"Un tyran domestique" condamné pour les violences sur sa femme et ses enfants à Clermont-Ferrand
Un habitant du Puy-de-Dôme a été condamné dans le cadre d’un renvoi de comparution immédiate ce mercredi 13 mars pour des violences sur sa femme, mais également sur ses enfants.
Toute une vie dirigée, contrôlée, inspectée. Un véritable enfer sur terre, qu’a fini par dénoncer l’épouse lorsque les policiers l’ont entendue fin janvier, après un signalement de l’école, car les enfants sont en malnutrition, notamment. "En quarante ans de carrière, j’en ai vu des dossiers, mais jamais aussi triste. Il y a une atmosphère de terreur, c’est un véritable tyran domestique", constate la procureure Puechmaille.Car à la maison, c’est le prévenu de 39 ans qui commande. Pour tout. Jusqu’aux courses, où il livre très précisément ses instructions à sa compagne. Pour les enfants, le menu est strict : des boîtes de conserve, de saucisses et de gratin dauphinois. C’est tout. À raison d’une boîte pour quatre enfants par repas, qui n’ont pas droit à un goûter, "sauf chez mamie". Résultat, les enfants affamés volent des bonbons ou du pain à l’école.
Du fond de teint sur les enfants pour "masquer les bleus"Pour le couple, le menu n’est guère plus varié : escalope de poulet avec du riz.Idem pour les vêtements. Chacun de leurs quatre enfants a droit à un tee-shirt, un pantalon et un pull pour l’année scolaire. Rien d’autre.Les douches sont également chronométrées. Trois minutes, pas une de plus, pour les enfants qui doivent la prendre à plusieurs. L’épouse doit également se plier à ce temps imparti dans la salle de bains.Mais il y a des violences, aussi. Là encore, tous les membres de la famille partagent le même traitement. La mère met du fond de teint sur le visage des enfants avant d’aller à l’école pour "masquer les bleus". Un garçon qui se fait bloquer la tête sous l’eau par son père, une maman qui essuie les foudres de son mari, mécontent du nettoyage d’une manette de sa console de jeux, ou qui se fait raser la tête par son mari, constituent le quotidien de cette famille clermontoise.
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Quant au téléphone de l’épouse, il est sous contrôle parental. Elle peut recevoir des SMS, mais pas d’appel. Elle tentera à plusieurs reprises de le quitter. En vain. L’emprise et l’isolement sont trop ancrés."Je regrette d’avoir levé la main sur mon épouse et d’avoir été trop strict avec mes enfants. Mais il y a beaucoup de choses fausses", nuance ce père de famille, concédant seulement "deux claques".Du côté des parties civiles, Me Sibiaud explique "qu’elle n’a plus envie de le voir revenir et les enfants non plus".Le client de Me Chabane, Cédric Ducourtioux, est condamné à quatre ans de prison, dont un avec sursis probatoire. Il est maintenu en détention. Il a également interdiction d’entrer en contact avec sa femme et ses enfants et il est privé de son autorité parentale.
Julien Moreau