Plus de dossiers de surendettement en Corrèze en 2023 et des personnes surendettées plus pauvres
En 2023, la Banque de France a enregistré davantage de dossiers de surendettement, qui trahissent des situations individuelles de plus en plus précaires. Explications avec le directeur départemental de la Banque de France, David Duriez.
En Corrèze, la Commission de surendettement se réunit tous les mois, sous la présidence du préfet. Mercredi 6 mars, le directeur départemental de la Banque de France a présenté son rapport d'activités 2023. Que dit-il de la situation financière et sociale des Corréziens ? Explications.
5 % de dossiers en plus. Au vu du contexte économique et conjoncturel, cela aurait pu être pire. En Corrèze, 446 dossiers de surendettement ont été déposés en 2023 (426 en 2022), concernant 531 personnes. Soit une hausse de 5 % par rapport à 2022 ; une tendance légèrement inférieure à celle enregistrée en Nouvelle-Aquitaine et en France (+ 8 %).
Par rapport à 2019, année de référence pré-pandémie, ce nombre est inférieur de 25 %. « On ne cherche pas à faire du volume, rassure David Duriez. Nous travaillons aussi beaucoup sur du préventif, pour détecter les situations sensibles. » Des actions de sensibilisation auprès des travailleurs sociaux sont menées régulièrement et « le Conseil départemental d’inclusion financière se réunit chaque semestre pour prendre la température sociale et essayer de trouver des solutions générales. »
39 % de dettes à la consommation. Le montant total du surendettement en Corrèze s’établit, en 2023, à 18 millions d’euros (22 millions en 2022) sur les 4,2 milliards cumulés en France. Avec un endettement médian de 17.614 €, « 7 dossiers sur 10 sont liés à des dettes à la consommation ». Une tendance à la baisse grâce aux effets de la loi Lagarde, de 2010, encadrant plus strictement les prêts à la consommation.
Mais « l’inquiétude, reconnaît David Duriez, c’est que 1,6 million des dettes porte sur les charges courantes, soit près d’un quart des dossiers de surendettement. Les dettes d’énergie, en valeur, ont augmenté notamment de 13 % par rapport à 2022. »
Les dettes immobilières représentent 31 % du surendettement. « En Corrèze, 81 % des ménages surendettés sont locataires ou hébergés à titre gratuit, contre 42 % en France. Par contre, nous avons 16 % de déposants propriétaires, presque deux fois plus qu’en Nouvelle-Aquitaine et en France, parce qu’il est moins onéreux d’acheter un bien en Corrèze. Ces propriétaires hésitent moins aujourd’hui à venir déposer un dossier. »
58 % des surendettés en dessous du seuil de pauvreté. Avec 219 dossiers déposés pour 100.000 habitants, la Corrèze s’inscrit dans les tendances régionale et nationale. La moitié d’entre eux sont dépendants de leurs revenus d’activités, 13,5 % des prestations familiales et 9 % des minima sociaux.
« Près des deux tiers (contre 21 % en France) des déposants ont un niveau de vie inférieur au SMIC, calcule David Duriez. Et 58 % des personnes surendettées ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté. On est sur une précarité vraiment très importante. » Et qui pourrait l’être encore davantage : sur les 31.000 personnes pauvres en Corrèze, 2.300 sont reconnues en surendettement. « Il y a des personnes exclues du système bancaire et certains trouvent d’autres solutions. »
23 % des dettes effacées. La priorité, insiste David Duriez, « c’est de maintenir les personnes dans leur logement et de trouver des solutions pérennes afin de limiter le nombre de re-dépôts. Aujourd’hui, on lance très peu de mesures transitoires, on va directement vers un effacement des dettes. Mais on essaie d’être pragmatique. S’il y a un espoir de rebond, on va vers un moratoire. »
Au total, 23 % des mesures mises en œuvre ont abouti à un effacement total ou partiel des dettes (30 % à un effacement total), pour un montant total de 4 millions de dettes effacées ; 22.091 € en moyenne par dossier. « 37 % des dossiers ne présentent aucune capacité de remboursement. 11 % des dossiers ont donné lieu à un plan de conciliation. Lorsqu’il y a des biens immobiliers, on étale la dette. »
Le nombre de dossiers de surendettement continue de baisser en Corrèze en 2022
Trois chiffres sur le surendettement en Corrèze
76 % des surendettés ont entre 25 à 64 ans, 53 % sont des femmes et 20 % des familles monoparentales.
22 % des déposants sont persuadés de s’en sortir seuls, 19 % éprouvent un sentiment d’échec et de honte.
50 % des dossiers sont accompagnés par un travailleur social. 42 % dépôts sont déclenchés par une accentuation des difficultés financières.
Blandine Hutin-Mercier