Inscription de l'IVG dans la Constitution : comment ont voté les députés et sénateurs de l'Allier ?
Quatre des cinq parlementaires de l'Allier ont voté pour l'inscription de l'IVG, l'interruption volontaire de grossesse, ce lundi 4 mars 2024.
Malgré leurs sensibilités différentes, les élus de l’Allier se sont prononcés en faveur de l’inscription de l’IVG dans la Constitution, lundi en Congrès à Versailles. À une exception près.
Jorys Bovet, député du Rassemblement national dans la deuxième circonscription, s’est abstenu. Explications.
Bruno Rojouan (LR)"J’avais déjà voté pour l’inscription de l’IVG dans la Constitution au Sénat. Voter pour, c’est plus par conviction personnelle que politique, car cela correspond à l’image que je me fais de la place de la femme dans la société, de son choix à disposer de son corps. Cette inscription est donc logique, même si la Constitution n’est a priori pas faite pour cela. Cinquante ans après le vote de la loi Veil, c’était le moment de le faire. Dans beaucoup de pays, les femmes ne disposent pas de cette liberté, c’est donc un point essentiel de l’inscrire dans la Constitution." Pour le sénateur, il s’agit d’"un événement majeur".
Claude Malhuret (Horizons)"Le vote de lundi a été qualifié d’historique, mais celui de la loi Veil a été le passage d’une époque où l’IVG était condamnée à celle où les droits des femmes ont été respectés. Il faut rappeler cet acte de courage", contextualise le sénateur. "S’il semble que l’IVG ne soit pas menacée en France, contrairement aux États-Unis ou en Europe, en Pologne, Italie ou Hongrie par exemple, il faut la protéger. Et par mon expérience personnelle de médecin à travers plusieurs continents, j’ai rencontré des femmes qui ne bénéficient pas de cette loi, ce qui conduit à des drames, des infanticides ou la mort de femmes. J’espère que cette inscription dans la constitution va apporter des avancées."
Yannick Monnet (PCF)"Quel honneur que de participer à l’écriture d’une page de notre histoire !", réagit le député de la première circonscription de l’Allier. "C’est un moment historique, une victoire qu’il faut saluer, sur la condition des femmes dans notre pays. On est le premier pays au monde à inscrire l’IVG dans une Constitution, ce qui traduit une évolution des mentalités, sur la place des femmes dans notre société. Mais il reste encore beaucoup de combats à mener, notamment au sujet de l’égalité salariale. On sent, sur ce sujet-là, que les idées conservatrices reculent."
Jorys Bovet (RN)Le député de la deuxième circonscription est le seul parlementaire bourbonnais à s’être abstenu. "En cohérence avec mes deux votes précédents à l’assemblée", souligne-t-il. "Je suis attaché à l’IVG, mais je ne vois pas l’intérêt de l’inscrire dans la Constitution. J’estime qu’il n’y a pas de menace sur ce droit, que la Constitution n’est pas faite pour cela, et qu’il s’agit d’une opération de communication du gouvernement : nous sommes le premier pays à le faire, mais avant de garantir ce droit, il faudrait déjà pouvoir garantir son accès."
Nicolas Ray (LR)"En votant pour cette inscription, j’ai bien sûr pensé à Simone Veil qui, il y a près de 50 ans, a porté avec courage et dignité la loi de 1975 sur l’IVG, aux côtés du président Giscard d’Estaing et du Premier ministre Jacques Chirac. Je suis fier de faire partie de cette grande famille politique qui a œuvré en faveur de la liberté des femmes", dit le député de la troisième circonscription. "Mais la force de la loi Veil, c’est cet équilibre instauré entre la possibilité pour la femme d’avoir recours à l’IVG, “le respect de l’être humain dès le commencement de la vie”, et la liberté de conscience des médecins. Par ce vote, je souhaite protéger cet équilibre et graver dans la Constitution cette liberté fondamentale et inaliénable pour les femmes."
Ariane Bouhours, Denis Lorut et Julien Pépinot