Avec Sébastien Bichard, le Clermont Foot a "fait le bon choix", selon un de ses ex-présidents
À la tête du FC Sion, Christian Constantin n’est pas le plus constant des présidents en termes de choix de coach. Mais il est content de celui de Sébastien Bichard, l’un de ses (nombreux) ex-entraîneurs, pour Clermont.
61 en 25. Non, ce n’est pas le record de points du FC Sion, en autant de matchs de Challenge League, D2 suisse où il évolue. Mais celui, sans doute indétrônable sauf par lui-même, du nombre de coachs changés en un quart de siècle (*) par son président Christian Constantin.
Certains d’entre eux ont pourtant assuré plusieurs mandats, dont… « CC », son surnom (comme l’Empereur valaisan ou le Tapie ou Napoléon des Alpes…), himself. Jamais sans doute, un stade n’a-t-il aussi bien porté son nom : « Le Tourbillon ».
Bichard a assuré deux intérims de manager au FC SionEn précisant qu’à Sion, cette kyrielle de coachs n’a d’égale que celle de déclarations et autres éclats pour mettre les pieds dans le plat quand ce n’est pas le feu aux poudres, l’homme (d’affaires) ayant visiblement l’habitude de toujours dire ce qu’il pense… au moment où il le dit.
Le FC Sion, Sébastien Bichard connaît bien. Le nouvel « entraîneur principal adjoint » du CF63 en a en effet dirigé sa formation des U21 (2018-2020) avant de devenir assistant de la « une » (2019-2020).
Mais il compte aussi deux intérims de manager à sa tête, en tandem avec Christian Zermatten : en mai-juin puis novembre-décembre 2019, le pauvre Stéphane Henchoz, sans détenir le record de furtivité d’un passage en Valais (moins de 7 semaines...), ayant donc, entre les deux, tenu un été et un automne incomplet.
Il n’empêche : lundi, le jour même où Bichard signait son nouveau contrat non pas au FC Sion mais bien au CF63, Christian Constantin, joint au téléphone en Suisse, avant qu’on… : « Ah, tu m’appelles pour Sébastien Bichard ! Si tu me poses la question : “Est-ce que c’est un garçon avec qui vous retravailleriez si l’occasion se présentait ?”, ma réponse est : “Oui, avec grand plaisir !”»
"Il a de très bonnes valeurs, il est très travailleur,très appliqué"On ne lui a donc pas posé la question mais demandé de développer : « Il avait l’ambition, tout à fait respectable, de devenir un numéro 1. Mais il a eu l’intelligence de préparer sa progression. Ce n’est pas un garçon qui m’a dit : “Je veux tout de suite être numéro 1”. Il a franchi les étapes pour. Maintenant, il a l’âge, il a pris de la bouteille, il a la force et l’énergie pour ça. »
Quant à décrire ce qui l’avait fait « bicher » avec Bichard, le débit au crédit de ce dernier est passé en mode rapido-presto : « Il a de très bonnes valeurs, il est travailleur, très appliqué dans ce qu’il fait, très passionné. Il est très rigoureux. Lui, il aime la discipline que le football avait avant. Avec raison, d’ailleurs. Mais pour faire passer ce langage-là aujourd’hui, ce ne peut plus être seulement par les mots mais par le cœur, les émotions. Je lui expliquais que les plus grands, ce n’était pas ceux qui criaient le plus fort, mais ceux qui avaient de la malice. Il a travaillé très fort là-dessus, il a progressé. »
« L’organisation, c’était clair, les exigences aussi : la compacité de ses équipes »À quoi s’attendre alors avec Sébastien Bichard sur le banc ? « Déjà, ses entraînements étaient très bien préparés, réglés comme du papier à musique. Ce sera le premier qui arrivera au stade le matin, le dernier qui en partira, le soir. Si les vestiaires ne sont pas en ordre, il fera le nécessaire pour qu’ils le soient ! Dans la gestion des matchs, je trouve qu’il les lisait bien, il voyait bien les changements à faire. L’organisation, c’était clair, les exigences aussi : la compacité de ses équipes. Elles ne jouent jamais en “accordéon”. Ses équipes se dédoublent : elles savent défendre et sont organisées pour attaquer. »
Reste à évoquer la transposition au CF63. Dans l’affaire, Christian Constantin a fait en sorte de ne pas oublier Pascal Gastien : « Le football, c’est un sport individuel dans un contenu collectif, mais lui, c’est quelqu’un d’intelligent et qui a déjà accompli un exploit énorme. Je le pense capable de dire : “Je vais mettre le pied à l’étrier à Sébastien, je vais lui donner toute l’aide dont il a besoin pour faire la transition”. »
Verdict, alors ?
« Vous avez fait le bon choix ! Ce club va avec la personnalité de Sébastien Bichard. Ce serait un exploit de maintenir Clermont, on est d’accord ? Donc il faut avoir à la fois les c… et l’humilité pour venir le prendre. Mais c’est très bien pour lui d’aller guerroyer là-bas. En plus, vous avez une région qui lui correspond : Paris, Nice, Marseille, c’est autre chose que d’être à Clermont ou à Saint-Étienne. Non, je trouve ça très intelligent. Je vais suivre ça de près ! »
D’ailleurs, pour boucler le tour de table clermontois, « CC » estima que c’était à son tour de poser “sa” question : « Et Schaefer, comment il va ? Je dois toujours manger avec lui… Allez ! Ciao, ciao ! » L’invitation est lancée, président…
(*) De 1992 à fin 1997 puis de 2003 à aujourd’hui.
Jean-Philippe Béal