Pourquoi les prévisions budgétaires sont source de stress pour les élus de Tulle ?
Les élus tullistes ont débattu jeudi 7 mars de ce que sera le budget 2024. Entre contraintes financières toujours plus grandes, retour de l'effet ciseau et indispensables investissements pour dynamiser la ville. Voici ce qu'il faut retenir.
Le grand argentier de la Ville de Tulle, Pascal Cavitte, n’a pas caché les tensions qui pèsent sur les finances. « On a essayé de monter un budget sérieux dans un contexte compliqué. C’est un budget source de stress », a confié l’élu aux finances en séance jeudi soir.Alors faut-il arrêter d’investir ? Si la question peut se poser, la réponse de l’équipe municipale de Bernard Combes est évidemment non. À la fois pour l’embellissement de la ville mais aussi pour faire tourner l’économie locale. Voilà comment la majorité de gauche compte procéder.
Le contexte. Depuis 2023, la commune est confrontée à un effet ciseau à savoir que les dépenses de fonctionnement progressent plus vite que les recettes. Cet effet sera encore plus marqué en 2024. Même si le prix des énergies reflue, ce poste de dépenses reste important. « L’an passé, c’est + 350.000 € d’électricité et + 135.000 € sur le gaz », a rappelé Pascal Cavitte.La masse salariale progresse aussi fortement, à effectif constant (298 agents), avec notamment une revalorisation du point d’indice. Le choix des élus de verser la prime pouvoir d’achat aux agents va impacter les finances de 165.000 euros.Si les recettes fiscales augmentent de 300.000 euros, elles ne suffisent pas à équilibrer les dépenses avec 460.000 € de plus de charges salariales pour un total de 11 millions d’euros sur un fonctionnement global de 18 M€.
L’évolution des recettes de fonctionnement résulte de la seule évolution des bases de taxe foncière à hauteur de 3,9 % décidée par l’Etat. « Finalement, une hausse des impôts déguisée », selon Pascal Cavitte. À noter que les élus tullistes ne toucheront pas au taux communal cette année encore. Ce qui n’empêchera pas le contribuable de voir sa facture augmenter.Pascal Cavitte a souligné combien la collectivité était aussi soumise à l’explosion des taux bancaires et celle du prix des polices d’assurance. « Un vrai racket même si on est en bons termes avec notre assureur », a-t-il glissé. Les subventions aux associations devraient baisser de 40.000 € par souci de rationalisation.
La dette. La capacité d’auto-financement de la commune se dégrade. Si la dette augmente légèrement, la capacité de désendettement reste bonne. La dette par habitant reste supérieure à celle des villes de la même strate mais peu de villes de 15.000 habitants ont des charges de centralité liées à un statut de ville préfecture, ce qui fait relativiser ce chiffre. Il va être difficile de ne pas s’endetter cette année si la Ville veut continuer à investir. « On reste en dessous de 6 ans pour se désendetter, un seuil à ne pas dépasser », a rappelé Pascal Cavitte.
Les investissements. La projection d’investissements porte sur 10 M€. Les principales dépenses concernent l’aménagement des places Roosevelt et Maschat pour 4 millions d’euros, les travaux de voirie pour 970.000 euros, des véhicules et matériel technique pour 480.000 €. Dépense non prévue mais indispensable : la réfection de la toiture de l’école Clément-Chausson en proie à des fuites pour 270.000 €. Une enveloppe de 180.000 € sera consacrée à la rénovation de l’éclairage public rue Ramon dans la zone de Cueille.
Les budgets annexes. Le budget de la restauration scolaire devrait dégager un excédent cette année après les inquiétudes de l’an passé liées notamment aux augmentations du coût des matières premières. Le passage au forfait pour les familles semble « payer » en incitant les parents à être sérieux dans le planning de cantine de leur enfant.Le budget parking lui aussi semble sur la bonne voie en trouvant un équilibre, montrant que la stratégie municipale d’abonnements porte ses fruits notamment sur le parking Péri. Seul budget déficitaire, celui du centre municipal de santé pour lequel la Ville va participer à hauteur de 30.000 €. L’enjeu reste la fidélisation des médecins (ils sont 4 dont 3 à temps complet) et suivent quelque 3.000 patients.
Ce qu'en disent les élus.
Le leader de l’opposition Raphaël Chaumeil (LR) a reconnu des efforts de gestion « notamment sur le personnel qui ne cesse de décroître » et des finances contraintes « par des paramètres que vous ne maîtrisez pas ». Mais il a aussi considéré qu’après le désendettement enclenché sur le mandat précédent sur injonction de la Cour des comptes, la municipalité a « cédé à ses vieux démons en se réendettant ».Il reproche toujours à la majorité son choix de musée « qui ne répond pas aux besoins des Tullistes ». Saluant le réseau de chaleur « qui arrive trop tard », il regrette aussi « le manque d’anticipation » de l’équipe municipale. L’opposant déplore enfin les travaux autour du Trech et « les bas de caisse de voitures qui ont souffert. La collectivité joue son image avec ses travaux ».
Après le quartier de Souilhac, je pense que les Tullistes nous en auraient voulu de ne pas réaménager le Trech, a appuyé Christiane Magry. On revoit des façades qu’on avait oubliées. Les gens ont besoin de voir que leur vie va s’améliorer.
Fabrice Marthon comme Jérémy Novais ont reconnu des travaux certes gênants mais indispensables. Egrénant les réalisations tullistes de ces dernières années, le maire s’est refusé à « une lecture décliniste » des sujets. « Peu de Tullistes peuvent dire que la Ville n’a pas évolué. On essaye de faire beaucoup et pour le mieux avec un niveau de contraintes que peu ont eu avant. Mais je suis prêt à entendre. On se servira de ce que vous dites pour corriger. Au final, ce que l’on fait tous, c’est pour le bien de la ville ». Qui pourrait en douter ?
Laetitia Soulier