"On pousse les portes et on va voir ce qu’il y a plus loin" : dans le Cantal, le recteur découvre un collège ancré dans son territoire
Faire une visite d’établissement avec le recteur de l’académie Karim Benmiloud, c’est assister à une efficace plongée au cœur de la Châtaigneraie... voire au delà.
Tout est calibré à la minute, dans le dédale du collège des Portes du midi, à Maurs. Hier, 10 h 10, première salle : un cours de mathématiques, avec la classe mobile. Les élèves travaillent sur des ordinateurs, codent et contrôlent une souris dans un labyrinthe. Il y en a deux dans l’établissement, « une troisième va arriver », annonce la principale, Anne Lapret.
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Les échanges sont brefs. 10 h 25, l’aréopage constitué du recteur, de son directeur de cabinet, de la directrice académique des services de l’Éducation nationale dans le Cantal Marilyne Lutic, file en salle de techno où des élèves préparent le challenge Hall32 et doivent construire une petite voiture de course.Entre deux classes, Anne Lapret parle de son projet de préau puis de salles de classe pour l’anglais. Très vite, Karim Benmiloud est entraîné dans le territoire maursois, au gré des divers partenariats, et le collège se révèle être une ruche pleine d’idées et d’activités, avec ses petits particularismes locaux. Les éco-délégués travaillent avec le CPIE et le Conseil départemental pour réduire le gaspillage à la cantine et accroître le local dans l’assiette.
Ces élèves-là ont visité les éoliennes de Sousceyrac. D’autres iront à Albi voir Toulouse-Lautrec. Les troisièmes sont allés à Figeac, Decazeville. Ce n’est pas le même rectorat, « c’est notre bassin de vie, défend un enseignant. On pousse les portes et on va voir ce qu’il y a plus loin. Cela leur permet de voir des adultes qui ont eu d’autres parcours et qui ont réussi professionnellement. »
Au fil des activités présentées, la visite est exhaustive, des visages reviennent. Il y a deux duos enfant-accompagnant des élèves en situation de handicap (AESH), mais aussi une jeune porte-drapeau en tenue. Une collégienne participe à la chorale, assurée en partenariat avec l’école primaire de Cayrols, elle est également dans le dispositif Clas (Contrat local d’accompagnement à la scolarité).Deux fois par semaine, elle va, avec sept autres jeunes, au Stade maursois, avec des professionnels du monde socio-éducatif et les bénévoles du club de rugby. Certains ne sont pas nés avec le français en langue maternelle : « Cela nous aide à parler sans timidité devant les autres. »
Il le rappelle régulièrement dans la matinée : Karim Benmiloud est le premier recteur à venir depuis au moins trente ans au collège. Pour l’occasion, il fallait un peu d’extraordinaire : c’est Raphaël, en cinquième, qui s’en charge.
Le collège travaille sur la mémoire de la rafle de Maurs, le 12 mai 1944. Il en a parlé à sa mère, qui lui a confié un bel ouvrage aux lignes pleines d’une écriture fine : son arrière-grand-père avait « esquivé la mort », ce jour-là, et le raconte dans ce journal qui n’avait jamais quitté la maison familiale avant ce vendredi matin. Tant pis si la sonnerie est passée : cela valait bien un petit retard…
Pierre Chambaud