Train Clermont-Paris : pansements d'urgence en pensant à l'avenir
Le plan d’urgence dévoilé ce vendredi pour le Clermont-Paris est un pansement à 40 M€, nécessaire sur une ligne vétuste, pour mieux prévenir les incidents et mieux prendre en charge les usagers. Et réduire vraiment le temps de trajet à l’avenir ? Ce sera étudié, promettent le ministre de la Transition écologique et son ministre délégué aux Transports. Promesse tenue ?
Les ministres passent dans la capitale auvergnate et les trains du Clermont-Paris ont toujours plus de retard. Entre août 2018 avec Élisabeth Borne, alors ministre des Transports jusqu’à ce vendredi 23 février avec Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, venu à Clermont-Ferrand, escorté de deux ministres délégués dont celui aux Transports Patrice Vergriete, il y a même eu Jean Castex, Premier ministre, puis Emmanuel Macron président de la République, sans parler de Jean-Baptiste Djebbari puis Clément Beaune, autres délégués aux Transports.
Pour quel résultat sur cette ligne, à l’orée 2024 ? « Un niveau de retards très élevé, inacceptable, et une situation qui s’aggrave », a déclaré sans ambages Christophe Béchu en ouvrant la réunion de travail consacrée à la présentation du plan d’urgence établi par la SNCF à sa demande, le ministre ayant été lui-même sommé de réagir par l’Élysée après le fameux incident du 19 janvier et un trajet achevé le 20, avec près de huit heures de retard et intervention de la Croix Rouge en rase campagne. Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires (au centre), et Jean-Pierre Farandou, président de la SNCF (à sa droite), ont annoncé un plan d’urgence pour la ligne SNCF Clermont-Paris d’environ 40 millions d’euros pour la période 2024-2026.
Faire de Nevers le « centre névralgique » de la ligneD’où ce plan d’urgence présenté en grande pompe, à la préfecture de Clermont, avec la direction de la SNCF au grand complet, et conçu autour de trois axes : le matériel, notamment une locomotive de secours postée à Nevers (annonce faite en décembre par Clément Beaune pour janvier, et qui doit finalement être effective le 4 mars) et des moyens de maintenance supplémentaires toujours à Nevers (« qui doit devenir le centre névralgique de la ligne », selon le patron de la SNCF, Jean-Pierre Farandou). La protection de la voie et une meilleure prise en charge des voyageurs en cas d’incidents, tant à bord durant le voyage qu’au niveau des compensations financières en cas de retard complètent la proposition.
Au moins 40 M€ sur trois ansPour quelle enveloppe ? 9 M€ côté SNCF Voyageurs pour le matériel sur trois ans, et près de 30 M€ côté SNCF Réseau (dont 10 M€ État/Région AURA) consacrés aux interventions autour des voies à réaliser jusqu’en 2026. Ont aussi été évoqués 20 km de voies à clôturer en priorité pour un montant de 40 M€… Bref, l’addition pourrait encore gonfler et il faudrait peut-être encore en partie la financer.
Quoi qu’il en soit, ce plan s’apparente à un pansement, certes indispensable, mais surtout destiné à tenir jusqu’à la fin des travaux de régénération de la voie et l’arrivée des nouvelles rames en 2026-27. Et il reprend des mesures qui auraient pu être mises en œuvre bien avant, comme celles concernant la protection de la ligne, déjà évoquée avant le Covid… Ce qu’a reconnu Christophe Béchu, martelant que cette fois, c’était du concret, et pour dès maintenant. « Nous allons travailler pour le présent, mais aussi pour l’avenir, pour que les causes d’incidents externes constatées aujourd’hui soient réglées quand arrivera le nouveau matériel. »
Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique. Thierry Nicolas
« Traiter cette ligne comme une ligne à grande vitesse »Il s’agit, selon le ministre, de « traiter cette ligne comme une ligne à grande vitesse, en sécurisant son fuseau ». À défaut de TGV, les usagers auront donc une ligne plus sûre, à terme, avec de nouvelles rames Oxygène déployées en 2025 et 2026. Elles seront au nombre de douze, dotation que certains observateurs jugent d’ores et déjà insuffisante pour assurer les neuf allers-retours quotidiens qui seront proposés avec ce nouveau matériel. Christophe Béchu a aussi entendu cette préoccupation, assurant qu’il commanderait une étude en amont pour vérifier si les douze rames suffiraient ou pas.
Le ministre a ajouté qu’un « Monsieur Paris-Clermont » était nommé à la SNCF pour suivre l’exécution du plan d’urgence et l’évolution de la ligne, et qu’il serait un interlocuteur direct pour tous les acteurs du dossier. Puis il a levé la séance, indiquant qu’il voulait être « certain de ne pas rater le train de 13 h 29 » et qu’il était « impatient de vivre cette expérience ». Pour lui, rallier la capitale à bord de l’Intercités était visiblement une première. Aux dernières nouvelles, le train a rejoint Paris-Bercy à l’heure.
Le fraîchement nommé ministre délégué aux Transports Patrice Vergriete a admis qu’il était « temps de se projeter vers l’avenir, pas seulement à propos du temps de parcours mais aussi de la robustesse de la ligne ». Il a pris l’engagement de revenir à Clermont pour évaluer la mise en œuvre du plan d’urgence annoncé et commencer les discussions sur l’après-2027. Quand ? « L’idée, c’est de le faire avant l’été », a appuyé Christophe Béchu.
À bon entendeur…
Patrice Campo