Dans l'est de la Creuse, ces communes ne subiront plus de coupures d'eau cet été
Vincent Turpinat, président du nouveau syndicat Confluence Eaux, qui regroupe 36 communes de l’est de la Creuse, promet à ses 11.600 abonnés un accès sécurisé à l’eau potable dès le début de l’été.
Inaugurés en grande pompe le 31 mai dernier, par l’ancienne Secrétaire d’État à l’écologie, Bérangère Couillard, et de nombreux élus locaux, les travaux de raccordement du réseau d’eau potable reliant l’Allier à la Creuse avancent à grands pas. « C’était notre grand chantier avec plus de 12 millions d’euros déboursés. Il est en train de se terminer. Tout sera prêt pour le mois de juin. Et ce qui est sûr c’est que nous aurons de l’eau ici cet été » promet Vincent Turpinat, maire de Jarnages et président du nouveau syndicat Confluence Eaux.
« Nous avons vécu l’impact du changement climatique avant les autres »Fruit d’une réflexion entamée il y a 10 ans, ce projet d’envergure n’a réellement pu démarrer qu’après avoir achevé deux étapes préliminaires essentielles : la validation d’un Schéma d’aménagement et de gestion de l’eau (Sage) pour le département de la Creuse à la fin de l’année 2020, et la volonté de fusionner les quatre syndicats d’eau de Gouzon, Boussac, Chambon-Evaux-Budelière et des Deux Sources, en une seule entité, qui s’est concrétisée par la création du syndicat Confluence Eaux le 1er janvier 2024.
« Dans l’est de la Creuse, nous avons pris conscience de la raréfaction de la ressource en eau il y a déjà une dizaine d’années. Nous avons vécu l’impact du changement climatique avant les autres, contrairement à l’ouest et au sud du Département, qui sont moins confrontés aux problèmes de sécheresse et au manque d’eau. Cela nous a obligés à nous bouger. Rappelez-vous que le 15 août dernier, j’ai dû acheter en urgence une citerne pour alimenter jour et nuit notre réseau d’eau. Tout le monde comprend qu’il y a un enjeu fort » martèle l’ancien suppléant de Jean-Baptiste Moreau.
Grâce aux 39 kilomètres de canalisations qui seront construits entre l’Allier et la Creuse, plus de 12.000 habitants de Gouzon et de Boussac, deux territoires particulièrement impactés au cours des dernières années, n’auront plus à subir de coupures d’eau dès cet été. « En cas de problème d’approvisionnement de la ressource, 100 % de nos abonnés continueront à avoir accès à l’eau potable car nous couperons notre propre alimentation et nous leur enverrons de l’eau qui vient d’Allier, au travers d’un système similaire à des vases communicants. Notre approche est fondée sur une solidarité régionale qui s’étend jusqu’aux montagnes bourbonnaises. À cette échelle, les territoires de Boussac et Gouzon, ce n’est rien du tout » affirme-t-il.
Un impact fort sur la facture des abonnésCofinancés par l’État au travers de l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne, ces travaux d’interconnexion pèsent sur les dépenses de Confluence Eaux, à hauteur de deux millions d’euros. Bien que les quatre syndicats antérieurs aient tous anticipé cet investissement en provisionnant des fonds depuis plusieurs années, certains abonnés, principalement du secteur de Gouzon, vont connaître une hausse significative de leur facture d’eau potable cette année. « C’était un souhait des élus, nous ne voulions pas lisser le prix de l’eau sur cinq ans. Nous voulions tout de suite le même tarif pour tous les abonnés pour qu’il n’y ait pas de différence entre les territoires. Depuis le début, nous savions que l’eau allait coûter plus cher et nous voulions que l’augmentation soit la plus supportable possible. Mais l’eau à moins d’un euro ce n’est pas possible. C’est aujourd’hui un enjeu majeur qui a des exigences en termes de qualité et de quantité. Nous avons sécurisé durablement ce territoire qui était en grande fragilité, comme dans certaines zones du sud de la France » analyse Vincent Turpinat.
« Une famille devra payer en moyenne entre 30 et 35 euros par mois »Depuis le 1er janvier 2024, les abonnés de Confluence Eaux doivent dorénavant payer 2,45 euros le m³ s’ils consomment moins de 100 m³ par an (soit la consommation moyenne d’une famille de quatre personnes qui n’a pas de piscine) et 2,61 euros le m³ pour une consommation supérieure à 100 m³. La part fixe passe quant à elle à 135 euros par an.
Concrètement, les abonnés du secteur de Gouzon qui consomment le plus connaîtront une augmentation de plus de 25 % de leur facture, tandis que les usagers plus économes de la zone Chambon-Evaux-Budelières ne connaîtront quasiment pas de hausse. « Une famille devra payer en moyenne entre 30 et 35 euros par mois. C’est à peine le prix d’un abonnement à une box internet aujourd’hui » relativise Vincent Turpinat qui rappelle que « ces mesures ne s’appliquent pas encore aux professionnels, comme les agriculteurs, qui seront impactés d’ici trois ans afin qu’ils puissent trouver des solutions alternatives pour faire des économies d’eau ou réaliser des forages ».
Victor Fleury