Pourquoi la carte scolaire 2024-2025 fait débat à Montluçon
La carte scolaire pour 2024-2025 dans l'Allier a été dévoilée, le 4 mars. Deux fermetures de postes sont actées à Montluçon. Mais pour la municipalité, il ne s’agit pas vraiment de "fermetures". Un point de vue loin d’être partagé par tous.
La nouvelle carte scolaire pour l’année 2024-2025 ne passe pas inaperçue. Deux fermetures de postes ont été actées à Montluçon : à la maternelle Jean-Giono, qui compte actuellement quatre classes, et à l’élémentaire Paul-Lafargue, qui en compte sept.
Mais pour Manuela De Castro Alves, adjointe en charge des affaires scolaires, il ne s’agit pas vraiment de "fermetures", mais plutôt de "non-remplacements de deux directeurs". Pas de quoi s’alarmer donc. D’autant que des fusions d’établissements et de leurs directions, validées lors du conseil municipal du 29 février, permettraient de compenser.
Pas vraiment des "fermetures""Avec ces groupements, on reste sur le même nombre de classes, neuf par groupement, et il n’y aura pas de mouvements de personnels », assure l’élue. Les fusions de la maternelle et de l’élémentaire Paul-Lafargue, de la maternelle Jean-Giono et de l’élémentaire Jules-Ferry, ainsi que des maternelles Marx-Dormoy et Voltaire, permettant aussi de ne pas remplacer les départs à la retraite des directeurs de l’élémentaire Jules-Ferry et de la maternelle Voltaire. "Ce ne sont donc pas vraiment deux fermetures, mais deux non-remplacements de ces directeurs."
Reste néanmoins un poste d’enseignant (occupé par un non-titulaire) qui ne devrait pas être remplacé à Paul-Lafargue.
"Ce sera aux équipes enseignantes de s’organiser en interne, peut-être en mettant en place des classes à doubles niveaux, des enseignants d’élémentaire devront peut-être aller en maternelle ou inversement…"
Frédéric Laporte (LR), maire de Montluçon, défend aussi ces fusions : "Il y a moins d’enfants, c’est un fait. On ne se réjouit pas de fermetures de classes. Je crains que cette problématique ne se renouvelle, puisqu’on n’a pas vraiment de perspectives à moyen terme. Mais ces fusions permettent d’éviter les transferts d’enseignants. De plus, on reste sur des effectifs par classe qui ne sont pas dramatiques."
Un "mensonge"Cependant, ces arguments ne tiennent pas pour Erwan Charny, co-secrétaire du syndicat enseignant Sud éducation 03. Car pour lui, le compte n’y est pas. À commencer par le nombre de classes. "Il y a actuellement trois classes en maternelle et sept en élémentaire à Paul-Lafargue. Cela fait dix, pas neuf. Il y a donc bien une classe qui part. Et s’il y a un enseignant en moins du côté de l’autre fusion…" Pour lui, comme pour d’autres, les deux fermetures sont donc une réalité.
"La mairie confond postes et affectations. Effectivement, aucun collègue ne partira. Mais les directeurs qui partent à la retraite avaient des classes."
"Et au final, ils ne sont pas remplacés, même si on nous explique que les nouveaux directeurs auront plus de décharges de classe (certaines heures de cours sont assurées par d’autres enseignants, NDLR.)."
Pour Elena Blond, secrétaire de l’Union locale CGT, ces fusions sont "une illusion". "La mairie a voulu accélérer ces fusions pour éviter des fermetures. Sauf que non… C’était un mensonge." Elle s’interroge ainsi sur la volonté politique derrière. "Depuis quelques années, plusieurs écoles ont fermé. Il faudrait un peu d’honnêteté, que le maire donne sa vision de la carte scolaire. Veut-il n’avoir que de grandes écoles de 200 élèves ?"
À Montluçon, trois fusions d'écoles et de nombreuses questions
IncompréhensionPour les élus de l’opposition, à qui on avait assuré que les fusions permettraient d’éviter les fermetures, c’est l’incompréhension. "Je ne vois pas l’intérêt d’avoir fusionné du coup…", lance Christiane Halm (DVD), du groupe Montluçon ensemble, critiquant un mauvais calcul.
"Une classe a été créée à la rentrée dernière à Giono, pour accueillir les élèves de Pauline-Kergomard après la fermeture. On l’avait pressenti, les élèves sont allés ailleurs. Résultat, la classe créée ferme."
Pierre Mothet et Juliette Werth, de Montluçon changeons la donne (DVG), sont également dubitatifs. "Je suis scandalisé", lance Pierre Mothet. "On s’adapte à chaque fois. Il n’y a jamais de mobilisation de la majorité contre les fermetures. On fait même du zèle. On est le seul endroit où on mâche le travail de l’Éducation nationale."
Outre ces deux fermetures de postes, une ouverture est annoncée à l'école élémentaire Jean-Racine.
Laura Morel