Les pêcheurs de truites creusois attendent l'ouverture avec impatience
De nombreux Creusois sont impatients samedi 9 mars de reprendre leur cannes à pêche pour tenter d’attraper le poisson le plus emblématique de nos 3.000 kilomètres de rivières : la truite fario.
Dans les allées de Nautic Pêche, magasin de référence à Guéret, c’est l’affluence des grands jours. À quelques heures de l’ouverture, de nombreux Creusois se pressent pour acheter leur carte de pêche, des appâts, ou du matériel. « J’attends l’ouverture avec impatience, déclare enthousiaste Dany Lecomte, un pêcheur de 75 ans. Je vais retrouver des amis, pour un moment convivial ». Cet habitant de Fresselines, qui a commencé à pêcher à l’âge de 10 ans, espère que les conditions seront favorables pour qu’il puisse attraper quelques poissons. « Quand j’étais petit, je pêchais dans mon ruisseau beaucoup de truites sauvages, de la fario, regrette-t-il. Aujourd’hui, il n’y a quasiment plus que de la truite arc-en-ciel ».
La concurrence des sites internet spécialisésQuelques mètres plus loin, Henri Prévost, un passionné de 74 ans de Saint-Dizier-les-Domaines, fait la queue pour acheter sa carte de pêche. « Même si je suis habitué, l’ouverture de la pêche des rivières de première catégorie me rend toujours heureux, sourit-il. C’est un plaisir que je partage toujours avec des copains, même s’il n’y a plus que de la truite d’élevage ».
Par souci d’économie, Henri Prévost n’achètera rien d’autre en magasin aujourd’hui. « La pratique de la pêche coûte plus cher qu’avant. Tout a augmenté, même les appâts, analyse-t-il. J’achète dorénavant tout mon matériel de pêche sur internet. Il y a des sites spécialisés qui vendent des produits deux fois moins chers ».
Les employés de Nautic pêche s’adaptent progressivement à cette concurrence nouvelle. Pour garder leur chiffre d’affaires, Ils diversifient leurs offres et prennent le temps d’échanger avec les clients, pour mieux comprendre leurs besoins. « Notre métier, c’est de les conseiller, assure Maxime Desessard, un vendeur passionné. Par exemple, je vais recommander un leurre adapté à la saison et au lieu où le client va pêcher. Aujourd’hui sur internet, il y a beaucoup de références. Certaines sont des contrefaçons qui ne coûtent pas cher mais qui ne fonctionnent pas bien ». Alors que les niveaux des rivières sont actuellement hauts, et que les températures sont douces, Maxime Desessard prodigue de précieux conseils à ses clients. Il recommande par exemple de ne pas pêcher à la mouche sèche en cette saison.
« Si vous souhaitez attraper des truites farios, il faut se rendre dans les petits ruisseaux en tête de bassin, et pêcher au toc au ver de terre ou à la teigne. Si les pêcheurs arrivent à trouver des secteurs où l’eau est plus basse, ils peuvent essayer l’ultra léger, c’est-à-dire la pêche la cuillère ou au leurre »
Ne plus manger de truites pour préserver l’espèceCertains puristes préfèrent néanmoins conserver leur technique habituelle, au risque de n’avoir aucune touche. C’est le cas d’Arnaud Kermel, 33 ans, fou de pêche à la mouche. « J’attends avec impatience de pouvoir retourner au bord de l’eau, déclare cet ébéniste de Fursac. Je sais que je ne vais rien prendre mais j’irai pêché avec des mouches sèches, que je fais moi-même. J’espère qu’il pleuvra, cela pourrait favoriser les éclosions d’insectes». Même s’il ne pêche que depuis 15 ans, Arnaud Kermel constate déjà une dégradation de l’écosystème creusois, ainsi qu’une baisse du nombre de farios, sa cible favorite.
Arnaud Kermel a donc décidé d’adopter une approche différente de sa passion. « J’essaye d’éviter les truites arc-en-ciel, qui sont moins intéressantes à pêcher, affirme-t-il. Et je me suis résolu à faire du “no kill” (N.D.L.R. pêche qui consiste à ne pas tuer le poisson) pour préserver les farios. J’aimerais pouvoir manger de la truite, mais je veux continuer à la pêcher dans le futur ».