privilégie une filière intégréeLe groupe Carnivor privilégie une filière intégrée, depuis l’élevage jusqu’à la distribution. "La reprise de Saint-Viance a marqué cette volonté d’un approvisionnement au cœur d’un bassin producteur", insiste Pascal Hermand.
Preuve supplémentaire en novembre 2021 : le groupe Carnivor a racheté « la ferme des mille veaux », ce centre d’engraissement créé par des éleveurs près de La Courtine (Creuse), sur le plateau de Millevaches, à la fin des années 2000, afin de proposer une alternative à l’engraissement en Italie.
Aujourd’hui, ce centre porte le nom de Terres de Crecoli. "T’Rhéa est désormais assimilée au Limousin et à sa race bovine", estime Pascal Hermand. L’avenir dira si ce maillage territorial va permettre de contrecarrer la baisse du cheptel bovins, qui menace la rentabilité des abattoirs.
Eric Porte