La passion de l'apprentissage pour langue commune : en 60 ans, le Cavilam de Vichy est devenu une institution mondiale
Aujourd’hui réputé dans le monde entier pour son savoir-faire en matière d’apprentissage du français, le Cavilam-Alliance Française de Vichy a toujours été nourri par le goût de l’innovation, de la technologie et surtout de l’hospitalité. Une aventure sans frontières qui dure depuis soixante ans.
Un lieu durablement ancré sur son territoire, véritable fourmilière d’étudiants venus de tous horizons, et devenu une authentique référence en son domaine ? Je suis, je suis… le Cavilam de Vichy, of course ! Sept lettres pour une institution ouverte sur le monde, plus dynamique et attractive que jamais, et qui fête son soixantième anniversaire en cette année 2024.
Une vision précise, dès les années 1960Car l’aventure a démarré là, au cœur de ces années 1960 si foisonnantes pour un Vichy alors en pleine métamorphose, entre aménagement de son lac et essor des activités de sport et de tourisme. Discrètement, dans les sous-sols du centre culturel, une école venait d’ouvrir ses portes avec un but bien précis : permettre à ses étudiants d’apprendre la langue et la civilisation françaises par le biais de séjours immersifs dans la ville thermale.
Dès les années 1960, le Cavilam de Vichy accueille déjà des étudiants du monde entier venus profiter d’un enseignement s’appuyant largement sur les nouvelles technologies.Acteur du cosmopolitismePar le biais, aussi, d’un matériel ultramoderne pour ce qui s’appelle alors le Centre audiovisuel de langues modernes. Une structure associative qui, tout au long de son existence, se fera toujours un devoir « de s’adapter à l’usage des technologies pour en faire un support d’apprentissage », explique Grégory Lasne, à la tête de l’institution depuis le début d’année 2023.
S’adapter, toujours. Une mission comme une boussole pour un établissement qui a d’abord dû s’adapter à la fragmentation de ses enseignements entre plusieurs sites répartis dans Vichy. Des sites toujours plus nombreux (jusqu’à quatre différents), et des salles de cours aussi, pour accompagner la hausse du nombre d’étudiants venus apprendre le fameux « FLE », pour Français langue étrangère. Des cours dispensés à des élèves aux parcours divers (professeurs de langue, universitaires, médecins…), venus de toute l’Europe et de bien plus loin encore. Ainsi, dès la fin des années 1960, Vichy accueille déjà des étudiants venus… d’Honolulu.
Le Cavilam a toujours participé à l'internationalisation de Vichy
Un établissement qui donne un sens concret à la notion d’ouvertureLe Cavilam participe alors à « l’internalisation de la ville », souligne encore Grégory Lasne, qui sait tout de l’histoire de l’établissement et du poids croissant que celui-ci a pris dans l’animation d’une reine des villes d’eau alors soucieuse de renouer avec la dimension cosmopolite de ses grandes heures thermales du début du XXe siècle.
Qu'ils soient originaires d'Oman, des Emirats Arabes Unis, du Pakistan, de Taïwan, de Corée du Sud, les élèves s'épanouissent à Vichy, où ils restent de quelques jours à plusieurs mois.Et du cosmopolitisme, il y en a toujours eu dans les couloirs d’un Cavilam qui avait fini par s’installer sur un site unique, le nouveau pôle universitaire de Vichy, à l’arrivée du nouveau siècle. À la même époque, l’établissement devient le Centre d’approches vivantes des langues et des médias et intègre bientôt, pour asseoir encore plus sa notoriété, le réseau mondial des Alliances françaises. Une manière de toujours œuvrer en faveur de cette notion d’« ouverture » chère à Grégory Lasne et ses équipes, acteurs d’un Cavilam qui a toujours dû, aussi, composer avec les tourments de l’actualité internationale. Les vagues d’attentats, dans les années 2000 et 2010. Et puis la crise sanitaire, avec des frontières fermées du jour au lendemain.
Des étudiants conquisMais l’établissement, toujours, a su se relever, renouant avec ses records de fréquentation du début des années 2010. En 2023, 3.600 étudiants ont fréquenté le Cavilam, pour une activité d’accueil ayant généré près de 82.000 nuitées, dont une grande majorité facilitée par la mobilisation de près de 400 familles d’accueil. Des familles qui sont « une richesse » pour l’établissement, dixit Grégory Lasne, qui choie ses habitants du territoire ravis d’accueillir chez eux, ici, des Mexicains et des Saoudiens, là des Japonais ou des Italiens.Et ces étudiants, justement qu’en pensent-ils, du Cavilam ? Asma, archéologue saoudienne, Pierre, prêtre taïwanais, ou encore Alkhatab, chirurgien d’Oman, ont sur la question une même réponse, eux qui sont venus apprendre le français pour raisons professionnelles : « Le Cavilam ? On nous l’a tous recommandé, on a des amis qui ont étudié ici. Le français n’est pas une langue facile, mais ici, on apprend bien, c’est le top. Et Vichy est une jolie ville ! ».
En 2023, après presque ans trente ans de direction, Michel Boiron a passé la main à Grégory Lasne, "serein et fier" du travail accompli.« Pour nos étudiants, le Cavilam, c’est comme une famille, abonde Rose-Marie Chaves, qui y enseigne depuis de longues années. Ici, on est dans l’interculturel, le partage, le collaboratif. Les étudiants s’aident, font des activités ensemble. Et nous, on est heureux de voir leur progression. »
Heureux, Grégory Lasne l’est tout autant, lui qui entend bien fêter dignement les 60 ans d’un établissement devenu un acteur économique majeur du territoire, en plus d’être plus que jamais à la pointe en matière d’innovation. Et ce, avec le développement d’applications, de cours en ligne ou encore d’ateliers visant à faciliter l’insertion professionnelle de populations allophones. « Et il y a encore plein de choses à créer », pose Grégory Lasne, plus que jamais guidé par le souci « de l’excellence et de l’innovation ». Comme aux premières heures d’un Cavilam désormais sexagénaire, mais plus que jamais dans l’air du temps.
Le Cavilam accueille chaque année plus de 3.000 stagiaires dans ses locaux du pôle universitaire Lardy.
Texte Pierre GeraudiePhotos François-Xavier Gutton