L’avenir du site pharmaceutique d'EuroApi à Vertolaye inquiète
Suite à des remontées de terrain peu rassurantes, le député de la 5e circonscription du Puy-de-Dôme a sollicité un entretien avec la direction du site pharmaceutique de Vertolaye EuroApi. S’il se dit rassuré, le parlementaire reste vigilant quant à l’avenir du site.
Politiques, direction et syndicat ne sont pas tout à fait sur la même longueur d’onde. Tandis que les uns se veulent rassurants quant à l’avenir du site EuroApi de Vertolaye, les autres sont, eux, très inquiets.
Dans un communiqué publié fin février, le groupe EuroApi évoquait les capacités de production multiples du site de Vertolaye qui "seront mises à profit pour stimuler les ventes de corticostéroïdes et d’hormones grâce à des procédés innovants". Lors d’une présentation aux investisseurs en date du 29 février, la volonté d’investir 36 millions d’euros à Vertolaye a été soulignée.
Un investissement de 36 millions et un engagement de l'ÉtatDe quoi, théoriquement, donner un peu d’air au site. "Tout ça, c’est du conditionnel. Concrètement, la situation est catastrophique, assène Paul Meira Do Rego, délégué syndical de la CFDT. Aujourd’hui on se raccroche à l’espoir, mais ce n’est pas l’espoir qui fait vivre."
André Chassaigne, député de la 5e circonscription du Puy-de-Dôme, très investi sur ce dossier, s’est récemment entretenu avec la direction d’EuroApi sur les perspectives du groupe et du site de Vertolaye. Ce qui l’a poussé à solliciter cet entretien, ce sont différents signaux, remontés du terrain, peu rassurants. "Concernant le site de Vertolaye, nous avons eu des informations qui ont plutôt diminué nos inquiétudes, partage le député. On a eu la garantie qu’il n’y aurait pas de suppressions d’emplois [650 en direct actuellement, ndlr] tout simplement parce que la production est amenée à se développer sur trois domaines : les opiacés, les hormones et les corticoïdes." Concernant les deux derniers points, ce développement devrait être "accompagné par l’État dans le cadre de France 2030".
Mais pas de quoi faire preuve d’un « optimisme béat » pour André Chassaigne. "Certes cela nous a rassurés, mais les investissements ne se font qu’en fonction des contrats signés avec des tiers, en fonction des marchés passés avec des entreprises qui sont clientes", tempère le parlementaire qui ne veut pas être alarmiste sur ce sujet.
Un délégué syndical alarmisteAlarmiste, Paul Meira Do Rego l’est.
Je suis très inquiet, et aussi très en colère. Tout ce qui se passe aujourd’hui, toutes les difficultés, on les a vues venir, on a sensibilisé, et tout le monde continue de dire que tout va bien.
Paul Meira Do Rego va même plus loin. Selon lui, dans deux ans, le site de Vertolaye sera contraint à la fermeture. "Il n’y a pas d’avenir, ce n’est pas possible."
Ce qui le rend si catégorique, c’est l’expérience. "Ça fait 20 ans que je suis dans l’entreprise et qu’il est nécessaire d’investir sur les outils de production très vétustes. C’est une dépense monstrueuse. Aujourd’hui, la dette s’élève à 170 M€, on nous dit qu’il va y avoir des investissements, mais encore faut-il pouvoir le faire."
Ne pas créer de paniqueLe parlementaire, lui, veut « agir pour positiver ». Sans pour autant nier la réalité.
En aucun cas il s’agit de créer une panique au sujet du devenir de Vertolaye. Il y a une volonté de développer ce site, et c’est vrai que ça va prendre du temps.
L’urgence d’investir, André Chassaigne l’entend, et en a connaissance. « Il y a des investissements à faire, indéniablement, car l’outil de production n’en avait pas suffisamment bénéficié avant. » Ce qui fait qu’il est confiant pour l’avenir, c’est notamment la notion de souveraineté concernant la fabrication des principes actifs qui font les médicaments dans le pays.
Prochaine étape pour le député, obtenir le déplacement du ministre de l’Industrie. "Je veux que Roland Lescure vienne à Vertolaye pour qu’il nous garantisse l’investissement de l’État", conclut l’élu.
Sarah Douvizy