En huit ans, ces deux électriciennes ont su faire leur place dans le Puy-de-Dôme
Les femmes entrent dans les métiers du bâtiment souvent en reconversion professionnelle et par l’apprentissage. Essentiellement dans les métiers de la peinture-finition, de l’électricité et du bois. Dans l’artisanat, seules 4 % des femmes sont cheffes d’entreprises. Nous avons rencontré Évelyne Ranerisoa et Caroline Dolivet qui ont créé leur entreprise, Mada Elec, en 2016.
2016, Évelyne Ranerisoa et Caroline Dolivet créent leur entreprise Mada Elec. Elles se sont rencontrées dix avant, en formation d’électricité, et n’ont jamais lâché l’idée d'être patronnes ensemble.
Au début de Mada Elec, Caroline Dolivet est encore salariée ailleurs, mais elle s’occupe de l’administratif, et Évelyne Ranerisoa, elle, est sur les chantiers. Elle grimace. « Dure période » souffle-t-elle.
Le patron c'est elle« Sur les chantiers, on me demandait où était mon patron quand on ne grimaçait pas en formulant des remarques désagréables. Je suis une femme et typée en plus ! ». Elle est d’origine malgache. « On me lançait que j’étais noire, je répondais “non, je suis marron !” ». Aujourd’hui, elle en rit… mais toujours un peu jaune.
« Il a fallu montrer toujours plus, se justifier d’être là » se souvient Caroline Dolivet. Elle a rejoint physiquement l’entreprise il y a presque un an. Sur les chantiers, elles sont deux. C’est plus simple.
« Et puis, aujourd’hui, on a une réputation. Des clients et des fournisseurs qui ont vu notre travail et qui se sont dit “ah oui, quand même” ».
Leur force, « c’est d’avoir pris un comptable dès le début et d’avoir eu une stratégie de diversification payante ».
Relever un défi permanentElles adorent les chantiers de rénovation, « parce qu’il faut réfléchir, harmoniser les souhaits du client, les contraintes techniques et les normes de conformité, c’est un défi, permanent, des challenges de technicité à relever ».
Mais elles font aussi du neuf, « qui nous permet d’être toujours au courant des nouvelles normes pour le photovoltaïque, les bornes de recharges des véhicules, les pompes à chaleurs… ».
Elles travaillent aussi bien pour des particuliers que pour des bailleurs sociaux, pour des gros chantiers, de plusieurs mois, comme celui de rénovation d’une maison à Effiat, ou des dépannages. Elles sont complémentaires, l’une « plus paperasses, l’autre plus opérationnelle ».
À elles de s'imposerCe qui les étonne, c’est la surprise qu’il y a toujours quand on voit arriver deux femmes. « Notamment dans les salons de démonstration, un fabricant ne viendra jamais nous voir. C’est vraiment à nous de nous imposer ». Et elles y vont. Elles ont appris à jouer des coudes. Une fierté, « en 2016, même des femmes ne nous donnaient pas trois ans ». Elles en sont à huit et un carnet de commandes plein.
Cécile BergougnouxPhotos Thierry Lindauer