L'avenir d'une Maison d'accueil spécialisée divise la majorité municipale d'Aurillac
Le centre hospitalier doit-il laisser filer la gestion de la Maison d’accueil spécialisée de Cueilhes à l’Adapei du Cantal ? Assurément non pour les communistes. Leur vœu n’a pas fait le poids face à celui présenté par leurs autres partenaires de la majorité.
Un fossé entre le vœu déposé par les communistes sur le devenir de la Maison d’accueil spécialisée (Mas) de Cueilhes et celui de ses partenaires de la majorité municipale.
D’un côté, les deux élus PCF ont invité, en fin de séance ce jeudi 7 mars, « le conseil à s’opposer à la décision de cession de la Mas et à mandater le maire, président du conseil de surveillance du centre hospitalier, pour agir en ce sens ». De l’autre, le vœu soutenu par le maire socialiste, favorable à la décision de la direction du centre hospitalier, qui demande « au gouvernement de mettre à disposition des hôpitaux publics les moyens supplémentaires nécessaires à leur fonctionnement plein et entier ».
La Mas de Cueilhes, au cœur du désaccord, accueille des résidents atteints de handicaps, parfois lourds, dans la partie du centre hospitalier excentrée à Ytrac. « La Mas est leur domicile. Souvent, ce sont des personnes qui ont perdu toute autonomie. Ils ont besoin d’être en permanence protégés et aidés par des professionnels. Le travail en Mas est certainement le plus difficile et nécessite des qualités humaines extrêmement importantes », affirme le docteur Bruno Malafosse, chef du pôle psychiatrie à Henri-Mondor.
Sur plus de 710 structures de ce genre en France, une cinquantaine sont encore gérées par un centre hospitalier, les autres sont tombées dans le giron du secteur associatif privé. La décision de la direction de l’hôpital d’Aurillac de céder la gestion de la Mas de Cueilhes à l’Adapei du Cantal « va dans le bon sens pour les résidents », estime le conseiller municipal de la majorité.
Je pense que s’il y a une association pour laquelle l’éthique de la prise en charge de ce type de personnes est prévalente, c’est bien l’Adapei
Mi-février, Christine Wilhelm, directrice du centre hospitalier, avait annoncé sa volonté de recentrer ses missions sur le sanitaire et d’abandonner la gestion de Cueilhes d’une capacité de 30 lits au profit de l’Adapei qui gère déjà deux Mas dans le Cantal.
Aux manettes fin 2024La quarantaine de salariés de cette structure, titulaires de la fonction publique hospitalière pour la majorité, pourront rejoindre Henri-Mondor ou continuer de travailler à la Mas. « Il est impératif que le reclassement de chaque agent de la Mas fasse l’objet d’un accompagnement humain individuel afin d’assurer la meilleure transition possible », espère Pierre Mathonier dans son vœu. L’Adapei pourrait arriver aux manettes de Cueilhes en fin d’année, promettant des travaux et un recrutement conséquent.Condamnant « cette décision brutale prise sans aucune concertation préalable avec les résidents, les familles et les agents du centre hospitalier », Sébastien Prat (PCF) perçoit le retrait de l’hôpital dans la gestion de la Mas comme une fragilisation et « une externalisation » du service public : « L’hôpital public est depuis des années dans cette doctrine de baisse de moyens et de financements où l’on épuise les personnels, on ferme des lits et on n’investit plus. C’est la même logique qui s’applique pour la Mas. Le sous-investissement chronique et les conditions de travail ont été dénoncés dans cette Mas. Et maintenant que ça ne marche plus, on va la donner à quelqu’un d’autre. Le handicap et la perte d’autonomie ne doivent pas être gérés par quelqu’un d’autre que l’hôpital. »
Service publicPierre Mathonier ne se retrouve pas dans ce vœu. « La brutalité de l’annonce dont on fait l’objet les agents, c’est inadmissible. Ce qui me choque dans ce vœu, c’est qu’on présume que le service est mieux rendu par l’hôpital et on sous-entend que l’Adapei rendrait un service plus dégradé. Je ne peux pas laisser dire cela. L’Adapei, ce ne sont pas des grands méchants loups capitalistes, c’est une association qui dépend totalement des finances publiques et qui rend un service public de santé. » Le sujet de fond est ailleurs pour le maire :
On ferme des lits en réa, en chirurgie et en urologie parce que l’on n’a pas le personnel. Le fait de recentrer l’hôpital sur ses activités de soin, c’est le vrai sujet
Après une rapide mise au point pour expliquer que leur vœu « ne remet pas en cause le travail de l’Adapei », Sébastien Prat n’en démord pas : « On a essayé d’avoir un vœu en commun, nous le regrettons. On s’abstiendra sur votre vœu car il valide la cession de cette Mas et fragilise le service public », lance le chef de file des communistes, applaudi par une vingtaine d’agents de la Mas de Cueilhes. Le vœu des communistes n’a pas pesé lourd. Il a recueilli deux voix. Pierre Raynaud