Qui est Olivier Verdier, ce menuisier de Haute-Loire qui compte plus de 290.000 abonnés sur YouTube ?
Olivier Verdier, artisan menuisier à Cerzat, partage son temps entre son atelier et son ordinateur pour mettre en lumière son métier et développer sa communauté. Depuis plusieurs années, il est un youtubeur suivi par plus de 290.000 abonnés.
À l’heure où les youtubeurs et autres influenceurs ont envahi les réseaux, ou encore les écrans de téléphone des ados, mettant en lumière toute sorte de contenus, depuis Dubaï et autres destinations exotiques, Olivier Verdier détonne. Lui, l’artisan menuisier installé à Cerzat, fait son petit bout de chemin sur YouTube. Nous l’avions déjà rencontré une première fois, en 2019. Cinq ans plus tard, presque jour pour jour, il est passé de 70.000 à plus de 290.000 abonnés sur sa chaîne. Une communauté qui dépasse de loin la population totale du département de la Haute-Loire, qui comptait 226.835 habitants au dernier recensement !
Le nombre d’abonnés monte régulièrement, mais le confinement a été très très bénéfique pour mon activité
Beaucoup de gens n’avaient rien d’autre à faire que de « passer du temps sur les réseaux et bricoler ». Cela tombe bien, c’est le cœur de métier d’Olivier Verdier. Artisan menuisier, il vulgarise sa passion, à l’aide de vidéos, pour faire comprendre comment il travaille. Construction d’une table, d’une terrasse extérieure, aménagement d’un van pour partir en vacances… Les conseils sont multiples. Une bible pour tout bricoleur en herbe. « J’ai commencé en filmant les commandes que je réalisais pour mes clients. » Grâce à l’évolution croissante de sa communauté et la forte visibilité de son travail, les publicités mises en place par la plateforme américaine lui ont permis de percevoir un revenu de cette nouvelle activité. En complément de son entreprise.
« Aujourd’hui, j’ai réduit mon temps de travail sur mon activité de menuiserie. Au niveau du temps et du chiffre d’affaires, c’est environ un tiers pour la menuiserie et deux tiers pour YouTube. » Un changement de vie radical qui se retrouve dans la qualité du contenu qu’il propose. Plus qualitatif et professionnalisé qu’à ses débuts.
« Cela me permet de consacrer du temps et de l’argent à des projets plus personnels. » Comme ce rêve de gosse qu’il concrétise actuellement et partage à ses abonnés, avec une série de vidéos. « Je construis une roulotte de cirque. » Du châssis à l’aménagement intérieur, il se charge de tout. « Elle va faire sept mètres de long. » En bois, bien sûr. Quant à savoir ce qu’il va en faire, il répond : « Je n’en ai aucune idée. »
À Cerzat (Haute-Loire), le menuisier Olivier Verdier, avec 27 millions de vues sur YouTube, surfe sur la vague du bricolage (Mars 2021)
L’important, c’est qu’il aime ce qu’il fait. Ses vidéos sont un prolongement de son atelier. Lui, ancien photographe, est à l’aise avec l’image, et cela se ressent. C’est sûrement une des raisons de son succès. Mais n’allez pas croire qu’il fait cela pour l’argent. Pour lui, c’est une certaine forme de liberté. Pouvoir travailler sur les objets qu’il souhaite, avec un petit nombre de clients, tout en menant ses projets personnels.
Je ne fais que des pièces uniques. Si je le souhaitais, je pourrais souvent les faire en plusieurs exemplaires, car j’ai beaucoup de demandes. Cela ne m’intéresse pas. Pourtant, financièrement, ce serait bien plus rémunérateur que YouTube
Si le nombre de vues sur ses vidéos commence à baisser depuis quelques mois, et donc les revenus qu’elles engendrent, il ne s’inquiète pas pour l’avenir. L’effet confinement n’est plus là, « les gens ont sûrement envie d’autre chose », mais sa communauté est toujours présente. « J’en rencontre régulièrement, quand je participe à des salons, comme Eurobois, dernièrement à Lyon. C’est agréable d’avoir des retours. Et puis certains me disent qu’ils ont changé de vie pour devenir menuisier, en partie en regardant ce que je fais, c’est sympa d’avoir participé à cela. » Des moments de partage qu’il apprécie. Même s’il le reconnaît, cette notoriété peut parfois entraîner des dérives. « Comme je suis sur les Pages jaunes, des fans ont pris mon adresse et sont venus me voir. C’est un peu flippant », reconnaît-il. Heureusement, cela ne s’est pas produit souvent. Son atelier, c’est son intimité. Un endroit qu’il préfère garder pour lui.
« Une fois, il y a un de mes abonnés qui est venu à vélo depuis chez lui, dans le nord de la France, pour me rencontrer. » Manque de chance, il s’est trompé et s’est rendu chez un autre Olivier Verdier, menuisier également, mais dans le Puy-de-Dôme. « Il lui a dit que pour venir chez moi, il fallait faire 100 km de plus. » Et le cycliste s’est exécuté. « Il n’a pas eu de chance car je n’étais pas là, j’étais en vacances. » Depuis, ils ont pu échanger à distance. « C’est sympa mais, même si en faisant ce voyage il a vu du paysage, ce qui me surprend, c’est que la finalité, c’était de venir me voir. » Cela, le menuisier ne se l’explique pas.
Mais, que ses abonnés se rassurent : même avec un nombre de vues en baisse ces derniers mois, Olivier Verdier va continuer de réaliser des vidéos et de partager sa passion de la menuiserie.
Nicolas Jacquet