À Rouen, Aurillac lance son cycle de "finales" pour donner de la couleur à sa fin de saison
Roméo Gontinéac répète depuis le début du bloc que la période février-mars est cruciale. Le match à Rouen, vendredi 8 mars (19 h 30) en est la quintessence. Tournant de la saison pour regarder en haut, il est le marchepied pour écrire une histoire aurillacoise qui doit être entretenue.
C’est un travail d’équilibriste. À l’aube de la 23e journée de pro D2, Aurillac est sur un fil. Un fil plus agréable que celui sur lequel danse Rouen, mais un fil quand même. Le Stade évoluera ce soir sur un câble tendu entre le wagon des qualifiables qui peut accélérer à tout moment, et celui du ventre mou qui se hâterait de le happer en cas de faux pas en Normandie.
S’il ne tangue pas, ce soir, Aurillac aura fait coup double. D’abord il aura entériné le fait que la 16e place n’est pas faite pour lui - ce qui ne faisait plus trop de doute - et il aura enfin assumé le statut qu’il rêve d’embrasser. Le statut d’un candidat sérieux au top 6.
Démontrer à toute la Pro D2 qu’Aurillac a un rôle à jouerComme on l’écrivait avant Dax, quand on prétend comme Aurillac s’inviter au banquet de la phase finale il faut savoir s’imposer chez un adversaire au statut supposé inférieur. Rouen n’est pas un promu, comme l’USD l’était, mais il est dernier.
Même si les Cantaliens déployaient mercredi des trésors d’ingéniosité et de circonlocutions plus ou moins habiles, pour ne pas prononcer les mots fatidiques, ceux qui ont tendance à piquer un peu l’orgueil de l’hôte du jour, oui, l’objectif est évident : il faut gagner à Rouen.
Eoghan Masterson et les Aurillacois vont devoir reproduire le même niveau d'engagement et de sérieux que celui constaté contre Nevers pour enfin lever les bras à l'extérieur.
Il faut gagner parce que sinon tout sera fade jusqu’au retour des beaux jours qui illumineront le destin d’autres équipes. Il faut gagner parce que le Stade n’est pas seulement à un tournant dans sa saison mais aussi à un tournant dans son histoire.
La distribution des billets pour le show final n’aura lieu que dans quelques semaines, mais c’est maintenant qu’on s’inscrit dans la file d’attente virtuelle, pour espérer être tiré au sort et décrocher le précieux sésame en temps voulu. Ce sésame qu’un seul joueur du groupe actuel a connu sous ce maillot en Pro D2. Sur le banc à Diochon, Latuka Maituku est le dernier rescapé de l’épopée de 2016.
Un passage de témoin à anticiperEt puisqu’il faudra bien un jour se faire à l’idée que le vieux grognard de Roméo Gontinéac sera un jour en tribunes avec une bière bien méritée à la main, il faut dès à présent que les partenaires du Cantalien qui seront encore là l’an prochain suivent les traces du 3e ligne et embrassent son héritage. Pour que cette idée d’un Stade Aurillacois qui a sa place en phase finale ne soit pas seulement dans les livres d’histoire et les souvenirs de figures Rouge et Bleu qui auraient raccroché les crampons.
Qui seront-ils, ces témoins, ces porte-étendards de l’identité aurillacoise, demain?? On sait que ce ne sera pas Dodson, Plantier, Aucagne ou Neisen dont l’avenir s’écrira ailleurs en juin. Peut-être - probablement, même - que Palmier vivra lui aussi son avenir sous d’autres cieux. L’arrière se garde bien de trancher dans cette période où les carrières prennent des virages qu’il faut garder discrets.
Jusqu’à présent, ceux qui partiront ont assuméMais, derrière un discours rodé (un peu trop pour qu’on n’y décèle pas déjà l’ébauche d’un autre ailleurs) le propos de joueur passé par l’école de rugby du Stade, parti s’aguerrir chez le voisin asémiste puis devenu véritablement professionnel sous les couleurs du club qui l’a vu naître est révélateur de la manière dont ce groupe vit le virage qui l’attend à Rouen.
Bien que rapidement réduits à 14 au match aller, les partenaires de Didier Tison avaient su s'imposer avec le bonus offensif à Jean-Alric.
« Je suis concentré sur la fin de saison avec Aurillac qui est la chose la plus importante collectivement. Personnellement, on verra après. Le but est de bien finir avec le Stade. On a un bel objectif en ligne de mire sur la fin de saison. Un objectif qui n’était pas prévu par tout le monde donc c’est positif, pour nous, de mettre les pendules à l’heure et de faire comprendre à tout le monde qu’on a un rôle à jouer dans cette Pro D2. Le projet personnel arrive en second plan. Le projet collectif reste la première cible à abattre sur cette saison », affirme l’arrière.
Face à l'USON Nevers, Aurillac avait les reins et les nerfs solides
Qu’il soit là où pas l’an prochain, Palmier peut être de ceux qui auront remis le Stade à cette place. Comme Aucagne ou Dodson, pour ne citer qu’eux, dont l’avenir était scellé bien avant que la nouvelle s’ébruite, mais auteurs malgré ça de performances de haute volée. L’avenir du Stade leur appartient donc un petit peu. À condition de l’écrire dès ce soir et de le prolonger jusqu’à la fin de saison.
Texte : Jean-Paul CohadePhotos : William Duran