Au premier jour de son procès pour viols aux assises à Riom, l'accusé s'en prend l'avocat
Alors que les débats de la cour d’assises, à Riom (Puy-de-Dôme), n’ont pas encore abordé les faits – des viols sur six jeunes filles –, l’accusé est sorti de ses gonds.
Incident lundi 5 février, à 18 heures, quatre heures après l’ouverture des débats de ce premier jour de procès où sont jugés Sabri Kraria et sa sœur, Katia, respectivement accusés de viol sur six jeunes filles en 2017 et 2018, à Clermont-Ferrand, et de complicité de viols.
Mariage forcé en AlgérieInterrogée à la barre depuis une demi-heure, la jeune femme, âgée de 27 ans, parle de son parcours de vie violent et douloureux. Mariée de force à 14 ans, en Algérie, à un homme de quatorze ans son aîné, elle devient mère d’une fillette née d’une relation "non voulue" avec cet époux imposé. Elle relate aussi le comportement d’une mère rugueuse et capable de violence contre elle et son frère lorsqu’ils étaient enfants. L’interrogatoire de Katia Kraria se poursuit avec les questions des deux avocats de la défense, puis Me Thérond-Lapeyre, avocat de l’une des six plaignantes, se lève à son tour et déroule sa question : "Vous avez vécu une accumulation de violences. Les cinq minettes (*) qui sont assises derrière moi n’ont pas subi ce que vous avez subi (durant votre jeune âge). Est-ce que vous ne leur en voulez pas un peu ? […] Est-ce que vous n’avez pas voulu leur faire payer l’addition??". Katia Kraria, qui comparaît libre, a juste le temps de répondre " non", que son frère bondit dans le box et s’adresse à l’avocat : "Je vais te mettre une grosse gifle dans ta bouche?! ". Il réitère. La présidente Hélène Moreau se dresse de son siège. Autoritaire : "Vous sortez si vous recommencez". L’accusé s’agite, insulte l’avocat : "Enc…". 18 h 03, suspension de l’audience. Un quart d’heure.
"Des mariages comme ça, moi, ça me laisse froid"
À la reprise, apaisée, des débats, c’est le père des deux accusés, qui vient témoigner, volubile, accoudé à la barre comme à un comptoir, de ce mariage forcé avec lequel, dit-il, il n’était "pas bien d’accord". "Ma femme était partante. Ma fille ne l’était pas. Des mariages comme ça, moi, ça me laisse froid".Interrogé sur des violences au sein du foyer – la fratrie compte cinq enfants –, il assure "n’avoir jamais levé la main" sur les deux accusés. Son épouse?? "Elle donnait des gifles pour leur montrer le droit chemin. Moi, avec Sabri, on a eu des mots de temps en temps, y avait un peu d’agressivité. Ce n’était pas grave-grave. Sabri, c’est pas un mauvais garçon."Murmure dans les rangs des parents et amis des jeunes femmes installés sur les chaises au premier rang de la salle d’audience, vide. Leurs filles étaient âgées d’une quinzaine d’années lorsque Sabri Kraria, 23 ans, les aurait violées. Des faits qu’il a niés durant l’instruction et sur lesquels il n’a pas encore été interrogé.
(*) L’une des six plaignantes était absente.
Verdict. Le procès doit se terminer jeudi 8 février.
Leïla Aberkane